Avatar la voie de l'eau

Il aura donc fallu attendre treize années pour pouvoir découvrir le nouveau chef d’œuvre de James Cameron. Rares sont les réalisateurs possédant une telle capacité à transcender l’essence même du cinéma pour proposer une véritable expérience cinématographique. Tel un orfèvre façonnant son œuvre afin de la rendre parfaite, James Cameron a conçu l’univers d’Avatar comme un reflet de notre société et vers quoi elle devrait tendre pour rester en harmonie avec la nature et ce n’est donc pas un hasard fortuit si l’essence même de ce film est l’opposition entre ceux qui défendent et comprennent qu’il faut respecter la nature pour retarder la fin de notre société inexorable voire perpétrer la longue continuité de notre évolution. Il serait intéressant pour mieux appréhender Avatar : La voie de l'eau de voir l’évolution de la cinématographie de ce grand réalisateur passionné de cinéma, virtuose de la mise en scénariste et scénariste émérite.

 De son premier film Piranha 2 : Les tueurs volants (Piranha II: The Spawning) (1983) à Avatar : La voie de l'eau (Avatar the way of water), James Cameron aura démontré de véritables qualités de conteurs et un don unique pour créer des univers de science-fiction que cela soit l’univers de Terminator (Terminator (1984) et Terminator 2 : Le Jugement dernier (Terminator 2: Judgment Day) (1991)), Abyss (1989), Aliens le retour (Aliens) (1986) en passant par le remake d’un film français survitaminé (True Lies (1994) et par le magistral Titanic (1997) qui reste un pari humain et financier énorme pour devenir l’un des plus importants box-office mondial de tous les temps et salué par onze Oscars amplement mérités. Pourtant loin de se reposer et de jouer la carte de la facilité, James Cameron a sorti en 2009 Avatar (3 Oscars et plus gros succès mondial de tous les temps) et nous propose maintenant de découvrir sa suite. 

L’action de ce second film reprend plus de dix ans après les événements du premier film et nous découvrons ainsi l'histoire de la famille Sully (Jake, Neytiri et leurs enfants) et les problèmes qu’ils traversent et les efforts qu'ils déploient pour se protéger mutuellement. Ils devront mener de nombreux combats pour rester en vie dans ce nouveau film et traverser ensemble de nombreuses tragédies tandis que les humains après avoir été battus et renvoyés sur terre sont de retour sous la forme de leurs clones Na’vis. Cette nouvelle aventure transcende le premier volet et nous montre comment James Cameron et les scénaristes Rick Jaffa et Amanda Silver ont trouvé la meilleure approche possible pour prolonger les aventures de Jake et Neytiri et ici également de leurs enfants pour construire à la manière de George Lucas un univers tangible dans lequel la science-fiction, le film d’aventure et le fantastique co-existe à la perfection.

James Cameron montre une nouvelle fois qu’il est fidèle à ses collaborateurs et on retrouve ainsi de nombreux comédiens du premier volet prêtant leur voix aux personnages principaux (Sam Worthington, Zoe Saldaña, Sigourney Weaver, Stephen Lang) mais aussi de nouveaux comme Kate Winslet. Le scénario permet aux personnages d’avoir une véritable identité et on apprécie de nouveau que James Cameron place au centre du récit des thématiques fortes comme la famille, la protection de la nature et surtout le danger que peut représenter l’homme envers non seulement ses semblables mais aussi pour tout un écosystème. Les nombreuses scènes sous-marines et la faune sont dépeintes avec grand soin et force le respect par son discours honnête et important.

 Loin de proposer un blockbuster mécanique et sans réelle âme, James Cameron montre une nouvelle fois qu’il est un visionnaire et un précurseur révolutionnaire dans l’évolution du cinéma. Il démontre que pour lui l’utilisation des nouvelles technologies doivent servir à rendre encore plus crédible l’histoire qui est contée. A l’inverse de nombreux blockbusters de Disney jouant trop souvent la facilité et utilisant des histoires simplistes et souvent revisitant des histoires déjà connues, le cinéma se doit d’être sans cesse dans la création et proposer quelque chose de nouveau constamment. A l’écoute de son public, James Cameron est un perfectionniste et son nouveau film pourrait servir comme modèle de ce à quoi devrait correspondre un blockbuster pas seulement un simple produit mais une réelle création artistique.

Ce soin se ressent également dans la musique qui joue ici un rôle crucial dans le récit et qui permet aux spectateurs de s’immerger totalement dans l’univers de la planète Pandora. Le compositeur Simon Franglen témoigne une nouvelle fois de son génie artistique et sa musique de plus de trois heures est omniprésente et nécessaire pour donner vie à ce film qui s’impose comme l’événement cinématographique de cette année et surtout comme une date importante dans l’histoire du cinéma. 

Un cinéma novateur tourné vers l’avenir, un voyage sensoriel mémorable et surtout une nouvelle preuve indéniable qu’un film se doit d’être vu et partagé sur grand écran. L’attente fut certes très longue mais le résultat est une preuve indéniable que James Cameron est un visionnaire, un réalisateur surdoué et surtout un perfectionniste qui aime le cinéma et qui veut constamment le pousser vers l’avenir. On attend donc maintenant avec une réelle impatience la suite et on se doute que l’univers d’Avatar a encore de nombreuses surprises à nous proposer. On en trépigne d’impatience.

Avatar : La voie de l'eau
Réalisé par James Cameron
Scénario de James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver
Histoire par James Cameron, Rick Jaffa, Amanda Silver, Josh Friedman, Shane Salerno
D'après les personnages de James Cameron
Produit par James Cameron, Jon Landau
Avec Sam Worthington, Zoe Saldaña, Sigourney Weaver, Stephen Lang, Kate Winslet
Directeurr de la photographie : Russell Carpenter
Montage : Stephen E. Rivkin, David Brenner, John Refoua, James Cameron
Musique : Simon Franglen
Sociétés de production : Lightstorm Entertainment, TSG Entertainment
Distribué par 20th Century Studios
Date de sortie : 14 décembre 2022 (France), 16 décembre 2022 (Etats-Unis)
Durée du film : 192 minutes

Vu le 8 décembre 2022 au Pathe Beaugrenelle salle Dolby

Note de Mulder: