Titre original: | Demolition man |
Réalisateur: | Marco Brambilla |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 115 minutes |
Date: | 02 février 1994 |
Note: |
Demolition Man, réalisé par Marco Brambilla, apparaît comme un spécimen fascinant, bien qu'un peu inégal, du cinéma d'action des années 1990. Avec Sylvester Stallone dans le rôle de John Spartan et Wesley Snipes dans celui de Simon Phoenix, le film fait un saut dystopique dans un futur aseptisé, mêlant satire mordante et action explosive. Demolition man mixe film de science-fiction, action et comédie tout en restant résolument ancré dans les conventions des genres qu’il aborde avec brio.
L'histoire commence dans un Los Angeles enflammé et rongé par le crime en 1996, où John Spartan, un flic renégat, capture son ennemi, Simon Phoenix, au prix de dommages collatéraux : la mort de 30 otages. Les deux hommes sont condamnés à un emprisonnement cryogénique, une punition inventive qui reflète la fascination de l'époque pour la cryogénie. En 2032, la paisible utopie de San Angeles - née de la fusion de Los Angeles, San Diego et Santa Barbara - est perturbée par l'évasion de Phoenix lors d'une audience de libération conditionnelle. Spartan est décongelé pour capturer son adversaire, et le chaos s'ensuit lorsque l'anarchisme du vieux monde de Phoenix se heurte à la société pacifiée et soumise à des règles du futur.
L'une des caractéristiques du film est sa construction satirique du monde. San Angeles est une société où le blasphème est passible d'amendes, où le contact physique est tabou et où Pizza Hut règne en maître en tant que vainqueur de la guerre des franchises. Ces absurdités ne sont pas seulement comiques ; elles servent de commentaire sur le politiquement correct, la surréglementation et le consumérisme, des thèmes qui semblent remarquablement prémonitoires des décennies plus tard. Les fameux « trois coquillages », utilisés à la place du papier toilette, illustrent l'humour ludique et conscient du film, même si leur fonction reste un mystère hilarant non résolu.
Sylvester Stallone livre une solide performance dans le rôle de Spartan, un homme hors du temps aux prises avec une société qui lui semble étrangère et émasculée par son souci excessif de l'ordre. Son exaspération face aux habitants dociles de San Angeles est à l'origine d'une grande partie de l'humour du film. Pendant ce temps, Wesley Snipes vole des scènes avec son interprétation vibrante et exagérée de Phoenix. Portant un blond décoloré et dégageant une énergie maniaque, Wesley Snipes incarne le chaos débridé qui sert de parfait contrepoint à l'avenir tranquille. Sandra Bullock, dans le rôle de l'officier Lenina Huxley, naïve mais enthousiaste, apporte une couche comique supplémentaire, maniant avec enthousiasme les expressions familières du XXe siècle et servant de partenaire sincère à Spartan.
Le film s'épanouit lorsqu'il embrasse ses sensibilités comiques, mais faiblit dans ses séquences d'action. Bien que les scènes explosives soient nombreuses, elles n'ont pas le frisson viscéral ou l'innovation que l'on attend d'un film intitulé Demolition Man. Les combats entre Spartan et Phoenix, bien que divertissants, semblent souvent répétitifs, le film misant beaucoup sur le maniement des armes à feu plutôt que sur une chorégraphie dynamique. Ces défauts sont quelque peu compensés par le monde richement imaginé et l'interaction entre les protagonistes, mais ils laissent une impression de potentiel manqué.
Le scénario de Daniel Waters, Robert Reneau et Peter M. Lenkov est un patchwork de satires brillantes et d'intrigues secondaires sous-développées. La relation entre Spartan et sa fille, par exemple, ne se concrétise jamais, laissant un vide narratif là où des enjeux émotionnels auraient pu approfondir l'histoire. De même, le Dr Raymond Cocteau de Nigel Hawthorne, l'architecte manipulateur de San Angeles, est un antagoniste unidimensionnel, dont les motivations et les projets ne sont jamais pleinement explorés. Le personnage d'Edgar Friendly, le leader de la rébellion underground, interprété par Denis Leary, apporte de l'humour et du charisme, mais son rôle est sous-utilisé.
Malgré ses défauts, Demolition Man résonne comme un artefact culturel. Son mélange de comédie, de satire et de futurisme spéculatif capture l'ethos de son époque tout en offrant une critique étonnamment acerbe des tendances sociétales. Le conflit central du film - entre la liberté débridée et l'ordre oppressif - reste une exploration fascinante, bien que simplifiée, de l'équilibre entre le chaos et le contrôle.
Demolition Man est un paradoxe divertissant : un film qui se moque de ses propres excès tout en s'y complaisant. Ce n'est pas un chef-d'œuvre cinématographique, mais son humour décalé, ses performances mémorables et son univers qui pousse à la réflexion en font un classique culte qui continue d'être disséqué et apprécié. Dans le paysage en constante évolution des films d'action, Demolition Man se distingue par son audace en posant la question suivante : Et si le futur n'était pas dystopique, mais juste un peu trop beau ? . Pratiquement trente ans après sa sortie, ce film se regarde toujours avec le même plaisir et nous rappelle l’âge d’or de Sylvester Stallone où il enchainait les blockbusters distrayants mais souvent fabriqués sur mesure et loin d’avoir l’impact des sagas cinématographiques que sont Rambo et Rocky.
Demolition Man
Réalisé par Marco Brambilla
Écrit par Daniel Waters, Robert Reneau, Peter M. Lenkov
Histoire de Peter M. Lenkov, Robert Reneau
Produit par Joel Silver, Michael Levy, Howard Kazanjian
Avec Sylvester Stallone, Wesley Snipes, Sandra Bullock, Nigel Hawthorne
Directeur de la photographie : Alex Thomson
Montage : Stuart Baird
Musique : Elliot Goldenthal
Société de production : Silver Pictures
Distribué par Warner Bros.
Date de sortie : 8 octobre 1993 (Etats-Unis), 2 février 1994 (France)
Durée du film : 115 minutes
revu le 7 décembre 2024 au Max Linder Panorama
Note de Mulder: