Messenger (The)

Messenger (The)
Titre original:Messenger (The)
Réalisateur:Oren Moverman
Sortie:Cinéma
Durée:113 minutes
Date:06 juillet 2012
Note:
Revenu de la guerre en Irak en héros, le sergent Will Montgomery est assigné pendant les trois derniers mois de son service à la tâche délicate de prévenir les proches des soldats tombés au combat. Formé et accompagné par le capitaine Tony Stone, Montgomery a du mal à accepter son nouveau rôle d'"ange de la mort", ainsi que sa nouvelle vie de vétéran pas encore entièrement remis de ses blessures physiques et psychologiques. Puisque sa copine d'avant la guerre Kelly s'apprête à épouser un autre homme, Montgomery cherche du réconfort auprès d'Olivia Pitterson, une veuve à laquelle il a dû annoncer l'affreuse nouvelle de la mort de son mari.

Critique de Tootpadu

Les seuls coups de feu tirés dans ce film sont ceux d'une salve lors d'un enterrement. Et pourtant, la violence de la guerre y est omniprésente. Elle pèse sur les personnage en tant qu'appréhension, de devoir annoncer une nouvelle funeste ou de la recevoir, et en tant que souvenir douloureux de faits sanglants, qui dénotent péniblement dans le cadre à peu près paisible de la patrie. La nation américaine, et avec elle son cinéma, procèdent très timidement à l'affrontement du trauma collectif de la guerre en Irak. Larvée comme une enquête policière dans Dans la vallée d'Elah de Paul Haggis ou comme un pseudo-documentaire dans Redacted Revu et corrigé de Brian De Palma, l'approche de cette guerre très récente est sensiblement plus directe et brutale dans ce premier film du scénariste Oren Moverman.
La partie la plus éprouvante du film, ce sont naturellement les six annonces de la mort au combat d'un être cher. Ces scènes et les circonstances dans lesquelles elles se déroulent sont toutes différentes. Mais elles nous ont pris à la gorge par leur charge émotionnelle immense comme peu de séquences tendues auparavant ! Chaque aspect y contribue pour transmettre au spectateur à la fois la gêne des soldats et l'effondrement moral de la famille sans le moindre artifice qui en atténuerait ou fausserait l'impact. Avant tout, la sobriété de la mise en scène garantit une pureté de l'émotion, qui peut prendre toute la mesure de l'événement aussi banal qu'atroce de la perte inattendue d'un proche. Tout le règlement et le mode opératoire mûrement étudiés par l'armée pour ce genre de situation embarrassante, afin de protéger les malheureux messagers, ne peuvent nous préparer à la catastrophe humaine qui s'abat sur eux à chaque fois. L'effet abrutissant de la répétition et de la routine ne fonctionne plus dans un tel contexte, où tout un petit édifice social s'écroule avec fracas lors de la perte du jeune porteur d'espoir.
Toutefois, The Messenger est bien plus qu'un simple générateur efficace et infaillible de larmes. Les visites funéraires ne sont en effet que le sommet émotionnel d'un malaise post-guerrier, qui va bien plus loin que ça. Faire face aux femmes, mères et pères des soldats pour les plonger dans un deuil immédiat et désespéré n'est que la partie publique des nombreux obstacles que Will Montgomery doit surmonter pour réintégrer la vie civile et tirer un trait sur les démons de la guerre, qui le tourmentent psychologiquement. L'insomnie et une attitude meurtrie dans ses rapports sociaux ne sont que quelques uns des symptômes, qui traduisent cette incapacité du protagoniste de refaire face à une vie soi-disant normale. Son partenaire Tony Stone est différemment, mais pas plus superficiellement, affecté par les séquelles d'une guerre, qui devra peser sur la psychologie collective américaine au moins aussi longtemps que celle du Vietnam.
Nous avons mentionné plus haut la sobriété du style d'Oren Moverman. Et effectivement, l'intensité et l'authenticité de la charge pénible de son film n'auraient pas pu s'abattre avec une telle force immédiate et simultanément méditative sous une forme filmique plus alambiquée. Le jeune réalisateur réussit ainsi au premier coup une œuvre marquante et essentielle dans la lente compréhension, de la part du peuple américain, de ce que la guerre en Irak lui réservera comme mauvaises surprises durables, quand le dernier soldat aura quitté depuis longtemps le terrain ennemi pour rentrer au bercail, qui ne lui apportera nullement un réconfort automatique et une absolution facile.

Vu le 9 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Les films que je vois dans le cadre du festival de Deauville me donnent de plus en plus l'impression d'assister à un festival du cinéma américain indépendant. Ce n'est pas que je m'en plaigne, mais au contraire, les films projetés ici sont des films d'excellente qualité et très bien sélectionnes par les responsables du festival.

The Messenger tire vers le haut de la sélection. L'histoire plutôt simple narre le travail de deux soldats, ayant comme mission d'annoncer aux proches du défunt la mort de celui-ci. Ce drame repose ainsi sur le jeu élabore des deux acteurs principaux Woody Harrelson et Ben Foster. Ce film est certes très lent, mais superbement filmé.

Ce film montre à quel point la guerre d'Irak influence le cinéma indépendant américain. Ce pays est en train d'exorciser ses démons via le cinéma, comme il l'a fait dans le passé pour la guerre du Vietnam (Voyage au bout de l'enfer, Porté disparu, Rambo 2). Dans les années 1980, ces films étaient d'un comique involontaire, tandis qu'actuellement les films proposés sont sérieux et mélancoliques.

Les grands studios semblent actuellement plus frileux pour aborder cette guerre de plein front. On pourra prendre en exemple récent le cas du film documentaire de Brian De Palma. Cela révèle ainsi que les grands réalisateurs doivent se tourner vers des productions indépendantes pour réussir a faire leur films sans aucune concession ...

Vu le 9 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: