Contre-espionnage à Gibraltar
Titre original: | Contre-espionnage à Gibraltar |
Réalisateur: | John Guillermin |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 101 minutes |
Date: | 01 octobre 1959 |
Note: | |
Au printemps de l'année 1944, les Alliés se préparent à l'invasion du continent pour repousser définitivement l'ennemi nazi. Les services secrets britanniques tentent alors une ruse pour détourner l'attention des Allemands de la zone certaine du débarquement, en Normandie. Ils envoient un acteur, qui dispose d'une ressemblance frappante avec le général britannique Montgomery, inspecter les troupes en Afrique du Nord, afin de faire croire à l'ennemi qu'une invasion par le sud se prépare.
Critique de Tootpadu
La ruse de faire passer un sosie pour une personnalité afin de gagner du temps est un dispositif courant dans la fiction. Le dernier exemple marquant du côté comique était Président d'1 jour, où un homme ordinaire changeait le destin de son pays en assumant par accident le rôle de chef d'Etat. Dans ce film britannique très solide, l'élaboration du plan dure pratiquement aussi longtemps que son exécution.
Mais c'est justement cette mise en place minutieuse qui prépare parfaitement le terrain pour les aléas de plus en plus dangereux de la mission. Le spectateur se prend avec un tel plaisir au jeu de l'imposteur officiel, parce qu'il a eu le temps de connaître les joies et les peines du personnage, et des agents qui ont concocté le plan. Rien de trop sophistiqué ne se trouve au sein du scénario serviable, mais ce sont les petits détails qui intriguent et qui rendent le récit vivant. Le sarcasme du chef de l'opération - un Cecil Parker toujours aussi brillant - ou le machisme de l'agent - John Mills, d'une solidité à toute épreuve - ne font nullement avancer l'intrigue, mais ils apportent une touche d'humanité précieuse à l'histoire, tout comme les névroses typiques pour chaque acteur qui se respecte. Toutefois, c'est le jeu de Clifton James dans son propre rôle qui est le plus bluffant, au point de faire oublier que le comédien tenait là son unique rôle à l'écran.
La mise en scène de John Guillermin n'a jamais affiché des aspirations de prouesses visuelles, mais le style conventionnel du réalisateur est tout à fait adéquat ici. Parfois, il reste un peu trop attaché aux conventions élémentaires, comme lors des gros plans qui sont censé indiquer une montée de tension, mais dans l'ensemble, il solidifie une fois de plus son statut d'artisan très honnête. De même, les rythmes militaires de la musique de John Addison anticipent agréablement sa partition la plus emblématique, celle d'Un pont trop loin.
Un de ces films divertissants et plaisants que vise si adroitement le vieil adage selon lequel "on n'en fait plus des films comme ça de nos jours" !
Vu le 26 janvier 2007, à la Cinémathèque Française, Salle Georges Franju, en VO
Note de Tootpadu: