John Carter

John Carter
Titre original:John Carter
Réalisateur:Andrew Stanton
Sortie:Cinéma
Durée:132 minutes
Date:07 mars 2012
Note:
En 1881, le jeune Edgar Rice Burroughs est convoqué par son oncle, l’ancien capitaine John Carter. A son arrivée, il apprend que cet explorateur excentrique est soudainement décédé et qu’il lui a laissé toute sa fortune, ainsi qu’un journal comprenant le récit improbable de ses voyages. Par accident, le héros de la guerre de Sécession avait en effet été téléporté sur la planète Barsoom, où il a été capturé par les Tharks, avant de combattre aux côtés de la princesse Dejah Thoris dans la guerre, qui oppose la ville d’Hélium à celle de Zodanga.

Critique de Tootpadu

Le règne de Pixar touche à sa fin. Comment interpréter sinon les signes avant-coureurs d’un déclin prochain que sont sans aucun doute le départ des réalisateurs fidèles vers des films de fiction plus ou moins ambitieux et la baisse continue de la qualité des films d’animation, qui s’est soldée cette année par une première exclusion des Oscars ? Il était bien sûr illusoire de penser que la maison-mère de l’animation par ordinateur allait poursuivre éternellement sur sa lancée longtemps sans faute, en dépit de la volonté forcenée d’innover et de s’adapter qui distingue, pour le meilleur et pour le pire, l’état d’esprit Disney. Mais cette abdication artistique – qui sera tôt ou tard suivie par un désaveu du public – arrive néanmoins à une vitesse étonnante. Tandis que le nouveau départ de Brad Bird chez Paramount était des plus prometteurs, dans les limites toutefois d’un énième redémarrage de la série Mission : impossible, celui de son confrère Andrew Stanton, par ailleurs le dernier à avoir su nous enthousiasmer pour une production Pixar grâce à Wall-E, n’est rien d’autre qu’une grosse déception.
Il est bien connu que les films de fiction produits par Disney sont principalement destinés à un public familial, sans autre exigence formelle que de divertir par une recette si archaïque qu’elle aurait pu être imaginée par l’oncle Walt en personne. Dans le meilleur des cas, ils nous donnent l’impression trompeuse que le monde n’est pas si méchant que cela, et qu’il suffit d’avoir un animal de compagnie gentil et drôle pour se sentir moins seul. Mais quand cette vacuité esthétique et narrative tourne en rond, au point de devoir se rabattre sur le recyclage éhonté de toutes sortes de formules éprouvées ailleurs pour subsister, comme dans le cas de John Carter, il en résulte un agacement considérable. La référence littéraire à Edgar Rice Burroughs, auteur entre autres du « Cycle de Mars » et de « Tarzan », laborieusement intégrée dans un récit qui met une vingtaine de minutes avant de démarrer réellement, est ainsi une pauvre excuse pour nous importuner avec un mélange sans saveur de tous les aspects négatifs de Star Wars et de Prince of Persia Les Sables du temps de Mike Newell.
Comme l’adaptation fade du jeu vidéo, ce voyage dans le temps et l’espace collectionne vaguement des symboles mythiques censés conférer un aspect plus sérieux aux gamineries pseudo-ésotériques, qui étaient déjà risibles il y a trente ans sous le titre Le Choc des Titans de Desmond Davis. L’amalgame des références, encore passablement divertissant dans le remake de ce film-là par Louis Leterrier, devient vite affligeant ici, faute d’une unité narrative capable de créer quelque chose de cohérent et d'engageant. Pendant que les acteurs cabotinent à volonté et que le maître des plagiaires musicaux Michael Giacchino pique autant chez Maurice Jarre et sa partition de Lawrence d’Arabie qu’il l’avait fait précédemment dans les thèmes bondiens de John Barry, nous n’avons plus qu’un souhait : que ce spectacle navrant se termine rapidement. Hélas, même de cet acte de miséricorde ce film assez pénible est incapable, puisqu’il traîne au bout de plus de deux heures l’intrigue jusqu’à une fin, qui ne nous a apportés aucune satisfaction.
Il ne s’agit certes que d’un produit dérivé de ce studio autrefois exemplaire qu’est Pixar. La perspective de le voir consciemment s’abaisser au niveau des productions les plus vilaines de Jerry Bruckheimer n’augure pourtant rien de bon pour l’avenir de cet ancien innovateur dans le domaine de l’animation, autant à l’aise du côté des prouesses techniques que de celui de la narration intelligente. Espérons qu’un hypothétique succès tonitruant de ce film tout à fait dispensable ne le confirmera pas dans sa voie de devenir une machine à pop-corn sans âme, ni scrupules, ni – et c’est certainement cela le pire – pertinence.

Vu le 22 février 2012, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO

Note de Tootpadu: