Magic Mike

Magic Mike
Titre original:Magic Mike
Réalisateur:Steven Soderbergh
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:15 août 2012
Note:
A Tampa Bay en Floride, Mike jongle entre plusieurs emplois : le jour, il travaille comme couvreur, la nuit, il affole les femmes en tant que stripteaseur vedette dans la boîte de Dallas. Après avoir rencontré le jeune Adam sur un chantier et l’avoir recroisé plus tard en ville, Mike lui propose de travailler dans le club. D’abord hésitant, son nouvel ami se prend rapidement au jeu de l’argent facile en enlevant ses vêtements devant un parterre de femmes en délire. Il y succombe si vite que Mike le prend sous son aile, ne serait-ce que pour se rapprocher de Brooke, la sœur aînée d’Adam, qui voit d’un œil inquiet le nouveau métier de son petit frère.

Critique de Tootpadu

De beaux mecs qui enlèvent leurs fringues à volonté et se trémoussent lascivement, stylisés de surcroît par la caméra d’un réalisateur aussi éprouvé que Steven Soderbergh : que demande le peuple ? Hélas et contre toute attente, Magic Mike est ce que nous avons vu de plus ennuyeux depuis longtemps de la part d’un cinéaste, qui sait normalement nous divertir avec une élégance singulière ou bien sortir des sentiers battus du cinéma hollywoodien grâce à ses films plus expérimentaux. Ce film-ci, qui parle pourtant de la séduction à son niveau le plus viscéral, ne nous a malheureusement convaincu sur aucun des deux tableaux sur lesquels Steven Soderbergh s’exerce d’habitude avec une aisance remarquable. Son côté formel est aussi quelconque que son intrigue, une énième mise en question consensuelle du rêve américain.
L’ambition du protagoniste n’est certes pas de devenir le maître des stripteaseurs, mais le but qu’il poursuit en échange – fonder une entreprise de meubles artisanaux – n’a rien d’extraordinaire non plus. Il reste à l’écart du milieu qui lui rapporte gros, sans se rendre compte qu’il se vide de l’intérieur à cause des rapports superficiels et intéressés qui y règnent. Pour lui permettre de descendre de son piédestal de mâle convoité, le scénario laborieux ne lui envoie point un double révélateur en guise d’avertissement. Le rôle d’Adam est en effet plutôt anodin dans le contexte d’une intrigue, qui ne sait pas trop comment faire pour extraire la star de l’effeuillage des mains de ses clientes aux abois. Le pire, c’est que Mike lui-même prend un temps considérable avant de se décider sur la voie à prendre. Le moment décisif qui est censé lui ouvrir les yeux végète toutefois dans la même fadeur narrative que le reste d’un film à mille lieues du conte de fées pour adultes avertis qu’était le magistral Showgirls de Paul Verhoeven.
Enfin, la distribution, assez agréable à l’œil mais très limitée côté intensité dramatique et charisme, ne fait rien pour nous arracher à l’indifférence que nous inspire ce film, aussi creux que le milieu qu’il prétend explorer. Que ce soit Channing Tatum dans le rôle de Mike ou Cody Horn dans celui de Brooke, le mauvais jeu est plus à l’ordre du jour ici qu’une confrontation lucide à une prostitution larvée, qui célèbre le corps masculin, mais qui n’a strictement rien à offrir pour occuper son esprit.

Vu le 17 octobre 2012, au Brady, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: