Winners (Les)

Winners (Les)
Titre original:Winners (Les)
Réalisateur:Tom McCarthy
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:31 août 2011
Note:
Le cabinet de l’avocat Mike Flaherty tourne au ralenti. La situation est si précaire qu’il craint de devoir mettre la clef sous la porte. A son grand soulagement, une dernière chance de contourner la faillite se présente en la personne de Leo Poplar, un vieillard qui commence à perdre la tête et dont Mike a été désigné comme commis d’office. Quand la cour décide de mettre Leo sous tutelle, Mike se propose pour prendre soin du vieil homme et de lui permettre de rester dans sa propre maison. En réalité, Mike n’est intéressé que par l’indemnité mensuelle qui renflouera le compte familial. Il installe Leo dans un foyer et pense que l’affaire est réglée, quand Kyle, le petit-fils insoupçonné de Leo, fait son apparition. Par défaut, Mike veillera également sur cet adolescent à problèmes, qui fait pourtant preuve d’une technique sportive remarquable en tant que lutteur, dans l’équipe que son nouveau père de substitution entraîne pendant son temps libre.

Critique de Tootpadu

Il fallait bien que la série des films magnifiquement touchants avec laquelle le réalisateur Tom McCarthy avait su nous subjuguer jusqu’à présent s’arrête un jour. L’œuvre d’aucun cinéaste n’est exempte de petites baisses de régime et d’inégalités. Celles-ci permettent justement de reconnaître l’accomplissement sur la durée et la récurrence de thèmes personnels majeurs, à travers le mouvement cyclique des coups de maître et de films relativement mineurs. Ce qui ne signifie nullement que le troisième film du réalisateur de The Station agent et de The Visitor représente un ratage complet, mais simplement qu’il n’a pas réussi à susciter chez nous le même degré d’émoi et de prise de conscience que ses contes sociaux précédents.
Pourtant, le réalisateur porte toujours la même attention aux personnages ordinaires, qui doivent affronter des situations guère exceptionnelles, mais néanmoins assez inhabituelles pour bousculer le statu quo. L’avocat surmené des Winners n’est pas si différent du professeur Walter Vale ou de Finbar par son désir de régler ses problèmes sans faire de vagues et sans se confier à ses proches pour solliciter de l’aide. Si la présence dans sa vie de l’adolescent dépeint d’une façon un peu trop caricaturale sert à quelque chose, c’est bien à lui permettre de faire table rase avec sa femme et d’admettre que ses magouilles opportunistes ne visaient qu’à préserver le bonheur de sa famille petite-bourgeoise. Il y parviendra à la dernière minute, mais exclusivement au prix de la reconnaissance de sa propre impuissance. Toute l’agitation qui a précédé le compromis final, qui paraît convenir à tout le monde, aurait ainsi pu être évitée, si seulement Mike avait été plus franc avec sa femme.
Le problème principal de cette histoire douce-amère se situe précisément dans sa volonté de vouloir en faire trop, au lieu de laisser la simplicité et la beauté des sentiments humains guider l’action pas toujours raisonnable des personnages. Tandis que le meilleur ami du protagoniste, interprété par Bobby Cannavale, constitue l’aspect le plus exaspérant de cet empressement de cacher le malaise existentiel derrière la façade d’une bonne humeur factice, Amy Ryan dans le rôle de l’épouse pragmatique apporte une petite touche de chaleur maternelle, qui est hélas autrement absente du film.
La construction scénaristique alambiquée et l’aspect visuellement guère attrayant de la lutte – sans oublier le rappel constant que le héros n’est au fond qu’un minable escroc – empêchent le film de nous faire partager la compréhension profonde de l’âme humaine, dont nous savons pertinemment Tom McCarthy capable. L’heure n’est pas encore à la crainte d’une dégringolade imminente de ce jeune réalisateur vers le cynisme à la Alexander Payne, même s’il commence déjà par emprunter deux de ses acteurs fétiches, Paul Giamatti et Margo Martindale. Mais cette histoire relativement émouvante sur une famille recomposée n’affiche plus la même pureté humaine, qui avait rendu le début de sa carrière si prometteuse.

Vu le 7 juillet 2011, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: