Amants du Texas (Les)

Amants du Texas (Les)
Titre original:Amants du Texas (Les)
Réalisateur:David Lowery
Sortie:Cinéma
Durée:96 minutes
Date:18 septembre 2013
Note:

Bob Muldoon et Ruth Guthrie s’aiment, envers et contre tout. Elle est enceinte, mais lui veut participer à un braquage, qui finit par tourner mal. Traqués par la police, les deux amants se réfugient dans leur ferme. A l’issue d’un échange de coups de feu, Ruth blesse le policier Patrick Wheeler. Bob s’accuse du crime et est condamné à une lourde peine de prison. Après lui avoir écrit d’abord régulièrement, Ruth cesse d’entretenir le lien avec le père de sa fille. Quatre ans plus tard, Bob réussit à s’évader et vient retrouver son amour d’autrefois.

Critique de Tootpadu

Il est toujours hasardeux – et en tout cas précoce – de crier à la naissance d’un cinéaste majeur dès le premier ou le deuxième film. A quoi bon toutefois soigner sa culture cinématographique et affiner son goût, si ce n’est pour s’enthousiasmer devant des films aussi passionnants que prometteurs d’une œuvre à venir ? Les Amants du Texas est de ceux-là, un film dense et exigeant, qui développe en même temps son propre langage pour conter l’histoire d’un amour rendu impossible davantage par le passage du temps que par sa nature indirectement criminelle. Le style du réalisateur David Lowery se situe quelque part entre ceux de Terrence Malick et de Jeff Nichols, tout en atteignant une tonalité singulière à l’écart des légendes de la pègre à la Bonnie et Clyde de Arthur Penn.

Car les retrouvailles difficiles entre deux amants, séparés en premier lieu par un faux aveu de culpabilité, s’intéressent étonnamment peu à la question de la moralité. La force d’attraction tragique entre Bob et Ruth, qui se situe subtilement au cœur du film, ne bat pas au rythme des remords et autres reproches moralisateurs. Les deux personnages principaux veulent se retrouver, tout en sachant pertinemment que la poursuite de leur aventure romantique n’est plus possible, d’un à cause du statut d’évadé de Bob, et de deux pour le bien de leur fille, qui a grandi à l’écart du quotidien carcéral. De surcroît, la pesanteur de leur entourage, comme ce flic bienveillant mais plutôt maladroit dans ses manœuvres de séduction de Ruth ou bien la figure paternelle très ambiguë du commerçant en guise d’influence apaisante qui apporte pourtant la ruine et la mort, un rôle interprété magnifiquement par Keith Carradine, enferme leur élan de réunion dans un engrenage sans le moindre espoir d’une issue heureuse.

David Lowery vient initialement du montage. Cela se ressent à travers la finesse elliptique de sa narration qui s’appuie en grande partie sur le montage magistral de Craig McKay et Jane Rizzo. Outre la photo contemplative d’un Texas du début des années 1970, c’est surtout cette structure morcelée, presque instinctive, du récit qui confère ses lettres de noblesse à ce deuxième film, qui nous donne l’espoir certain de grandes choses à venir de la part de David Lowery !

 

Vu le 26 août 2013, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Le cinéma indépendant permet souvent à des acteurs de seconds rôles d’avoir un rôle plus conséquent et surtout d’avoir des rôles nettement plus abouti. Les Amants du Texas repose ainsi sur le jeu magnétique de Rooney Mara, Casey Affleck et Ben Foster. Ce film leur donne ainsi trois excellents rôles dans lesquels ils excellent. Rooney Mara (Friends with Benefits, Millenium) trouve dans le rôle d’une femme forte devant élever seule son enfant un personnage profond et très intéressant car celle-ci doit sans cesse faire des choix importants.

Un jour, un braquage tourne mal et les deux amants Bob et Ruth (Casey Affleck et Rooney Mara) sont pris dans une fusillade. Quand Bob est emmené par la police, Ruth a tout juste le temps de lui annoncer qu’elle est enceinte. Dès lors, Bob n’aura qu’une obsession : s’échapper de prison pour rejoindre sa femme et son enfant. Mais quand il y parvient, quatre ans plus tard, le rêve correspond mal à la réalité.

David Lowery construit ainsi sur un scénario qu’il a écrit son premier film. Certes, celui-ci n’est pas parfait et semble se tirer sur la longueur telle une chanson country. Cependant, il faut lui reconnaître, que son réalisateur réussit à retranscrire l’ambiance poisseuse du Texas. Ce film a ainsi remporté en 2013 le prix de la meilleure photographie américaine.

Ce film semble ainsi être comme un western moderne où les apparences sont trompeuses. Son excellent script fait de David Lowery un auteur à suivre. Non seulement son premier film dans la mouvance de l’œuvre de Terrence Malick témoigne de la naissance d’un auteur ayant son propre style mais surtout capable de diriger parfaitement ses comédiens et de leur donner un de leurs plus beaux rôles à ce jour. Nous sentons bien que le réalisateur est tel un artisan méticuleux a construit son film avec le plus grand soin et un sens de l’économie d’action et de mouvement.

Telle une ballade mortuaire, ce film mérite d’être découvert et surtout laisse entrevoir une carrière très prometteuse pour son réalisateur.

Vu le 6 septembre 2013, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: