Wall-E

Wall-E
Titre original:Wall-E
Réalisateur:Andrew Stanton
Sortie:Cinéma
Durée:98 minutes
Date:30 juillet 2008
Note:
En ce 29ème siècle, Wall-E est le dernier être vivant sur Terre. Laissé pour ranger les déchets par une humanité, qui a abandonné la planète complètement polluée depuis sept-cents ans, ce petit robot remplit sa tâche avec une curiosité grandissante. Pas question de compacter les objets les plus curieux qu'il trouve pendant ses longues journées de travail, et qu'il ramène chez lui le soir. Mais Wall-E se sent seul et il rêve du grand amour. Il croit l'avoir trouvé, lorsque la sonde EVE est lâché sur Terre pour une mission secrète. D'abord intimidé par les prouesses techniques d'EVE, Wall-E n'hésitera pas de la suivre dans l'espace pour lui déclarer son amour.

Critique de Mulder

Attention, ce film est le premier chef d'œuvre de cette année (le second étant The Dark Knight Le Chevalier noir)! Tout ici, du scénario, de la réalisation, de l'animation, absolument tout est digne d'un pur génie. On savait depuis longtemps que Pixar était le studio d'animation le plus parfait qui soit, une usine sans fin à rêves. De film en film, ils arrivent à rendre aux spectateurs adultes leur âme d'enfant !

Ce film d'animation de science fiction est tout à la fois poétique, émouvant et drôle. L'histoire contée témoigne d'un équilibre idéal entre l'image, le mouvement et le son pour un résultat à la fois beau, émouvant et compréhensible par tous. On ressort de ce film délicieusement diverti et interpellé comme rarement sur le sort de l'humanité. Wall-E est en quelque sorte le film de la maturité de Pixar, car tout ici est particulièrement ambitieux, subversif et adulte.

Quant à la première demi-heure ne comportant pas une ligne de dialogue, elle fait appel à notre moi profond et elle est bouleversante. Wall-E nous renvoie à notre image et notre vision de la réalité, la routine de notre travail, le fait que nous collectionnons tous ce que nous apprécions le plus (comics, dvds, séries) et que, lorsque nous nous retrouvons face à la femme de notre vie, nous nous rendons souvent compte qu'elle est trop bien pour nous. Alors, nous sommes prêts à tout pour attirer son attention, lui dire que l'on est là, certes imparfaits, mais avec un cœur pur. Wall-E, faisant tout pour attirer l'attention de EVE, témoigne d'un vrai génie de la part du scénariste et réalisateur Andrew Stanton (retenez bien ce nom car ce réalisateur est un des plus grands actuellement).

Enfin, Wall-E mérite sans conteste sa place comme l'un des plus beaux personnages créés par Pixar. Ce film nous touche au plus profond et nous quittons ce personnage avec l'attente de le retrouver dans une suite ou de revoir, encore et encore, ce pur chef-d'œuvre d'animation et de réflexion !

Ce film nous montre bien que notre société de consommation poussée à son paroxysme nous conduira à l'état de larve incapable de ne faire autre chose que de consommer toujours plus. Les humains apparaissent ainsi avant l'arrivée de Wall E comme des personnes ne marchant plus, collées à leur écran et consommant encore et encore au point de devenir obèses et incultes. C'est en cela le message le plus adulte et important que l'on ait pu voir dans un film d'animation.

Enfin, Pixar profite de ce film pour rendre hommage à l'un des génies de notre siècle Steve Jobs. Wall E a ainsi gardé un ipod vidéo dans sa modeste demeure et certains bruits de ce film rappelleront le bruit de certains Macs.

A noter aussi l'excellent dessin animé Fausto avant ce film, avec son lapin magique et un humour jubilatoire.

Vu le 1er août 2008, au Gaumont Disney Village, Salle 1, en VF

Note de Mulder:

Critique de Tootpadu

Fort d'un catalogue de désormais neuf films, le studio Pixar arrive toujours à innover. Alors que les trouvailles visuelles sont une fois de plus sans reproche, c'est surtout du côté narratif que Wall-E emprunte un chemin, qui romp avec l'ironie enjouée des films précédents, pour créer une vision assez sombre de l'avenir de l'humanité. Finis les clins d'oeil complices en direction de la société de consommation américaine, et place à une mise en garde bien plus sérieuse, que la fin plutôt consensuelle et l'histoire d'amour à l'eau de rose ne le laissent supposer. Faute de référent clair pour une société du futur lointain, les scénaristes du film s'aventurent dans une prophétie pessimiste pour la race humaine, qui n'est pourtant que la conclusion logique de certaines dérives déjà à l'oeuvre de nos jours.
Il n'est en effet guère étonnant que la majeure partie du film, une fois que les deux héros ont quitté la Terre, n'ait point fait partie du matériel promotionnel du film. Le portrait acerbe que le film dresse de la société de consommation parfaite du futur, ressemble trop à l'idéal d'une certaine classe sociale actuelle, prête à abandonner ses droits et ses devoirs en échange d'une vie exclusivement au service d'une obésité physique et mentale. Le scénario n'y va pas par quatre chemins pour se moquer avec virulence des Américains incultes, volontairement ignorants et gourmands de repas interchangeables. Cette veulerie généralisée de l'Américain du futur contraste par ailleurs curieusement avec les personnages français, pour la plupart fins, du film précédent de Pixar, Ratatouille. Enfin, l'état mental des personnages humains, complètement obnubilés par le monde virtuel, n'est que la suite tristement logique et lucide de comportements déjà observés de nos jours, comme l'obsession de se plonger dans son téléphone portable au lieu d'établir des échanges réels.
Le traitement de l'histoire d'amour est tout aussi astucieux que la critique à peine larvée de la société de consommation, polluante et autosuffisante. L'obstination désespérée de Wall-E d'attirer l'attention d'EVE est ainsi aussi touchante que désolante. En gros, le personnage court contre toute raison, d'une manière quasiment obsessionnelle, après un idéal de l'amour qu'il s'est inculqué lui-même à partir d'une comédie musicale. La nature factice de cette quête sentimentale est encore accentuée par la réponse froide et distanciée de la part d'EVE. Par ailleurs, c'est cette dernière qui occupe la place forte dans le couple, au détriment d'un petit maladroit, obstiné et attachant, certes, mais également influençable et névrosé.
Enfin, comment ne pas aimer un film qui affiche une adulation aussi insistante pour Hello, Dolly !, un de nos péchés mignons filmiques et une comédie musicale, qui véhicule un idéal de l'amour au moins aussi artificiel que ce film d'animation remarquable !

Vu le 6 août 2008, au Max Linder, en VO

Note de Tootpadu: