Titre original: | Rush |
Réalisateur: | Ron Howard |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 123 minutes |
Date: | 25 septembre 2013 |
Note: |
La rivalité entre les deux pilotes de course automobile l’Anglais James Hunt et l’Autrichien Niki Lauda, pendant la première moitié des années 1970. Tandis que le premier envisagerait presque son sport comme un prétexte pour conquérir les plus belles femmes, le deuxième y voit un moyen pour faire ses preuves à force de persévérance et d’une éthique de travail sans faille. Ensemble, ils graviront les étapes vers la reconnaissance internationale, des courses de la Formule 3 jusqu’au championnat de Formule 1 et le Grand Prix fatidique d’Allemagne, en août 1976.
Des facteurs étranges décident parfois sur la longévité des légendes. Tandis que seuls les fans de la Formule 1 – parmi lesquels nous ne nous comptons pas du tout – savent de nos jours qui était James Hunt, le nom et surtout le faciès tristement reconnaissable de Niki Lauda font encore partie de l’actualité collective, ne serait-ce qu’en tant que notule de bas de page, grâce à ses compagnies aériennes successives. L’un comme l’autre font partie d’une époque révolue du sport automobile, quand les pilotes téméraires ne savaient pas s’ils allaient finir la saison sains et saufs. Depuis l’accident d’Ayrton Senna, il y a près de vingt ans, plus aucun de ces casse-cou aux engins perfectionnés n’a laissé sa vie pendant l’exercice de son sport, ce qui rend ce dernier plus sûr, tout en réduisant considérablement les enjeux. Pendant les années 1970, la Formule 1 vivait sa transformation d’une discipline sanguinaire vers le spectacle tournant rapidement en rond que nous connaissons aujourd’hui. C’était la dernière heure de gloire des acrobates, qui allaient laisser au fil des Grands Prix leur place aux chronomètres humains, soigneusement protégés sous chaque angle imaginable.
Rush tient compte de cette époque-charnière avec une vigueur appréciable. Attention, il s’agit malgré tout d’un film de Ron Howard, un réalisateur qui n’a jamais su briller par sa maestria formelle ou narrative, mais qui opère néanmoins ici un retour très solide, après le désastre absolu qu’était son film précédent. L’antagonisme entre les deux pilotes y est peut-être présenté d’une manière trop exclusive, comme s’ils ne devaient leurs succès respectifs qu’à la haine qu’ils vouent aux méthodes diamétralement opposées de l’autre. Le choix de l’alternance en termes de narration, qui adopte à tour de rôle le point de vue de Hunt ou de Lauda, apporte cependant une perspective d’ensemble plutôt équilibrée. Au savoir-vivre instinctif du premier, qui mène une existence hédoniste et doit vomir avant chaque épreuve importante, répond ainsi l’approche intellectuelle et ambitieuse de l’autre, qui étudie le risque de la course avec la même obsession que les points forts et les points faibles de son bolide. Le récit adopte un ton relativement mesuré pour tenir compte de ces deux recettes pour le succès, en les inscrivant dans le mouvement de recul et de nostalgie douce-amère propre aux événements historiques sans répercussion grave.
Formellement, la mise en scène de Ron Howard n’invente rien, puisqu’elle reste conforme pour le côté sportif à l’esthétique efficace et léchée de Michel Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire, tout de même déjà vieille de dix ans. C’est davantage du côté de l’interprétation qu’elle a su nous convaincre, notamment à travers celle de Daniel Brühl dans le rôle de Niki Lauda. L’absence de pitié de soie et de fanfaronnade avec laquelle Brühl donne vie à cette célébrité tragique l’a rendue sensiblement plus touchante et humaine à nos yeux, que ne le laissaient supposer les quelques éléments que nous savions jusqu’à présent sur elle.
Vu le 9 juillet 2013, à la Salle Pathé Lamennais, en VO
Note de Tootpadu:
« il reste à ce jour la seule personne que j’ai jamais enviée »
A Tobias,
Pour son vingtième film, Ron Howard après deux films qui nous ont déçus (Anges et démons / Le dilemme) nous propose de revivre l’affrontement héroïque que James Hunt et Niki Lauda se sont menés sur les circuits jusqu’en aout 1976. Bien lui en a pris car il réalise avec Rush son meilleur film. Il retrouve ainsi Peter Morgan le scénariste de l’un de ses précédents films (Frost/Nixon, l’heure de vérité) et pour notre plus grand plaisir un film d’un intensité et d‘une pureté rares.
Déjà deux fois oscarisé pour les films Un homme d’exception (2001) et Frost/Nixon, l’heure de vérité (2008), Ron Howard nous propose ainsi sur grand écran la rivalité légendaire entre deux hommes Lauda/Hunt, deux écuries Ferrari/McLaren et surtout nous fait revivre aux premières places ces courses légendaires où les pilotes avaient 20% de chance de mourir lors d’une course automobile. Plus qu’un simple film, Rush est un modèle exemplaire de ce que devrait être un mélange savant entre cinéma indépendant et réalisateur libéré de tout diktat des grands studios. Cette production liée à plusieurs studios Exclusive Media
Revolution Films, Working Title Films, Imagine Entertainment (société de production créé par Ron Howard) Relativity Media, Cross Creek Pictures a ainsi pu permettre à un réalisateur américain habitué à livrer de grosses productions hollywoodiennes (Willow, Horizons lointains, Apollo 13, Da Vinci Code, Anges et démons) de trouver le juste milieu entre film d’auteur et film à grand spectacle.
Rush est avant d’être un film de courses automobiles d’abord l’adaptation d’une histoire vraie et mettant en scène deux des légendes rares de la formule 1. Le film permet donc au réalisateur d’aborder des thèmes universels comme l’obsession, l’égo et le haut degré de compétition. Avant d’être un film à grand spectacle, c’est surtout un drame humain qui s’appuie sur la performance de deux grands comédiens retranscrivant parfaitement la compétition forcenée entre ses deux stars du volant.
Chris Hemsworth (Thor, La cabane dans les bois, Avengers) interprète à la perfection le regretté James Hunt. Il représente à lui tout seul cette génération de coureur automobile instinctif, rebelle et sûr de lui. Il visualise ainsi comme un gamer surentraîné les courses qu’il doit mener, il anticipe ses actions et surtout vomit telle une libération avant chaque course. Aucun autre acteur actuellement ne pouvait interpréter aussi parfaitement ce rôle. L’adage de son personnage étant que plus près vous êtes de la mort, plus en vie vous vous souhaitez. Chaque course qu’il mène, il la vit comme sa dernière et est prêt à prendre tous les risques pour y arriver. Le mariage de James Hunt avec la top modèle Suzy Miller (superbe Olivia Wilde) sera de courte durée car le mode de vie instinctif de son personnage est voué à l’échec.
Daniel Brühl (La vengeance dans la peau, Inglorious Basters, Eva) est également parfait dans son interprétation de Niki Lauda. Son personnage est à l’opposé de celui de James Hunt. Il est un pragmatiqueet un brillant ingénieur en mécanique capable d’optimiser de la meilleure manière son véhicule. Il calcule ainsi le facteur de risques comme le ferait un ingénieur et ne cesse de penser en termes de calculs savants. Sûr de lui, son fort caractère que certains pourraient prendre pour de la prétention et le fait qu’il maîtrise tous les éléments inhérents à une course en fait un rival de taille voir le meilleur coureur automobile. Pourtant, malgré sa volonté d’être le meilleur il se verra égratigné par un très grave accident et surtout par son amour envers le personnage de Marlène (Alexandra Maria Lara) qui l’empêchera de prendre des risques trop grands.
L’affrontement permanent de ces deux coureurs automobiles d’exception fait que ceux-ci vont apprendre à mieux se respecter en dehors des circuits et chercher à s’améliorer. Ainsi, lorsque Niki Lauda grièvement blessé est en convalescence à l’hôpital c’est sa volonté de récupérer son titre face à James Hunt qui va lui permettre d’endurer les pires souffrances inimaginables. Loin de chercher l’esbrouffe par des effets visuels inutiles, le réalisateur Ron Howard nous livre un grand film sans aucune panne moteur nous permettant de vivre de très grands moments de courses en étant aux meilleures places.
Enfin que serait un film de courses automobiles sans l’appui d’un grand compositeur. Après avoir signé l’excellente musique du film Jours de tonnerre en 1990, Hans Zimmer revient de nouveau au même univers de ces moteurs puissants et nous livre une musique parfaitement huilée pour coller à l’action du film.
Non seulement Rush est à ce jour le meilleur film de Ron Howard mais également l’un des meilleurs films l’année.
Vu le 28 septembre 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF
Note de Mulder: