Cage dorée (La)

Cage dorée (La)
Titre original:Cage dorée (La)
Réalisateur:Ruben Alves
Sortie:Cinéma
Durée:91 minutes
Date:24 avril 2013
Note:
D’origine portugaise, la famille Ribeiro est parfaitement intégrée dans la vie parisienne. Tandis que José, le père, est un chef de chantier sur lequel son patron peut compter en toute circonstance, Maria, la mère, s’est rendue indispensable dans son immeuble des beaux quartiers, où elle occupe le poste de concierge depuis près de trente ans. Ce bonheur modeste d’immigrés vole en éclats, le jour où José reçoit une lettre du notaire qui lui annonce le décès de son frère resté au pays, ainsi qu’un héritage confortable à condition que les Ribeiro s’installent au Portugal. La famille préfère garder d’abord cette nouvelle secrète, pour ne pas brusquer son entourage, qui dépend d’elle pour mener à bien certains projets.

Critique de Tootpadu

La minorité portugaise, la plus grande des immigrés européens en France, s’est si bien assimilée qu’elle passe le plus souvent inaperçue. Cette discrétion peut certes servir de bouclier contre les clichés les plus lourds, de la morue aux femmes moustachues. Mais elle risque aussi de se traduire par une absence de voix à contribuer à la vie culturelle de la nouvelle patrie adoptée. Alors que le cinéma à sensibilité maghrébine se porte très bien actuellement, les descendants des Portugais étaient jusqu’à présent aux abonnés absents, lorsqu’il s’agissait de définir, et puis de défendre, une identité malgré tout différente de la norme française. Ce premier film, qu’on aurait tort de dénigrer comme l’ultime retardataire dans la série des productions Pathé à connotation ethnique après le phénomène Bienvenue chez les ch’tis de Dany Boon et l’échec Benvenuti al sud de Luca Miniero, se fait donc le chantre de cette communauté portugaise de l’ombre, qui subit sans broncher toutes les humiliations que sa condition sociale perçue comme inférieure lui réserve.
L’arrivée aussi subite qu’inattendue de la richesse – un dispositif que nous avons déjà vu il y a quelques mois du côté italien dans Mon père va me tuer de Daniele Cipri – sert ici de point de départ à une comédie rocambolesque. Faute de savoir à quoi ressemble l’humour portugais, nous apparenterions justement La Cage dorée à la comédie à l’italienne, tour à tour joyeusement grossière et investie d’une lucidité sociale proche de la satire jouissive. Les poncifs évoqués plus haut et plein d’autres encore y vont en effet bon train, mais jamais pour mettre durablement en question la dignité des personnages. Cette famille typiquement portugaise, plus craintive des commérages que préoccupée par l’évolution de son propre statut social, elle bénéficie d’un capital de sympathie surabondant, grâce à la finesse du ton et aux interprétations humblement au service d’une intrigue qui ne pâtirait point d’une suite sur le compromis à l’origine de l’épilogue, peut-être un peu trop vite expédié.
Le genre si mal-aimé de la comédie française continue donc à nous surprendre positivement, puisqu’après la sortie la semaine précédente des Gamins de Anthony Marciano, le réalisateur Ruben Alves signe un film hautement divertissant et conscient de la place essentielle que les immigrés portugais, voire les populations étrangères tout court, occupent au sein de la société française. La bonne humeur que son film dégage nous ferait presque oublier de très rares maladresses narratives, comme l’absence de justification de la nuit passée à l’hôtel de luxe et l’éternel revirement induit par la grossesse, de surcroît déjà indiquée sur l’affiche.

Vu le 4 avril 2013, à la Salle Pathé Lamennais

Note de Tootpadu: