
Titre original: | Assaut (L') |
Réalisateur: | Julien Leclercq |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 91 minutes |
Date: | 09 mars 2011 |
Note: | |
Le 24 décembre 1994, un avion d’Air France à destination de Paris est pris en otage sur l’aéroport d’Alger par quatre terroristes, qui se réclament du GIA. Alors que les pourparlers avec les preneurs d’otages se déroulent dans un climat extrêmement tendu, le GIGN se prépare à intervenir pour libérer l’avion, soit sur le sol algérien, soit en France. Au ministère de l’intérieur, la technocrate ambitieuse Carole Jeanton mène l’enquête sur les intentions des terroristes. En même temps, le gendarme Thierry se porte volontaire pour mener l’assaut, au cas où les négociations devaient échouer.
Critique de Tootpadu
Nos souvenirs de la prise d’otages de Noël 1994, peu de temps après notre arrivée en France, sont trop vagues pour qu’on y attache un investissement émotionnel particulier. Vu rétrospectivement, cet événement marquant représente cependant le coup d’envoi d’une nouvelle ère du terrorisme, dont le point culminant est pour l’instant l’attaque du World Trade Center sept ans plus tard. Aussi ordinaire l’intervention des forces de l’ordre pour maintenir le statu quo a-t-elle dû paraître à l’époque, cet acte de héroïsme comptait parmi les dernières victoires contre des éléments subversifs, qui avancent désormais à visage masqué. De nos jours, les unités spéciales arrivent certes à démanteler quelques réseaux avant que ceux-ci ne passent à l’acte. Mais dans l’ensemble, ces hommes lourdement armés deviennent de plus en plus la réponse impuissante de la république, face à un terrorisme qui choisit presque ses cibles en les narguant.
Même un constat aussi sommaire et peu recherché, politiquement et socialement parlant, le deuxième film du réalisateur Julien Leclercq n’arrive pas à le soutenir. Les implications historiques après tout pas négligeables passent en effet à la trappe, au profit d’un film d’action bourrin et sans saveur. La dimension humaine s’y résume à quelques plans de la femme de Thierry, morte d’inquiétude pour son mari dans la ligne de mire, maladroitement intégrés au fil narratif artificiellement musclé. Le son tonitruant, la palette de couleurs limitée aux tons noirâtres, et la bande originale atrocement larmoyante agissent comme des béquilles formelles peu solides à un récit, qui prétend s’inspirer du style de Paul Greengrass, mais qui n’est en réalité qu’une copie insipide des films les moins visionnaires de Ridley Scott.
L’écartèlement de l’intrigue en trois fils distincts ne rend pas non plus service à L’Assaut. Entre la situation délicate à bord de l’avion, dont nous ne ressentons pourtant jamais l’atmosphère suffocante, et les manœuvres politiques entreprises à Paris qui dressent un portrait très flou de la réponse officielle face à l’urgence, celui qui est sans doute censé être le personnage principal, Thierry, est réduit à quelques signes d’une migraine sans suite, qui ne mettra nullement en question son héroïsme. Autant dire que – même en dehors de la pauvreté de son fond – ce film ne sait point nous séduire par une forme suffisamment travaillée pour faire oublier sa démarche bêtement opportuniste.
Vu le 3 février 2011, à la Salle Pathé Lamennais
Note de Tootpadu: