
Titre original: | Forces spéciales |
Réalisateur: | Stéphane Rybojad |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 109 minutes |
Date: | 02 novembre 2011 |
Note: | |
La journaliste Elsa Casanova est enlevée en Afghanistan par le chef de guerre Zaïef sur lequel elle enquête depuis plusieurs mois. Immédiatement alerté par les autorités françaises, le commando des forces spéciales sous l’ordre de Kovax se met en route pour le Pakistan, où il doit mener une mission de reconnaissance, afin de savoir où Elsa et son assistant Amin sont tenus captifs. Face à l’agressivité manifeste de Zaïef, le gouvernement français décide à la dernière minute d’autoriser Kovax et ses cinq soldats de procéder à l’extraction des personnes retenues en plein territoire tribal, difficile d’accès et sous le contrôle de l’ennemi.
Critique de Tootpadu
Depuis que les champs de bataille se situent sur un terrain plus ou moins virtuel, les forces spéciales d’intervention des différents pays, hautement entraînées et discrètement efficaces, sont les derniers vestiges des guerriers héroïques d’antan. Désormais, les conflits d’influence et d’intérêt qui agitent l’équilibre international ont le plus souvent trouvé d’autres soupapes pour relâcher la tension que l’agression belliqueuse, qui peut aller jusqu’à l’invasion d’un autre pays. Dans ce contexte en apparence pacifique, où les chômeurs et les pauvres ont docilement remplacé les morts à la guerre, il existe cependant un théâtre d’opérations parallèles, plus ciblées et généralement effectuées à l’insu de la population, à moins qu’il ne s’agisse d’un grand coup riche en retombées de propagande, comme la capture et l’exécution d’Oussama ben Laden. Rien que pour tenir compte de cette autre réalité soigneusement cachée et de ces hommes et de ces femmes qui font le sale boulot pour que la machine que nous appelons notre civilisation ne se détraque pas irrémédiablement, les incursions plutôt clairsemées du cinéma dans ce territoire miné devraient susciter un minimum de respect. Hélas, leurs qualités filmiques généralement catastrophiques font que l’on peine encore et toujours à prendre au sérieux ce sous-genre du film de guerre à l’ancienne.
Comme ce fut déjà le cas plus tôt cette année dans L’Assaut de Julien Leclercq qui évoquait, lui, les exploits héroïques du GIGN, le premier film de Stéphane Rybojad ressemble désagréablement à une publicité de recrutement pour l’armée française. Exclusivement tributaire d’un point de vue formel de l’esthétique tape-à-l’œil d’un Michael Bay, avec en prime quelques accents faussement folkloriques dignes d’un Ridley Scott en petite forme, Forces spéciales cache très mal la vacuité de son fond par l’agitation incessante de sa mise en scène bancale. En effet, la narration ne réussit pratiquement jamais à s’extraire de l’optique d’un jeu vidéo bourrin pour s’attarder sur des choses aussi peu importantes qu’une véritable tension dramatique ou des personnages qui seraient plus que des caricatures ambulantes, sorties tout droit des films d’aventure les plus superficiels.
La distribution plutôt prestigieuse, qui compte entre autres Djimon Hounsou, Raphaël Personnaz, et Mehdi Nebbou dans ses rangs, a ainsi beau supporter toutes les épreuves inhérentes à un tournage sur le toit du monde, leur effort n’est nullement mis en valeur par un récit, qui ne connaît que le montage épileptique, les mouvements de caméra insensés, et les dispositifs les plus éculés, comme le ralenti en toute circonstance, pour conter une histoire malheureusement risible sur ces guerriers des temps modernes, qui auraient certainement mérité un monument cinématographique plus sincère et glorieux que ce charcutage assez immonde.
Vu le 15 novembre 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 16
Note de Tootpadu: