Ma belle gosse

Ma belle gosse
Titre original:Ma belle gosse
Réalisateur:Shalimar Preuss
Sortie:Cinéma
Durée:84 minutes
Date:11 septembre 2013
Note:

Maden passe les vacances d’été avec son père, ses cousins et ses tantes sur l’île de Ré. Pour cette adolescente de 17 ans, c’est surtout l’occasion de se rapprocher de Sébastien, un prisonnier de la citadelle avec lequel elle entretient un échange épistolaire depuis un certain temps. Mais puisqu’elle est mineure, elle n’a pas le droit de rendre visite à son copain qui a deux fois son âge. Elle attend donc ses lettres quotidiennes, qu’elle cache devant tout le monde sauf son confident, son cousin Vadim.

Critique de Tootpadu

A force de voir un peu partout des personnages cadrés de dos déambuler sans but, nous nous demandons si Gus Van Sant a réellement rendu un grand service au langage cinématographique en sublimant ce motif il y a dix ans dans Elephant. Le degré d’opacité qu’un tel choix esthétique implique, il faudrait en effet le remplir de quelque chose, au moins d’un ton vaguement mystérieux ou, mieux encore, d’un commentaire subtil sur les divagations existentielles d’une jeunesse sans repère. Dans le cas présent, un premier film dont la vacuité de l’histoire nous a plongé à intervalles réguliers dans un ennui profond, il n’y a rien qui justifierait cette référence visuelle au film précité, qui, lui, a su tirer profit de l’oisiveté des adolescents pour orchestrer magistralement l’explosion de violence finale. Ici, il ne se passe par contre rien, juste une minuscule engueulade entre adultes, et sinon le vide béant de quelques jours de vacances au bord de la mer sans incident particulier.

La préoccupation principale de Maden, de maintenir le contact avec son compagnon énigmatique qui n’apparaît à l’image que par l’intermédiaire d’une photo, s’avère trop mince comme prétexte pour remplir près d’une heure et demie de film. L’interaction avec ses cousins et la relation conflictuelle avec son père fournissent une structure dramatique rachitique, tout juste suffisante pour maintenir une vivacité toute relative au sein d’un récit, qui se nourrit avant tout de l’improvisation entre les comédiens pour la plupart non-professionnels. Heureusement, la sobriété de la mise en scène de Shalimar Preuss nous épargne des égarements narratifs qui auraient rendu Ma belle gosse définitivement inaccessible.

Il n’empêche que le minimalisme à l’œuvre ici, à la fois en termes de moyens financiers à la disposition de la réalisatrice et de ses choix formels, ne doit pas forcément mener à un film si exsangue. Les exemples très récents ne manquent pas, comme Le Diable dans la peau de Gilles Martinerie et Leones de Jazmin Lopez, pour montrer que, oui, il est possible de créer un ton fascinant et une ambiance à l’ambiguïté enchanteresse à partir d’un dispositif pas plus dépouillé que celui de ce drame de vacances sans point d’accès satisfaisant.

 

Vu le 20 août 2013, à la Salle Pathé Lincoln

Note de Tootpadu: