Titre original: | Broken city |
Réalisateur: | Allen Hughes |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 109 minutes |
Date: | 26 juin 2013 |
Note: |
Pour venger une jeune femme violée et assassinée dans la cité de Bolton Village à New York, le policier Billy Taggart tue le coupable dans des circonstances douteuses. Alors qu’il est légalement innocenté, Taggart doit néanmoins quitter les forces de l’ordre sous la pression du maire Hostetler et du chef de police Fairbanks, qui craignent que de nouvelles preuves puissent mettre en danger leur poulain. Devenu entre-temps un détective privé au bord de la faillite à cause des impayés de ses clients, Taggart est convoqué sept ans plus tard par Hostetler. En pleine campagne électorale, ce dernier voudrait qu’il surveille sa femme Cathleen, qu’il soupçonne d’infidélité.
Qu’est-ce que Mark Wahlberg a en commun avec Humphrey Bogart ? Rien du tout à première vue. Et pourtant, son rôle dans ce thriller très solide, le premier film que le réalisateur Allen Hughes tourne sans son frère jumeau Albert, ressemble étrangement à Sam Spade, le privé désabusé dans le chef-d’œuvre de John Huston, Le Faucon maltais. Les deux personnages ne sont dupes ni du rapport de forces en leur défaveur, ni du caractère profondément corrompu du monde dans lequel ils plongent par nécessité professionnelle. Sauf que Taggart et Spade, en dépit des décennies qui les séparent, sont tous les deux des drôles d’idéalistes presque romantiques, qui courent après une justice abstraite et des femmes hors de leur portée, pour se résigner in extremis à un sort moins glorieux, mais aussi plus réaliste. Derrière leur apparence de dur à cuire, ils cachent tant bien que mal leur fragilité, désemparée qu’ils sont face aux vicissitudes du crime. Leur faiblesse soigneusement cachée les mènerait sans doute à leur perte, si ce n’était pour l’occasionnel coup de pouce de la secrétaire dévouée.
Aussi inspiré Broken city soit-il d’une conception ancienne du privé comme figure tragique, toujours un temps en retard par rapport à l’inventivité de son adversaire à la fourberie démesurée, le traitement formel de cette histoire aux multiples rebondissements reste sobrement moderne. Il convient en effet de signaler que, contrairement aux films qu’il a réalisés en tandem avec son frérot, Allen Hughes n’abuse point des figures de style cette fois-ci. Sa mise en scène ne se démarque pas non plus par une élégance outrancière. Elle se met simplement au service d’un scénario tout à fait convenable, qui renoue aisément avec la tradition des épopées urbaines sur la jungle de la corruption parmi les hauts dignitaires locaux.
La distribution prestigieuse honore cette base modestement irréprochable avec des interprétations savoureuses, qui ne basculent pourtant jamais dans la grandiloquence vers laquelle des rôles aussi caricaturaux que celui de Russell Crowe ou de Jeffrey Wright tendent presque naturellement. Car en fin de compte, les méchants sont ici aussi faillibles que le protagoniste, un homme revenu de tout qui ne se fait plus d’illusions, mais qui sait malgré tout opérer des choix judicieux au moment opportun.
Vu le 17 juin 2013, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu:
La période estivale permet à certains distributeurs (dans le cas présent StudioCanal) de donner une seconde chance à des films ayant été des gros échecs au box office américain. Ainsi ce film tente de se rattraper sur le marché français. Celui-ci ayant couté environ cinquante cinq millions de dollars il n’a rapporté sur le marché américain que moins de vingt millions. Cela représente ainsi une sacrée perte financière et cette sortie tardive, soit plus de deux mois après sa sortie en vidéo sur le marché américain. Pourtant, ce film semble voué à l’échec pour plusieurs raisons.
Un bon thriller doit reposer sur un scénario pleins de rebondissements, une réalisation parfaitement maîtrisée et une direction d’acteurs enjoués. Force est de constater que pour son premier film sans son frère Allen Hughes échoue à donner vie à son film. Sur le scénario d’un tout nouveau scénariste Brian Tucker, le réalisateur n’arrive pas à injecter assez de teneur pour faire de son film un implacable enchevêtrement de situations. C’est surtout le manque de nouveautés et le fait de se retrouver devant une réalisation sans âme qui nous heurte. Autant son précédent film coréalisé avec son frère nous avait permis de passer un excellent moment de cinéma , autant ici Allen Hughes semble ne pas maîtriser totalement son film. Nous avons ainsi plus l’impression de se retrouver devant une production destinée à une chaîne privée du câble américain qu’ à un film taillé pour le cinéma.
Certes la présence d’un excellent casting principal aurait dû permettre au film de lui laisser sa chance. Une fois de plus Mark Walhberg, Russel Crowe et la pétillante Catherine Zeta-Jones sont parfaits dans leur rôle mais cela ne suffit pas à faire de ce film un pur moment de grand cinéma. L’architecture centrale du film est malheureusement trop fragile et pas assez aboutie pour permettre aux spectateurs de s’immerger totalement dans celui-ci.
Le public américain n’ayant pas été très sensible à ce film peut après l’avoir découvert être mieux compris. Le film est ainsi une déception de taille et on peut alors se demander comment un casting aussi parfait peut se retrouver ensemble à s’affronter sur un champs de ruine où la ville de New semble corrompu et guère entretenu par des policitiens plus préoccupés à se remplir les poches qu à donner le meilleur d’eux-mêmes.
Dans ces termes, ce film nous déçoit car n’arrivant pas à faire reposer ses fondations sur une structure solide, l’intrigue semble s’éterniser et notre plaisir à suivre cellle-ci s’évapore au fur et à mesure du déroulement. Je ne peux donc pas trop vous conseiller de découvrir ce film en vidéo plutôt que dans une grande salle de cinéma.
Vu le 29 juin 2013 au Gaumont Disney Village, Salle 15, en VF
Note de Mulder: