Reminiscence

On ne redira jamais l’importance du Cinéma dans notre société actuelle. Alors que depuis plus d’un an nous vivons dans une pandémie mondiale qui ne cesse de se prolonger, nous espérons encore retrouver notre vie d’avant. Que cela soit la disparition de personnes importantes à nos yeux ou le fait d’avoir l’impression de perdre jour après jour notre confiance dans de meilleurs jours, le film Réminiscence arrive à un moment charnière de notre vie. Un tel film n’aurait pas résonné de la même manière si on l’avait vu il y a deux ans car nous ne nous rendions pas compte du bonheur que nous vivions alors. La pandémie de la covid 19 a changé à jamais notre perception du monde en nous disant que nous avons la chance d’être encore debout alors qu’une partie de nous semble mourir à petit feu. 

La scénariste et réalisatrice Lisa Joy nous propose avec Reminiscence un premier film passionnant et chargé en émotions notamment grâce à un duo de comédiens fonctionnant à merveille et composé de la superbe Rebecca Ferguson et du comédien surdoué Hugh Jackman. Il s’agit du second film dans lequel ces comédiens forment un couple après le magnifique et inoubliable The Greatest Showman (2017). Certes Reminiscence ne plaira pas à tous notamment par son tempo décousu et par quelques hésitations sur le sens réel à donner au film pourtant il réussira à nous captiver et nous fera comprendre que la vie ne vaut d’être vécu qu’en présence des êtres qui donnent réellement un sens à notre vie.

Nous découvrons ainsi Nick Bannister (Hugh Jackman), un détective privé de l'esprit qui navigue dans le monde sombrement séduisant du passé en aidant ses clients à accéder aux souvenirs perdus. Vivant en marge de la côte engloutie de Miami, sa vie est bouleversée à jamais lorsqu'il accepte une nouvelle cliente, Mae (Rebecca Ferguson). Une simple affaire d'objets perdus et trouvés se transforme ainsi en une dangereuse obsession. Alors que Bannister se bat pour découvrir la vérité sur la disparition de Mae, il met au jour une violente conspiration . La complexité du scénario de Reminiscence rappellera à certains l’univers de la série culte de science-fiction Westworld. Ce n’est pas un hasard fortuit car la réalisatrice et scénariste Lisa Joy est principalement connue pour être la cocréatrice, scénariste, réalisatrice et productrice exécutive de cette série de HBO.  Elle retrouve ainsi Thandiwe Newton et Cliff Curtis avec qui elle avait collaboré sur cette série

De la même manière, le scénario habilement écrit de Lisa Joy mélange intelligemment le néo polar au film de science-fiction. Le contraste qui en ressort ajoute un charme indéniable au film surtout que la réalisatrice et scénariste a particulièrement soignée l’ambiance de son film en évitant de noyer celui-ci sous une multitude d’effets spéciaux spectaculaires. On ressent aisément que le principal intérêt de Lisa Joy est de sonder l’âme humaine et de montrer pour quelles raisons plusieurs personnes préfèrent vivre et revivre leur passé que de se projeter dans le futur. Le personnage de Nick Bannister qui tente de faire survivre son fond de commerce semble être désabusé par sa société et son évolution. Sa seule note d’espoir qui lui permet de retrouver goût à la vie est sa nouvelle client Mae pour laquelle il a un véritable coup de foudre et cela se comprend car une nouvelle fois la comédienne Rebecca Ferguson représente à la perfection la femme moderne et parfaite. Lorsque celle-ci disparait, Nick Bannister tente de la retrouver à tout prix et malgré des recherches ne donnant rien c’est grâce à une nouvelle affaire qu’on lui propose qu’il va réussir à retrouver sa trace.

Il est tout aussi intéressant de voir l’approche de la réalisatrice de sa vision d’un futur pas si lointain et de l’évolution des nouvelles technologies. Alors que notre planète commence à faire apparaitre des premiers signes de problèmes climatiques et que nous sommes pratiquement tous addicts à nos ordinateurs, téléphones portables et autres consoles de jeux, le fait de mettre en avant dans ce film une nouvelle machine capable de nous faire ressentir de nouveau des moments importants du passé et de les faire apparaitre aux autres comme dans ce film est fascinant. Le fait de voir Nick Bannister addicts à ses souvenirs passés et vouloir les revivre revient à chercher notre propose dose d’adrénaline et un moyen de continuer à prendre plaisir à nous lever tous les matins sachant pertinemment que les affres du futur vont nous amener à préférer revivre notre passé. L’aspect du ressenti est au centre même du récit et nous montre que la réalisatrice et scénariste Lisa Joy maitrise à la perfection son sujet et nous livre un film différent rendant hommage aux classiques du film noir (ce n’est pas un hasard si Ma est une chanteuse et apparait par moment comme une femme fatale).

Une nouvelle fois, le comédien Hugh Jackman est fascinant. Loin de courir constamment derrière des blokbusters, l’éternel représentation de Wolverine au cinéma a su étendre et montrer sa large palette de véritabl showman aussi à l’aise sur une scène de concerts que devant une caméra d’un film indépendant ou d’une Major américaine, il continue à nous surprendre et à s’affirmer comme un véritable artiste surdoué. La réussite de ce film malgré ses quelques faiblesses lui revient en parti. Il insouffle un tel niveau de vie à son personnage qu’il fait de ce film une réussite indéniable de la sciencef-fiction qui n’a rien à envier à des films comme Blade Runner ou  Inception.

Réminiscence
Écrit et réalisé par Lisa Joy
Produit par Lisa Joy, Jonathan Nolan, Michael De Luca, Aaron Ryder
Avec Hugh Jackman, Rebecca Ferguson, Thandiwe Newton, Cliff Curtis, Marina de Tavira, Daniel Wu
Musique : Ramin Djawadi
Directeur de la photographie : Paul Cameron
Montage : Mark Yoshikawa
Sociétés de production : FilmNation Entertainment, Kilter Films, Michael De Luca Productions
Distribué par Warner Bros. Pictures
Date de sortie : 11 août 2021 (BFI IMAX), 20 août 2021 (États-Unis), 25 août 2021 (France)
Durée du film : 116 minutes

Vu le 24 aout 2021 au Gaumont Disney Village, Salle 3, place A19 

Note de Mulder: