Titre original: | Michael Kohlhaas |
Réalisateur: | Arnaud des Pallières |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 122 minutes |
Date: | 14 août 2013 |
Note: |
Au XVIème siècle dans les Cévennes, Michael Kohlhaas est un éleveur de chevaux qui vit paisiblement avec sa femme et sa fille. En route pour vendre ses chevaux au marché, il se fait arrêter par les hommes de main d’un baron qui exige un droit de douane. Kohlhaas laisse deux de ses plus beaux chevaux en garantie, le temps d’obtenir un laissez-passer de la part de l’administration qui l’exempterait de cette taxe. A son retour, il trouve ses chevaux en piteux état parce que le baron les a mis à contribution pour labourer ses champs. Kohlhaas refuse de les reprendre et intente un procès au baron devant la cour de la princesse. Quand sa requête est rejetée sans appel, il devient un hors-la-loi, prêt à se faire justice lui-même.
A deux siècles près, l’action de ce film, en compétition au dernier festival de Cannes, nous a rappelé initialement celle des Chants de Mandrin. Les chevauchées à travers le haut plateau d’une France ancienne, forcément dépeuplée, apparaissent comme un motif que les films de Rabah Ameur-Zaïmeche et de Arnaud des Pallières partagent sans gêne, au-delà de leurs différences dans le temps. Leur propos a beau s’inscrire dans une même démarche d’héroïsation d’un résistant contre l’oppression, il se conjugue distinctement entre la quête des traces d’une légende dans le premier cas et son avènement dans Michael Kohlhaas.
Peut-être est-ce dû au fait d’assister quasiment en temps réel à la création d’un héros sans faille – dans le sens que sa probité morale résiste aux tentations de l’anarchie et qu’il n’aspire pas à l’utopie de redresser tous les torts infligés au peuple par l’aristocratie –, mais le récit de ce film-ci, aussi sobre que majestueux, nous a davantage subjugués que celui du conte historique sorti il y a un an et demi. La narration y est moins austère que magistralement dépouillée de tout élément superflu, afin d’atteindre un niveau d’intensité qui se manifeste notamment dans la séquence magnifique de l’assaut de la forteresse du baron par les brigands, sèche et sans fioriture mais diablement efficace dans son évocation d’un massacre, sans état d’âme, ni débordement de violence à l’écran. Après avoir erré un temps du côté des objets filmiques inclassables, à mi-chemin entre la prétention artistique et un goût prononcé pour l’expérimental rarement admis dans le cinéma grand public, Arnaud des Pallières a réussi ici pour la première fois de simplifier son style alambiqué sans perdre son intégrité d’artiste, toujours aussi peu enclin à rechercher l’effet facile.
Enfin, cette histoire post-médiévale ne dégagerait pas une telle noblesse discrète sans l’interprétation de Mads Mikkelsen dans son premier rôle entièrement francophone. Son jeu condense toutes les qualités d’un film exceptionnel, qui sait évoquer successivement les sentiments complémentaires de la révolte, de la mélancolie et de la sensualité, avec une force intérieure simplement impressionnante !
Vu le 18 juillet 2013, à la Salle Pathé Lincoln
Note de Tootpadu: