Alien³

Alien³
Titre original:Alien³
Réalisateur:David Fincher
Sortie:Cinéma
Durée:115 minutes
Date:26 août 1992
Note:
Un incendie se déclare à bord du Sulaco, la navette spatiale qui est censé ramener le Lt. Ellen Ripley et les autres rescapés de la planète LV-426 sur terre. Une capsule de sauvetage se détache et s'écrase sur la planète Fiorina 161, tuant tous les occupants sauf Ripley. Cette dernière est recueilli par les seuls habitants, une poignée d'anciens criminels dangereux, qui exploitent la fonderie de la prison délabrée. Alors que la présence d'une femme remue la communauté d'hommes ordonné par des valeurs religieuses, c'est la découverte de l'alien qui crée la panique. Ripley veut le détruire une fois de plus, avant qu'une équipe de sauvetage de la compagnie n'arrive sur la planète.

Critique de Tootpadu

Le montage d'un film, lorsqu'il est bien fait, ne se fait guère remarquer, mais il apporte un rythme organique à la narration qui porte l'histoire sur toute sa durée. Le montage d'un film, lorsqu'il est mal fait, attire toute l'attention du spectateur sur lui, soit parce qu'il constitue la pièce centrale du style de réalisateurs comme Michael Bay ou Tony Scott, soit parce qu'il décompose le flux des images d'une façon irrémédiablement, et hélas involontairement, perturbante. Evidemment, la perception des aléas du montage relève d'une appréciation très subjective sur ce qui fonctionne et ce qui capote dans ce domaine. En guise d'exemple, disons que le montage de ce troisième volet de la saga des aliens se place du côté du mauvais, voire du très mauvais.
Ceci dit, le scénario n'apporte pas non plus une base suffisamment solide pour permettre au récit d'atteindre un degré de densité satisfaisante. Une coupure sévère s'est en effet opérée entre les deux premiers films, de Ridley Scott et de James Cameron, deux oeuvres phares indiscutables du genre, et ce film cube, pourtant désagréablement creux à l'intérieur, et son successeur qui aura recours à des aberrations scénaristiques encore plus effarantes. Dans le cas présent, le thème de l'alien est à peine enrichi. Après la menace palpable d'Alien le huitième passager et l'action survoltée d'Aliens - Le Retour, le seul aspect de cet univers inquiétant qui progresse est la figure maternelle, dont Ripley revêt une nouvelle facette. Mais le reste de l'intrigue, un assemblage diforme entre le film de prison et une chasse à la bête bâclée, ne fait guère le poids.
On serait tenté d'imputer cet échec mou et ennuyeux d'une façon simplement inadmissible au réalisateur, un David Fincher alors au début de sa carrière hollywoodienne. Mais la genèse tourmentée du film et, surtout, le désaveu véhément de Fincher placent Alien³ sur le terrain inhospitalier de l'orphelinat artistique. Qui est donc responsable pour le choix très restreint des échelles de plan (les plans rapprochés et les contre-plongées pullulent) ? Contre qui rouspéter à cause des coupes maladroites et du rythme très bancal ? Et que faire avec une bande originale bruyante, à la limite de l'agacement ?
Face à un film sans réelle raison d'être, toutes ses questions doivent rester sans réponse. Et ce n'est pas le soupçon qu'il y a quelque part dans ce désordre frustrant une histoire prometteuse qui va nous réconcilier avec un film d'action qui échoue même dans les passages obligés les plus conventionnels du genre (la vue subjective de l'alien qui casse invariablement le rythme de la grande chasse finale) !

Revu le 29 décembre 2006, à la Cinémathèque Française, Salle Jean Epstein, en VO

Note de Tootpadu: