
Titre original: | Crazy stupid love |
Réalisateur: | Glenn Ficarra, John Requa |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 118 minutes |
Date: | 14 septembre 2011 |
Note: | |
Après vingt-cinq ans de mariage, Cal Weaver tombe des nues quand sa femme Emily lui annonce qu’elle veut divorcer, parce qu’elle a couché avec un collègue. Dès lors, c’est la déroute pour Cal qui abandonne la maison familiale avec ses deux enfants, s’installe dans un studio minable, et va tous les soirs au bar pour se soûler et se lamenter haut et fort de ses problèmes personnels. Dans le même établissement, le tombeur de femmes invétéré Jacob Palmer exerce son pouvoir de séduction sans faille pour emmener ensuite ses plus belles conquêtes chez lui, dans son nid d’amour. Il a pitié de Cal, ce pilier de bar mal habillé et mal-en-point, et lui propose de retrouver ensemble sa part de virilité qu’un quart de siècle de monogamie lui a fait perdre.
Critique de Tootpadu
Après l’humour au trait forcé et nullement amusant de leur premier film, les réalisateurs Glenn Ficarra et John Requa ont su, contre toute attente, nous subjuguer avec leur deuxième, un récit de divorce pas entièrement sérieux, qui mélange avec une adresse remarquable les moments tristes et hilarants. La montagne de clichés sous laquelle I love you Phillip Morris s’était lâchement écrasé il y a près de deux ans se transforme ici en une pépite d’or, qui brille moins par son originalité que par son habilité à conjuguer les différents fils de l’intrigue à travers un détournement presque délicat des passages obligés d’une comédie, soumise aux impératifs de vulgarité en cours actuellement. Contrairement aux films précédents de Steve Carell, Crazy, stupid, love. n’est en effet pas un « one man show » taillé sur mesure pour satisfaire le penchant pour l’autodérision du comédien, qui devient ennuyeuse à force de se répéter. Le scénario multiplie davantage les personnages et leurs préoccupations légitimes, afin d’aboutir à une intrigue chorale étonnamment sympathique et divertissante.
Au lieu de rester collé exclusivement devant le malheur du père de famille, dépouillé du jour au lendemain de son bonheur conjugal, la narration s’emploie à relativiser ce cataclysme personnel en l’intégrant dans une série de quêtes romantiques pas moins ambiguës. Que ce soit le fils adolescent de Cal ou la jeune avocate exigeante, chacun des personnages a le privilège d’être traité à la fois comme un être humain forcément perfectible et comme le digne représentant d’un poncif de la comédie américaine populaire. Ainsi, il est question ici de branlette en douce, de photos de cul, de bites qui pendent, et de toutes sortes d’exploits sexuels évoqués crûment. Contrairement aux films destinés à un public immature, que pareil humour potache fait rigoler bêtement, celui-ci n’étale pas avec ostentation une vulgarité gratuite. Il s’en sert plutôt pour enraciner les personnages dans un semblant de réalité, nécessaire justement pour éviter au récit de devenir un conte volontariste à l’eau de rose au relent de pipi-caca.
Même si l’on n’échappe pas à une conclusion assez consensuelle et que la révélation principale de la dernière partie du film s’apparente plus à une tentative forcée de réunir coûte que coûte tous les personnages qu’à l’établissement crédible d’un lien de parenté resté pendant longtemps dans l’ombre, il émane un sens sincère de complicité et de camaraderie de ce film, qui est largement absent de la plupart des œuvres comparables, doucement moqueuses, voire méchamment cyniques. La distribution en tous points parfaite apporte la touche finale pour rendre ce film non seulement divertissant et amusant, mais aussi suffisamment intelligent pour qu’il puisse prétendre à être une relecture subtile de tout ce qu’il existe de potentiellement indigeste dans les comédies américaines pubères.
Vu le 3 octobre 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 21, en VO
Note de Tootpadu: