Dans la vallée d'Elah

Dans la vallée d'Elah
Titre original:Dans la vallée d'Elah
Réalisateur:Paul Haggis
Sortie:Cinéma
Durée:121 minutes
Date:07 novembre 2007
Note:
Lorsque Hank Deerfield, un ancien membre de la police militaire, apprend que son fils Mike est signalé comme déserteur, il se rend à sa caserne, au Nouveau Mexique, pour le rechercher lui-même. Mike n'avait pas prévenu ses parents qu'il était rentré d'Irak en permission. Une fois sur place, Hank doit se rendre compte que ce n'était pas la seule chose qu'il ignorait sur son fils.

Critique de Tootpadu

La guerre en Irak est loin d'être terminée et Hollywood commence tout juste à s'approprier ce nouveau traumatisme collectif des Etats-Unis. Il va falloir sans doute encore attendre un certain temps, avant de voir les grandes oeuvres expiatoires sur ce conflit, si la vague de films marquants sur la guerre du Viêt Nam à la fin des années 1970 peut être considérée comme l'équivalent d'un engagement militaire tout aussi catastrophique. Les premières tentatives frileuses de la part des grands studios, de tenir compte d'une actualité dont l'issue ne paraît guère encourageante, importent néanmoins comme les témoins d'une prise de conscience, que le cinéma reflète toujours avec un décalage temporel sensible.
L'intrigue de ce film se déroule par conséquent loin du front invisible au Moyen Orient, dans le quotidien d'une base américaine auquel les jeunes vétérans paraissent incapable de s'adapter. Le message que Paul Haggis cherche à faire passer, comme d'habitude d'une façon faussement subtile, c'est que les fils d'une nation autrefois fière reviennent au pays tel des monstres, transformés et privés à jamais de leur humanité, après leur service éprouvant en Irak. Cette conclusion va finalement comme un gant à ce film qui tourne autour du pot avec un art saisissant. La quête du disparu anime en effet tout le récit, au point de placer la recherche au coeur du film. Le résultat ne fera que confirmer les pires craintes du père, mais c'est justement l'acte même d'enquêter, avec l'aide d'un flair acquis grâce au travail pour l'armée, qui démontrera l'absurdité de sa tentative d'appropriation des démons d'une autre génération.
La mise en scène de Haggis épouse un rythme très convenable pour ce genre de film presqu'introspectif. En dehors de la trame classique de l'enquête policière, enrichie artificiellement par la concurrence entre les forces de l'ordre civiles et militaires, et quelques moments d'une lourdeur déplaisante (la femme au chien et l'histoire de David), il ne se passe à première vue rien de notable. Sauf que cette forme expectative permet à suivre, sans pathos, la lente descente aux enfers d'un père meurtri.
L'atout majeur du film est sans conteste l'interprétation bouleversante de Tommy Lee Jones, le genre de tour de force dont on savait cet acteur aguerri capable, mais que ses choix de rôle rendaient de moins en moins probable. Face à cette prestation excellente, le reste de la distribution fait pratiquement de la figuration, à commencer par Charlize Theron qui paraît pour une raison inconnue constamment au bord des larmes. C'est Jones qui gouverne le film du début à la fin et c'est lui qui donne un visage, désabusé et rempli d'une colère sourde, aux milliers de parents qui ont perdu leurs enfants à cause de cette guerre insensée.

Vu le 23 octobre 2007, à la Salle Warner, en VO

Note de Tootpadu: