L’acteur, écrivain, et réalisateur français Bernard Giraudeau est décédé avant-hier à Paris, des suites d’un cancer contre lequel il se battait depuis dix ans. Il était âgé de 63 ans. Une des figures incontournables du cinéma français des années 1980 et ’90, Giraudeau n’avait jamais cessé de surprendre et de mettre mal à l’aise son public, à la fois au cinéma et au théâtre, avec son choix de rôles pour le moins éclectique. Dans la vraie vie, il relayait ses aventures d’éternel vagabond dans des romans de voyages, comme « Le Marin à l’ancre » et « Cher amour ».
La carrière cinématographique de Bernard Giraudeau avait commencé plutôt timidement dans les années 1970, avec des seconds rôles dans des films comme Deux hommes dans la ville et Le Gitan de José Giovanni, La Poursuite implacable de Sergio Sollima, Le Juge Fayard dit le Shérif de Yves Boisset, Bilitis de David Hamilton, Et la tendresse ? Bordel ! de Patrick Schulmann, Le Toubib de Pierre Granier-Deferre, La Boum de Claude Pinoteau, et Viens chez moi, j’habite chez une copine de Patrice Leconte.
Les années 1980 allaient voir Bernard Giraudeau embrasser des rôles plus ambitieux, à commencer par Passion d’amour de Ettore Scola, et ensuite dans Croque la vie de Jean-Charles Tacchela, Le Grand pardon de Alexandre Arcady, Hécate de Daniel Schmid, Le Ruffian de José Giovanni, Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, Rue Barbare et Les Longs manteaux de Gilles Béhat, Les Spécialistes de Patrice Leconte, Poussière d’ange de Edouard Niermans, L’Homme voilé de Maroun Bagdadi, et Vent de panique de Bernard Stora.
La décennie suivante était en quelque sorte celle de la consécration pour l’acteur, d’abord parce qu’il y était passé brillamment à la réalisation avec L’Autre, un des épisodes de Contre l’oubli, et Les Caprices d’un fleuve. Mais surtout parce qu’il la terminait tout en beauté en 1999, avec un coup double d’interprétations magistrales dans Gouttes d’eau sur pierres brûlantes de François Ozon et Une affaire de goût de Bernard Rapp. Auparavant, il était à l’affiche de La Reine blanche et Marthe de Jean-Loup Hubert, Après l’amour de Diane Kurys, Une nouvelle vie de Olivier Assayas, Le Fils préféré de Nicole Garcia, Ridicule de Patrice Leconte, et Marquise de Véra Belmont.
Pendant les dix dernières années de sa vie, Bernard Giraudeau était moins présent sur les écrans, entre autres à cause de sa maladie, qui s’était déclarée dès l’an 2000 avec un cancer des reins, qui avait conduit à l’ablation du rein gauche. On a néanmoins pu le voir encore dans Ce jour-là de Raoul Ruiz, La Petite Lili de Claude Miller, Les Marins perdus de Claire Devers, Je suis un assassin de Thomas Vincent, et Chok-dee de Xavier Durringer.
Bernard Giraudeau avait été nommé à cinq reprises aux Césars : trois fois comme Meilleur acteur dans un second rôle pour Le Toubib, Le Fils préféré et Ridicule, une fois comme Meilleur acteur pour Une affaire de goût, et une fois dans la catégorie du Meilleur premier film pour L’Autre. Il était marié à l’actrice Anny Duperey.