Chroniques sexuelles d'une famille d'aujourd'hui

Titre original: | Chroniques sexuelles d'une famille d'aujourd'hui |
Réalisateur: | Pascal Arnold, Jean-Marc Barr |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 76 minutes |
Date: | 09 mai 2012 |
Note: | |
A 18 ans, Romain éprouve une immense frustration de ne pas encore avoir couché avec une fille. La sexualité est un sujet tabou dans sa famille, où chacun mène son existence érotique à l’abri du regard des autres. Cela change brusquement quand Romain est surpris en flagrant délit de masturbation à l’école. Dès lors, ses parents s’intéressent davantage à la sexualité de leurs proches : de leur fille adoptive qui vient d’entamer une relation fusionnelle, de leur fils aîné qui se garde bien de révéler sa prédilection pour les plans à trois, du grand père qui fait appel à une prostituée depuis la mort de sa femme, et surtout de Romain, qui s’apprête enfin à franchir le pas avec sa camarade de classe Coralie.
Critique de Tootpadu
Le respect que nous éprouvions jusqu’à présent pour l’œuvre de Jean-Marc Barr et Pascal Arnold n’était pas basé sur leur savoir-faire formel. Les derniers adhérents du club Dogme ’95 qui prône un minimalisme exacerbé, le tandem de réalisateurs se démarque plutôt par sa liberté de ton dans le traitement de sujets, autour desquels le reste de la profession tourne frileusement. La représentation de la sexualité – entre autres thèmes à fort potentiel polémique – selon une démarche politiquement correcte ne les a jamais intéressés, pas plus que la défense d’un code d’honneur moral qui est censé rassurer le spectateur dans son mode de vie consensuel. Leurs films à petit budget, désormais au nombre de six, n’ont jamais fait se déplacer les foules, ni à une ou deux exceptions près attiré des comédiens de renom, mais ils constituent le genre de voix complémentaire sans laquelle le cinéma français serait clairement plus pauvre et terne. Cette liberté de l’expression sociale dans laquelle Barr et Arnold sont doucement devenus maîtres impose par conséquent une certaine responsabilité envers un public assez confidentiel et libre penseur, surtout vu le titre pragmatique de ces chroniques sexuelles avec une ambition d’actualité assumée.
Quelle déception du coup de se retrouver face à un film si maladroitement pédagogique, mou de la bite – puisque les séquences non censurées seront réservées à la version moins « sensuelle » diffusée sur les chaînes payantes – et globalement d’un ennui mortel ! Trop sage pour être un porno, trop superficiel pour apporter quoique ce soit à la discussion sur la sexualité à tout âge, qui est dans le meilleur des cas menée à fleurets mouchetés sur les forums publics, ce film ne ressemble à rien qui pourrait nous exciter ou au moins nous interpeller. A l’image de ces documentaires mal ficelés que l’on passait à notre époque en cours de biologie pour introduire aux élèves les plus farouches les bases de la sexualité sans trop brusquer la pudeur des enseignants, Chroniques sexuelles d’une famille d’aujourd’hui a la très fâcheuse tendance à tourner autour du pot, ou plus précisément à enchaîner les scènes de cul filmées presque cliniquement sans leur attribuer une finalité dramatique tangible.
Tous les personnages s’envoient ainsi mécaniquement en l’air, sans qu’en découle pour le spectateur une quelconque jouissance érotique ou, par défaut, intellectuelle. Il n’est certes pas facile d’exprimer en termes cinématographiques les sommets qui peuvent être atteints par des rapports sexuels bien faits, ni de parler tout simplement de l’intimité dans le cercle familial. Que les deux réalisateurs y échouent assez lamentablement n’est donc pas un drame aux proportions tragiques. Mais nous étions quand même en droit de nous attendre à quelque chose de plus substantiel et charnu de leur part, bien que le but principal du film ait sans doute été de banaliser la sexualité, au lieu de la célébrer gaiement comme le faisait John Cameron Mitchell dans le magnifique Shortbus !
Vu le 10 avril 2012, à la Salle Gaumont - Louis Feuillade
Note de Tootpadu: