Attack the block

Attack the block
Titre original:Attack the block
Réalisateur:Joe Cornish
Sortie:Cinéma
Durée:88 minutes
Date:20 juillet 2011
Note:
Un soir de fête dans la banlieue de Londres, le gang de l’adolescent Moses agresse l’infirmière Sam, qui était en train de rentrer chez elle. Alors que leur victime ne leur oppose pas trop de résistance, les jeunes délinquants sont distraits par un corps céleste, qui s’écrase tout près dans une voiture. Il s’agit d’une petite bête extra-terrestre, que Moses et ses amis prennent en chasse, avant de l’achever sauvagement. Fiers de leur trophée, ils se vantent de leurs exploits dans toute la cité, jusqu’à ce que d’autres énergumènes d’une planète lointaine débarquent. Ceux-ci s’avèrent infiniment plus féroces et difficiles à maîtriser que leur prédécesseur.

Critique de Tootpadu

Le cinéma anglais se borne essentiellement à représenter de deux façons la jeunesse désœuvrée, qui a fait parler d’elle pas plus tard que cette semaine avec une nouvelle vague de violence gratuite contre laquelle les pouvoirs publics se sont montrés une fois de plus impuissants. Soit ils sont les héros tragiques de contes sociaux bien intentionnés et globalement bien exécutés, à condition d’être mis en scène par les chefs de file Mike Leigh et Ken Loach, soit on s’octroie le droit de s’en débarrasser comme d’une vermine gênante et moralement inférieure, à travers de la propagande réactionnaire déguisée en croisade de justicier solitaire, dont Harry Brown de Daniel Barber a été l’exemple le plus récent. La réalité se trouve sans doute quelque part à mi-chemin entre ces deux extrêmes idéologiques. Comme souvent, la banalité déprimante d’une existence dépourvue de perspectives n’est hélas pas vraiment propice à des récits filmiques passionnants. L’ambition principale de Attack the block est certes de divertir, mais derrière l’apparence d’une aventure aussi abracadabrante qu’amusante se faufile un regard sur la jeunesse empreint de sympathie, quoique nullement oublieux de la cruauté dont sont capables ces jeunes laissés à eux-mêmes.
La prémisse du premier film du réalisateur Joe Cornish rappelle celle de La Horde de Yannick Dahan et Benjamin Rocher, à la différence près que ce sont ici d’étranges fauves noirs au dentier fluorescent qui envahissent la cité, contrairement aux zombies plus conventionnels dans le film français. Il n’empêche que dans les deux cas, les personnages supposés méchants et leurs adversaires doivent réunir leurs forces afin de venir à bout, ou pas, d’une invasion malsaine. Les moyens réduits mis à la disposition de la production ne limitent en rien les capacités expressives de la narration. Cette dernière s’acquitte au contraire parfaitement de l’alternance entre la tension de la course poursuite inégale entre les jeunes guère motorisés et leurs ennemis menaçants et des moments plus détendus, qui jouent habilement avec les préjugés que l’on pourrait cultiver à l’égard de la racaille des cités, sans pour autant faire de celle-ci des héros sans reproche.
En somme, ce film anglais sorti plutôt discrètement en plein été constitue un divertissement intelligent, aussi à l’aise dans la mise à contribution du décor urbain dans une chasse haletante à la bête féroce, que dans le détournement des clichés sur les jeunes issus de la banlieue qui doivent assumer ici – quelle ironie du sort – le rôle de protecteur pour lequel la police est bien trop lente et procédurière.

Vu le 11 août 2011, à l’UGC Forum Orient Express, Salle 4, en VO

Note de Tootpadu: