Titre original: | Upstream color |
Réalisateur: | Shane Carruth |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 96 minutes |
Date: | 00 2013 |
Note: |
Kris est enlevée par un voleur qui la rend docile en l’intoxicant avec une chenille. Il lui dérobe tous ses biens et la soumet à un important lavage de cerveau. Avant de la relâcher, il la livre à un échantillonneur qui transmet les chenilles désormais disséminées à travers son corps à ses porcins. Au bout du rouleau, Kris rencontre Jeff, victime de la même escroquerie cosmique qu’elle.
L’abstraction fait très rarement bon ménage avec le cinéma. Il existe certes tout un versant expérimental, que nous ne fréquentons quasiment pas, qui explore des langages filmiques en dehors des sentiers battus. Mais la plupart du temps, quand cette aventure formelle cherche à se frayer un chemin vers le cinéma classique, nous nous trouvons face à des catastrophes cinématographiques comme ce premier film immonde. Ce n’est pas le fait d’avoir pratiquement rien compris à cette histoire aberrante qui nous exaspère le plus, mais la certitude aussi subjective qu’inébranlable qu’il n’y avait en fin de compte rien, strictement rien à y comprendre ! Le synopsis plus haut, élaboré par nos soins, ne reflète ainsi que les éléments les plus tangibles d’un récit complètement disloqué, en quête perpétuelle d’une logique ou au moins d’une clef de lecture qui n’appartient qu’au réalisateur Shane Carruth.
Le principe de montage décousu à la David Lowery, co-monteur sur ce film, que nous avions encensé encore très récemment pour Les Amants du Texas, tourne sans tarder à l’absurde ici. Upstream color est un interminable patchwork d’associations ahurissantes, qui ne fonctionnent ni en tant que trip abstrait, ni comme une relecture de notre société déshumanisée. La folie des personnages y reste au moins aussi opaque que le rôle de l’échantillonneur, une sorte de Dieu de substitution qui met les porcs à la place des hommes. Le jeu sur le son et sur les couleurs ne paraît suivre aucune finalité, en rapport avec un semblant d’histoire sans queue, ni tête. Celle-ci aurait pu s’arrêter à n’importe quel moment – comme un spectateur sans doute exaspéré par tant de prétention inutile l’avait appréhendé à l’hilarité générale, quoique passablement jaune, de la salle – sans nous laisser moins perplexe que nous l’étions à l’issue de ce calvaire cinématographique.
Nous nous considérons habituellement comme un bon public, parcimonieusement enthousiasmé par un film, mais encore plus rarement dégoûté au point de donner des notes très négatives. D’où notre insistance sur l’attribution de la note la plus basse que le système de notre site permet, que nous ne décernons que pour la deuxième fois en près de dix ans de bons et loyaux services, mais que cette daube infecte mérite amplement !
Vu le 31 août 2013, au Casino, Deauville, en VO
Note de Tootpadu: