Redacted Revu et corrigé

Redacted Revu et corrigé
Titre original:Redacted Revu et corrigé
Réalisateur:Brian De Palma
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:20 février 2008
Note:
En 2006, une division de soldats américains est affectée au contrôle des barrages de Samarra, en Irak. Parmi eux, Angel Salazar, qui espère que les portes des écoles de cinéma aux Etats-Unis lui seront ouvertes, grâce au journal qu'il tient en vidéo. Il filme le quotidien de ses camarades Lawyer McCoy et Gabe Blix, B.B. Rush et Reno Flake. Un jour, ces deux derniers décident de retourner dans la maison d'un homme, qu'ils ont arrêté peu de temps auparavant, pour violer sa fille de quinze ans. Alors que Blix refuse de participer à cette sortie illégale, McCoy et Salazar s'y joignent, le premier pour assurer les arrières de ses camarades et essayer de les dissuader, le deuxième pour enregistrer cet aspect peu reluisant de la vie des soldats en Irak.

Critique de Tootpadu

L'histoire se répète. Pas seulement celle avec un grand "h", celle des guerres sans fin, qui sont toujours déclenchées pour des luttes de pouvoir et d'intérêt et qui laissent la population civile invariablement exsangue. Mais aussi celle de Brian De Palma, qui raconte en somme ici la même histoire que dans son film antérieur Outrages, tout en renouant avec ses origines indépendantes et tributaires d'une impression d'improvisation forte.
L'intrigue assez basique sur l'ennui et la déchéance des inhibitions en temps de guerre sert ici de base à une étude ambitieuse, mais pas forcément concluante, sur la force des images. Chaque plan du film relève ainsi d'un dispositif d'enregistrement désigné avec précision, que ce soit le journal de Salazar, le documentaire fictif français sur le rôle du barrage, le journal télévisé d'une chaîne arabe, les différentes vidéos diffusées sur le web, de la part des terroristes ou des blogueurs, ou bien les enregistrements des caméras de surveillance, à l'entrée du campement et lors des entretiens d'enquête officiels. De cette bouillie visuelle, quelques idées et observations intéressantes se dégagent, certes. Mais son impact, d'un point de vue dramatique, ou comme critique de nos modes de représentation et de communication contemporains, reste bien trop vague et diffus pour interpeller réellement.
Au fond, Brian De Palma se rend la tâche peut-être trop facile, avec son emploi d'une musique classique émotionnellement tonitruante pour souligner l'absurdité et l'horreur de la guerre, notamment en fond sonore platement accusateur de la série de photos finale. Et puis, la cacophonie des dispositifs visuels n'arrive jamais à une conclusion plus subtile, que les éternels constats sur les bêtes de guerre américaines, pour lesquels il faut prendre le mot "bête" au sens littéral, et l'atrocité de la guerre, de tous points de vue.

Vu le 28 janvier 2008, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Brian De Palma est un de ces grands réalisateurs américains capables du meilleur (Scarface, Blow out, Les Incorruptibles, L'Impasse), comme du pire (Mission to Mars, L'esprit de Cain, Snake Eyes). Ces derniers films montrent que De Palma est sur le déclin et que ses films sont de moins en moins attendus. Certes, Le Dahlia noir est un film intéressant, mais qui n'a pas la force d'un L.A. Confidential. Son dernier film, Redacted, n'est pas à vraiment dire un film commercial (lapsus révélateur), mais plutôt un film d'art et d'essai, digne d'un élève d'arts et spectacle de fin d'année.

Le film raconte une histoire fictive, inspirée de faits réels. C'est une expérience unique, comme le signale son réalisateur, qui nous obligera à réexaminer de manière radicale les filtres à travers lesquels nous voyons et acceptons les événements mondiaux, le pouvoir de l'image médiatisée et l'influence exercée par la présentation des images sur ce que nous pensons et ce que nous croyons.

Redacted se concentre sur un petit groupe de soldats américains en garnison à un poste de contrôle en Irak. La succession de points de vue différents permet de confronter l'expérience de ces jeunes hommes sous pression, de journalistes et collaborateurs des médias avec celle de la communauté irakienne locale, afin de faire la lumière sur les conséquences désastreuses que le conflit actuel et leur rencontre fortuite ont eues sur chacun d'entre eux.

Nous avons de la chance que ce film ne dure qu'une heure et demie et le temps semble assez long pendant tout ce pseudo documentaire. En effet, Brian de Palma n'est pas Oliver Stone et il n'a pas comme ce dernier couvert la guerre du Vietnam en tant que journaliste. Certes, ce documentaire pourra facilement être casé dans la programmation de arte, mais ce que cherche tout spectacteur lorsqu'il va au cinéma, c'est de voir une vraie oeuvre et non un simple casse-tête cinématographique.

Un film sur ce qui s'est passé en Irak pendant cette guerre est bien sûr à faire, mais Brian De Palma est passé à côté de son sujet.

Vu le 15 janvier 2008, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: