Blue Beetle

À une époque où le paysage des super-héros est de plus en plus encombré de récits alambiqués et de suites qui ne parviennent plus à capturer l'essence de leur matériau d'origine, Blue Beetle émerge comme une bouffée d'air frais, insufflant au genre un mélange unique de richesse culturelle, de commentaire social. Dirigé par le talentueux réalisateur Angel Manuel Soto, dont le précédent travail sur le drame indépendant Charm City Kings, acclamé par la critique, a démontré son talent pour capturer des expériences humaines authentiques, Blue Beetle apporte un sens de la vie, de la joie et de l'éclat qui a manqué aux récentes sorties de super-héros.

Au cœur de Blue Beetle se trouve le parcours de Jaime Reyes (Xolo Maridueña), un jeune Américain d'origine mexicaine diplômé de l'université qui navigue dans les méandres du début de l'âge adulte. Ce qui différencie Jaime du protagoniste de super-héros typique, c'est son lien indéfectible avec la famille, un thème puissant qui occupe une place centrale dans le récit. Contrairement aux justiciers solitaires généralement associés au genre, le parcours de Jaime est intrinsèquement lié aux liens qu'il partage avec sa famille mexico-américaine très unie, ce qui renverse le trope traditionnel du super-héros et offre un changement rafraîchissant par rapport à la norme.

En devenant le porteur accidentel d'un ancien scarabée extraterrestre, Jaime est doté d'incroyables pouvoirs qui le transforment en Blue Beetle. Cependant, ce ne sont pas seulement ses nouvelles capacités qui définissent son histoire ; c'est le soutien indéfectible de sa famille, son amour inébranlable et sa détermination féroce qui ajoutent de la profondeur et de la résonance émotionnelle à son personnage. La mise en scène de Ángel Manuel Soto capte habilement l'interaction dynamique de la famille Reyes, représentée par un ensemble exceptionnel de comédiens, avec Damián Alcázar et Elpidia Carrillo dans le rôle des parents de Jaime, Belissa Escobedo dans celui de sa sœur Milagro, à l'esprit vif, et George Lopez dans celui de l'attachant et excentrique oncle Rudy. Leurs interactions sont authentiques, réconfortantes et souvent hilarantes, ancrant le film dans une expérience humaine réaliste.

Si Blue Beetle embrasse ses origines de super-héros, il s'aventure également en terrain inconnu en abordant des questions sociales pertinentes et d'actualité. Le film présente une exploration nuancée de l'embourgeoisement, des disparités économiques et de la cupidité des entreprises à travers le prisme de Kord Industries, une puissante entité responsable de la perturbation du quartier très uni de la famille Reyes. Le conflit entre la résilience de la famille et les forces de l'embourgeoisement ajoute des couches de complexité au récit, élevant le film au-delà du simple spectacle et fournissant une toile de fond à l'action qui suscite la réflexion.

L'interprétation charismatique de Jaime Reyes par Xolo Maridueña capture l'essence d'un jeune héros qui doit faire face à sa double identité. Maridueña navigue habilement dans le parcours émotionnel du personnage, du choc initial de l'acquisition de capacités surhumaines à l'acceptation finale de son rôle de protecteur. Son alchimie avec la Jenny Kord (Bruna Marquezine, révélationdu film) ajoute une touche de romantisme, bien que le rythme de leur relation semble parfois précipité au milieu de la narration plus large.

L'un des éléments marquants du film est sa célébration de la culture latino-américaine, tissée de manière transparente dans la trame de l'histoire. Soto intègre avec art les références culturelles, la langue et les traditions, créant un environnement immersif et authentique qui trouve un écho auprès du public. Ce souci du détail va au-delà de la représentation superficielle, insufflant au film une richesse qui renforce son impact global.

Sur le plan visuel, Blue Beetle impressionne par ses effets pratiques méticuleusement conçus et ses séquences d'action bien chorégraphiées. Le costume de Blue Beetle, bien qu'il frôle parfois la maladresse, témoigne d'un niveau de savoir-faire qui ajoute à l'attrait du personnage. La formation en arts martiaux de Maridueña transparaît dans sa performance dynamique, ce qui renforce l'authenticité de ses scènes d'action. De plus, les effets CGI du film sont généralement bien exécutés (cela change des nombreuses autres adaptations cinématographiques de l’univers DC), contribuant au spectacle général sans éclipser le cœur émotionnel du récit.

Si Blue Beetle excelle dans de nombreux domaines, il n'est pas exempt de défauts mineurs. Le rythme oscille parfois entre des moments familiaux légers et des séquences d'action plus intenses, ce qui entraîne des changements de tonalité occasionnels. L'interprétation de Victoria Kord par Susan Sarandon, bien que convaincante, vire parfois à la caricature, ce qui diminue l'impact des motivations de son personnage. On note aussi de trop nombreuses ressemblances avec des films de l’univers cinématographique Marvel comme notamment Iron Man mais aussi des scènes rappelant les adaptations de Spider-man au cinéma. 

Dans un paysage dominé par des franchises lassantes et des suites peu inspirées, Blue Beetle témoigne du potentiel du genre super-héroïque à offrir des récits frais et captivants. Il incarne l'essence de l'héroïsme, qu'il soit surhumain ou quotidien, et célèbre la famille, l'unité et la résilience. Même si le film ne réinvente pas complètement la roue des super-héros, son engagement sincère en faveur de la représentation culturelle, du commentaire social et de la narration authentique en fait un ajout louable et agréable au genre. Blue Beetle nous rappelle que les héros se présentent sous toutes les formes et qu'il suffit parfois d'une touche de couleur, d'une pointe d'humour et d'une dynamique familiale sincère pour capturer le véritable esprit de l'héroïsme.

Blue Beetle
Réalisé par Ángel Manuel Soto
Écrit par Gareth Dunnet-Alcocer
D'après les personnages de DC
Produit par John Rickard, Zev Foreman
Avec Xolo Mariduena, Adriana Barraza, Damián Alcazar, Elpidia Carrillo, Becky G, Bruna Marquezine, Raoul Max Trujillo, Susan Sarandon, George Lopez, Belissa Escobedo, Harvey Guillen
Directeur de la photographie : Pawel Pogorzelski
Montage : Craig Alpert
Musique : Bobby Krlic
Sociétés de production : DC Studios, The Safran Company
Distribué par Warner Bros. Pictures
Date de sortie : 16 août 2023 (France), 18 août 2023 (Etats-Unis)
Durée : 127 minutes

Vu le 16 août 2023 au Gaumont Disney Village, Salle Imax place E19

Note de Mulder: