Cove La Baie de la honte (The)
Titre original: | Cove La Baie de la honte (The) |
Réalisateur: | Louie Psihoyos |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 30 septembre 2009 |
Note: | |
Dans les années 1960, Ric O'Barry était un des entraîneurs du dauphin Flipper, pour le feuilleton télévisé très populaire du même nom. Mais après la fin de la série, il s'était rendu compte à quel point ce mammifère hautement intelligent n'était pas fait pour vivre en captivité. Tandis que des parcs aquatiques ouvraient aux quatre coins du monde, O'Barry s'est employé à libérer autant de dauphins que possible. Cet activiste a rencontré son défi le plus crucial dans une baie cachée de Taiji, une petite ville côtière au Japon qui donne d'emblée l'impression qu'elle serait un temple des dauphins et des baleines, avec son musée et ses statues omniprésentes. Pourtant, chaque année 23 000 dauphins sont sauvagement massacrés dans une crique à l'abri des regards du public. Les pêcheurs locaux, soutenus par les autorités locales, voire nationales, y font tout pour empêcher l'arrêt de leur activité cruelle.
Critique de Mulder
Rarement un documentaire n'avait dégagé une telle force émotionnelle sur nos écrans ! Le réalisateur Louie Psihoyos nous montre la vérité à l'état brut et sans aucune concession du massacre des dauphins dans la baie de Taiji au Japon. Les pêcheurs japonais massacrent ainsi les milliers de dauphins, qu'ils n'arrivent pas à vendre aux parcs aquatiques.
Cet excellent documentaire montre que les autorités japonaises souhaitant faire taire la vérité sur ce massacre et qu'elles sont prêtes à toutes les bassesses imaginables. Le but du réalisateur est de nous interpeller et de faire en sorte que la vérité soit enfin révélée. Grâce à une équipe devouée, il met tout en œuvre, en s'appuyant sur la technologie la plus développée et sur la spécialisation de chaque membre de son équipe : responsables des effets spéciaux, plongeurs confirmés, surfers, ...
Non seulement le réalisateur dénonce ce massacre à travers un vrai travail de journalisme, mais surtout il nous fait découvrir un grand homme, Richard O'Barry, défenseur des cétacés. A travers ce très beau et émouvant documentaire, EuropaCorp montre que Luc Besson est capable de distribuer de vrais films. Loin des productions EuropaCorp formatées pour plaire au public de banlieue, cette oeuvre montre que cette compagnie est capable de proposer de grandes œuvres.
Nous conseillerons à tous les spectateurs de rester jusqu'à la fin du générique, afin de ne rater aucune scène. Ce documentaire s'impose donc comme le meilleur "Documentaire de l'oncle Sam" de cette cuvée 2009 du Festival de Deauville !
Vu le 12 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Mulder:
Critique de Tootpadu
Depuis quelque temps déjà, les documentaires se multiplient qui militent pour la préservation des océans, cette réserve naturelle immense que l'homme a tendance à négliger puisqu'il ne peut pas y subsister. Le plus souvent, ces films adoptent une approche un peu niaise, comme pour dire, regardez la beauté du monde sous-marin, ne serait-il pas dommage de le perdre pour toujours. Aussi informatifs et jolis à regarder ces documentaires, comme récemment Voyage sous les mers 3D des frères Mantello ou bientôt Océans de Jacques Perrin, soient-ils, leur manière douce de présenter les choses n'est guère susceptible de réellement faire bouger quoique ce soit. The Cove La Baie de la honte est par contre un coup de poing salutaire, c'est-à-dire douloureux et lucide, qui mène un combat semblable à celui de Rob Stewart pour les requins dans Les Seigneurs de la mer, avec des moyens infiniment plus percutants et efficaces !
Le parcours proprement tragique de Ric O'Barry opère comme toile de fond pour cet excellent documentaire, qui s'approprie le style américain de la transmission des informations et l'enrichit d'une tension digne des meilleurs thrillers, ainsi que d'un impact émotionnel qui ne laissera personne indifférent. Grâce à une transformation complète comparable à celle de l'apôtre Paul, Ric O'Barry, anciennement un complice consentant de l'exploitation des dauphins, est devenu une sorte de forcené de leur libération. Sa prise de conscience du sort atroce infligé aux dauphins en captivité, et du rôle initial qu'il y a joué en contribuant au phénomène populaire de Flipper, a fait de lui un activiste hors pair. Intransigeant et noble, Ric O'Barry mène sa croisade à sa manière, conscient du rapport disproportionné des forces entre les activiste et les intérêts économiques et sociaux des pêcheurs et autres parcs d'attractions. Ce documentaire s'inscrit dans sa démarche, qui se focalise actuellement sur la baie de Taiji, un endroit plus symbolique que réellement crucial pour la survie et le respect de la faune marine. Cependant, son raisonnement se tient, puisque si l'opinion publique et l'indignation générale, que The Cove La Baie de la honte devrait provoquer, n'aboutissent pas à l'arrêt de l'activité archaïque, criminelle et simplement inhumaine des pêcheurs de Taiji, rien ne sera fait non plus à un niveau plus global.
Pour soutenir le combat de l'ancien dresseur de dauphins, le réalisateur Louie Psihoyos n'a pas lésiné sur les moyens. L'envergure de la mission d'enregistrement et par la suite de dénonciation se reflète dans l'emploi sagace des moyens filmiques. Son pamphlet cinématographique de premier ordre alterne admirablement entre la dénonciation sans fard et sans complaisance du massacre des dauphins et des machinations abjectes qui le permettent toujours, et l'évocation presque aléatoire, mais néanmoins probante, de la supériorité en termes d'évolution de ces mammifères marins. Louie Psihoyos procède certes d'une façon quelque peu tendancieuse, en laissant largement de côté le point de vue des pêcheurs, apparemment point enclins à se soumettre à une dissection médiatique. Mais en même temps, les pratiques horrifiantes de la baie de Taiji se refusent à toute tentative de dialogue ou de justification raisonnée.
Elles sont davantage symptomatiques du versant sombre de la nature humaine, qui nous pousse à exploiter notre planète et à la piller de ses ressources comme si ces dernières existaient en un nombre illimité. Ce qui se passe à partir de chaque mois de septembre au Japon est évidemment choquant. Mais ce documentaire exemplaire se garde bien de pointer bêtement du doigt la vilaine société japonaise. Il retranscrit plutôt d'une manière tout à fait passionnante le combat, pragmatique, ingénieux et hélas quelque peu résigné, des mercenaires des temps modernes, contre une politique au sens large, qui ne se base nullement sur le respect du monde dans lequel nous vivons tant bien que mal.
Vu le 31 août 2009, à la Salle Pathé Lamennais, en VO
Revu le 12 septembre 2009, au C.I.D., Deauville, en VO
Note de Tootpadu: