L’acteur et activiste humanitaire allemand Karlheinz Böhm est décédé avant-hier près de Salzbourg. Il était âgé de 86 ans. Rendu internationalement célèbre par son rôle de l’empereur François-Joseph d’Autriche aux côtés de Romy Schneider dans les trois films de Sissi, Böhm avait par la suite connu un certain succès dans des films anglophones comme Le Voyeur de Michael Powell, avant de renouer avec le cinéma allemand dans des films de Rainer Werner Fassbinder.
Après avoir fait ses débuts au théâtre en Autriche à partir de la fin des années 1940, Karlheinz Böhm avait tenu ses premiers rôles au cinéma dans des films comme Mandragore, Le Gueux invétéré et Le Soleil de Saint-Moritz de Arthur-Maria Rabenalt. En 1955, il décroche le rôle qui allait le rendre célèbre jusqu’à ce jour, celui de l’amant et puis du mari de Sissi dans le film du même nom, suivi par Sissi impératrice et Sissi face à son destin, tous les trois réalisés par Ernst Marischka. En parallèle, il était également à l’affiche, entre autres, de Vacances au Tyrol de Geza von Radvanyi, Sérénade pour trois amours de Ernst Marischka, Cour martiale de Kurt Meisel et Le Coquin et le bon dieu de Axel von Ambesser.
Après ce début de carrière fort honorable dans le cinéma allemand, Karlheinz Böhm avait tenté de percer sous le nom de Carl Boehm dans des films anglais et américains comme La Blonde et les nus de Soho de Terence Young, Le Voyeur de Michael Powell, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse de Vincente Minnelli, Le Monde merveilleux des contes de Grimm et Les Filles de l’air de Henry Levin, ainsi que Minuit sur le grand canal de Jerry Thorpe. Plutôt désœuvré du côté du cinéma, Böhm était ensuite retourné au théâtre, avant sa rencontre avec le réalisateur Rainer Werner Fassbinder, avec lequel il allait collaborer dans quatre films : Martha, Effi Briest, Le Droit du plus fort et Maman Küsters s’en va au ciel.
La vie de Karlheinz Böhm a radicalement changé suite à son apparition dans une émission de télé très populaire en Allemagne au mois de mai 1981. Touché par la pauvreté en Afrique, l’acteur y avait parié que même pas un tiers des téléspectateurs allait donner la somme symbolique d’un mark pour lui permettre de démarrer une action humanitaire. Même si la générosité du public était restée en dessous des attentes, Böhm avait réussi à récolter plus d’un million de marks, tournant alors définitivement le dos à son métier de comédien. Pendant les trente ans suivants, il s’est engagé corps et âme dans son projet humanitaire en Ethiopie, récoltant au fil du temps plus de trois cents millions d’euros, de l’argent investi pour la construction d’écoles, de puits, d’hôpitaux et la fertilisation des terres.