
Titre original: | Vraie vie des profs (La) |
Réalisateur: | Albert Pereira-Lazaro, Emmanuel Klotz |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 20 février 2013 |
Note: | |
Après avoir profané la statue d’Emile Zola dans la cour de leur collège à Marseille, Albert et Jean-Mohamed, deux jeunes de 5ème, doivent intégrer en guise de punition la rédaction du journal des élèves, sous la direction de la belle prof de français, Mme Oufkir. Mais ces deux lascars n’entendent pas se laisser faire. Au lieu de bûcher sur des articles édifiants, Albert a une idée de génie : fonder un site sur lequel la vie privée des profs serait étalée au grand jour. Pour décrocher les révélations les plus savoureuses, il va même jusqu’à passer au peigne fin les poubelles du personnel enseignant.
Critique de Tootpadu
Mais pourquoi ce qui dégageait une telle fraîcheur décontractée sous la forme d’un film d’animation devient-il si pesant et consternant dans le cadre d’un film de fiction ? Les héros du deuxième film du tandem de réalisateurs Albert Pereira-Lazaro et Emmanuel Klotz ont beau être plus jeunes que ceux de Lascars, leurs déboires sont quasiment identiques dans un milieu social qui ne leur fait pas de cadeau et où la bonne tchatche est plus importante pour se faire respecter que les origines. Or, l’introduction involontaire dans le monde des adultes se fait assez péniblement pour ces cancres dépourvus d’ambitions, en dehors de la conquête des filles. Le réinvestissement de l’espace public par le tempérament du sud n’y a pas lieu. Bien au contraire, hélas, puisque la proposition d’une nouvelle voix issue de la cité phocéenne, comme la prolongation plus jeune et plus métissée de l’œuvre de Robert Guédiguian en quelque sorte, s’éclipse honteusement au profit d’enfantillages, qui auraient tout à fait leur place dans ces immondices cinématographiques autour de l’élève Ducobu qui empestent nos écrans depuis deux ans.
Derrière ses grands airs de film d’espionnage pour enfants et de traitement opportuniste du sujet très à la mode depuis l’avènement de l’ère numérique du respect de la sphère privée, La Vraie vie des profs n’est qu’une farce assez pénible, qui colporte les clichés au lieu de les sonder intelligemment. Longtemps avant que le récit laborieux n’arrive au pire des poncifs, le prof très croyant et très coincé qui éprouve beaucoup de mal à assumer son homosexualité, l’échange entre les générations, qui aurait raisonnablement pu être un effet secondaire positif de toute cette agitation fatigante, est arrivé au point mort. Tandis que les adultes y sont décrits sans exception comme des hystériques aigris, les adolescents traversent essentiellement les mêmes crises pubères que leurs prédécesseurs, aux jouets électroniques et à l’affection débordante pour tout ce que les Etats-Unis ont imaginé de plus bête près.
Même la bonne humeur fait défaut à cette prétendue comédie, qui ne nous a pas fait rire une seule fois. Entre le scénario anémique et une mise en scène transparente, il n’y a en effet pas grand-chose à tirer de ces gamineries filmiques sans saveur, ni pour un public adulte, ni pour des spectateurs plus jeunes. Ceux-ci auraient dû être interpellés les premiers par le propos en fin de compte fade et inoffensif d’un film, qui se veut dans l’air du temps, mais qui ne perpétue de notre civilisation actuelle que les aspects les plus superficiels.
Vu le 7 février 2013, à la Salle Pathé François 1er
Note de Tootpadu: