Happiness therapy

Happiness therapy
Titre original:Happiness therapy
Réalisateur:David O. Russell
Sortie:Cinéma
Durée:122 minutes
Date:30 janvier 2013
Note:
Après avoir suivi pendant huit mois un programme pour mieux maîtriser son esprit bi-polaire, Pat Solatano est libéré de l’institut psychiatrique par sa mère. Il s’installe chez ses parents et cherche par tous les moyens à rétablir le contact avec son ex-femme Nikki. L’intermédiaire la mieux placée pour contourner l’injonction qui est censée éloigner Pat de Nikki est Tiffany, la belle-sœur de son meilleur ami Ronnie. Cette jeune veuve doit elle aussi faire face à de nombreux problèmes psychologiques qui la rendent bizarre aux yeux de son entourage. Elle accepte de faire passer les lettres de Pat à Nikki, à condition qu’il s’entraîne avec elle pour un concours de danse.

Critique de Tootpadu

Le réalisateur David O. Russell dispose désormais d’une filmographie riche de six titres. Pourtant, nous ne savons toujours pas trop à quoi nous en tenir avec cet artiste des ruptures de ton, dont la vision de la vie à travers l’outil cinématographique passe forcément par un mélange d’éléments hétéroclites. Sa mise en scène s’adaptait en effet mieux au plus sérieux Fighter ou au loufoque J’adore Huckabees qu’à cette inégalité ambulante qu’est son nouveau film, qui hésite constamment entre une étude psychologique des plus crédibles et un conte à l’eau de rose solide, mais aux ressorts dramatiques largement prévisibles.
Avec Happiness therapy, nous sommes heureusement loin de la représentation pathologique des troubles psychologiques dans laquelle le cinéma hollywoodien se complaisait, même dans ses films les plus emblématiques tels Vol au dessus d’un nid de coucou de Milos Forman et Rain man de Barry Levinson. Le couple improbable qui se forme, au fur et à mesure que l’intrigue progresse par à-coups, se complète par son grain de folie, pas forcément doux mais suffisamment marqué pour lui rendre pénible une existence et un comportement convenables. Dans ce sens, Pat et Tiffany sont les porte-parole attachants, car nullement caricaturaux, de toute une génération de personnes qui souffrent de troubles psychologiques à l’Histoire médicale encore peu ancienne. Sans méchanceté ni esprit revanchard, ils personnifient une partie de la population qui ne sait pas s’intégrer dans le modèle traditionnel de la famille, mais qui souhaite néanmoins s’épanouir dans sa vie personnelle.
Or, c’est précisément dans son mouvement de rapprochement du cercle familial auparavant tenu à l’écart et, pire encore, d’une recette romantique on ne peut plus convenue que le scénario – lui aussi l’œuvre de David O. Russell et adapté du roman de Matthew Quick – court le risque de trahir l’intégrité psychologique de ses personnages. Tandis que l’aspect familial de la quête de normalité de Pat brille par quelques séquences d’une sincérité et d’une chaleur humaines qui fendent le cœur, son parcours romantique involontaire ressemble péniblement à un décalque de la formule de Dirty dancing. L’imperfection des deux personnages principaux s’y éclipse ainsi bien trop vite, au profit du moment sans doute le plus déplacé du film où Tiffany démontre que, contre toute attente, elle en sait plus sur le football américain que tous les vieux bookmakers réunis.
En dépit de l’état globalement bancal du scénario, la réalisation sait tirer une fois de plus des interprétations remarquables de la part d’une distribution à la composition inattendue. Alors que Robert De Niro se donne pour la première fois depuis des lustres la peine d’incarner réellement un personnage paternel qui ne sait pas comment atteindre son fils en mauvaise posture, Bradley Cooper et Jennifer Lawrence forment un couple mal assorti et plutôt charmant.

Vu le 7 janvier 2013, à la Salle Pathé Lincoln, en VO

Note de Tootpadu: