Mr. Holmes

Le personnage de Sherlock Holmes créé en 1887 par Sir Arthur Conan Doyles (Une étude en rouge) reste le plus grand détective britannique et continue toujours autant à passionner nombre de supporters. Plus de cinquante six nouvelles originales furent écrites par Conan Doyle ainsi que quatre romans. De nombreuses adaptations littéraires mais également sous formes de séries (on retiendra celle homonyme de 1984 avec Jerermy Brett et celle de 2010 Sherlock avec Benedict Cumberbatch et Martin Freeman), de jeux vidéos (Sherlock Holmes : La nuit des sacrifiés (2006), Sherlock Holmes : Crimes et châtiments (2014)..) et bien entendu au cinéma par de nombreux comédiens (Peter Cushing, Sherlock Holmes, Christopher Plummer, Robert Downey Jr…). Le nouveau film de Bill Condon retrace donc la dernière enquête de Sherlock Holmes. Le scénario de Jeffrey Hatcher (co-scénariste de The Duchess (2008) est l’adaptation non pas d’un écrit de Sir Conan Doyle mais du roman de Mitch Cullin (Les abeilles de Mr Holmes). On découvre ainsi le fameux détective reclus dans le Sussex ne travaillant plus avec son fidèle assistant John H. Watson. Il loge ainsi avec sa gouvernante et son fils grand passionné des écrits relayant les affaires passionnantes de ce détective. Une affaire continue encore de hanter Sherlock Holmes plus de cinquante ans après. Sa dernière enquête sera donc la résolution de celle-ci.

Le réalisateur Bill Condon maîtrise totalement l’univers de Sherlock Holmes et peut s’appuyer non seulement sur un scénario subtil mais surtout sur l’interprétation solide du comédien Ian McKellen. Les deux hommes avaient déjà travaillé ensemble sur le film Ni Dieux ni démons (1998) dans lequel le comédien interprétait le réalisateur James Whale. Déjà dans ce film Ian McKellen incarnait un personnage à la fin de sa vie. Le scénario est non seulement une manière de rendre hommage au passé glorieux de ce détective mais surtout moyen de régler quelques comptes sur certaines mauvaises adaptations. Ainsi lors d’une scène Sherlock Holmes dans un cinéma regarde l’adaptation sur grand écran de l’une de ses enquêtes. De la même manière, le fameux Deerstalker n’était qu’une pure invention littéraire et l’adresse communiquée de l’office de Sherlock Holmes une inexactitude volontaire.

Ian McKellen n’étant pas Robert Downey Jr son interprétation de Sherlock Holmes ne met donc pas Sherlock Holmes comme un habile combattant mais uniquement comme un parfait enquêteur capable de retracer et analyser le moindre petit détail. Dans ce sens, le Holmes est la parfaite continuation de la série Holmes mettant en avant l’intelligence supérieure de ce détective. L’absence de scène d’action n’empêche pas ce film d’être passionnant car il permet de réinventer intelligemment le personnage mythique et de le présenter sous un nouveau genre. L’action se passant dans un petit village loin de Londres permet de donner une réelle épaisseur aux caractères et surtout de montrer les liens forts unissant le détective et le jeune enfant Roger Munro. Le savoir est ainsi transmis entre ces deux personnages qui s’apprécient et se respectent mutuellement. De la même manière les nombreuses scènes se passant dans le passé soit au Japon soit à Londres permettent de mieux comprendre pour quelles raisons Sherlock Holmes a décidé de quitter son office et de se réfugier loin de ces nombreux fans pour vivre tranquillement les derniers jours de sa vie.

Le temps comme le montre ce film n’a pas épargné Sherlock Holmes, son fidèle ami est mort, sa mémoire lui joue des tours, ses forces l’abandonnent et son raisonnement n’est plus aussi efficace. Pourtant, il garde intact son flegme grâce à une plante importée du Japon et reste toujours aussi solitaire et incapable d’exprimer ses sentiments. Pour cela, le nouveau film de Bill Condon est un très bel hommage à ce personnage qui restera encore longtemps comme l’un de nos préférés. En attendant le retour de la série culte Sherlock, ce film est un excellent moyen de patienter jusqu’à de nouvelles aventures passionnantes de Mr Holmes.

Vu le 10 septembre 2015 au Morny Club, Deauville, en VO

Note de Mulder: