Bullitt

Bullitt
Titre original:Bullitt
Réalisateur:Peter Yates
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:26 mars 1969
Note:
Johnny Ross, un des membres haut placés du crime organisé de Chicago, arrive à San Francisco pour y témoigner devant une commission d'enquête du sénat. Le politicien ambitieux Walter Chalmers compte sur cet événement et son participant clé pour gagner en popularité et influence. Il confie alors la protection de Ross pendant le week-end à Frank Bullitt, un officier de police recommandé à Chalmers par ses supérieurs. Ross tombe victime d'une fusillade la nuit après son arrivée et il se trouve entre la vie et la mort à l'hôpital. Tandis que Chalmers veut à tout prix obtenir son témoignage et se défausser sur Bullitt en cas de disparition, la priorité de ce dernier est la traque et l'arrestation des tueurs professionnels impliqués.

Critique de Tootpadu

Les films que l'on considère communément comme "classiques" gagnent parfois cette distinction nébuleuse pour de mauvaises raisons. Ainsi, Bullitt est resté avant tout dans la mémoire de nombreux cinéphiles pour sa course de voitures spectaculaire, un exploit de dix minutes qui a justement été récompensé par l'Oscar du meilleur montage. Pour l'anecdote, aucun film n'a reçu seulement l'Oscar dans cette catégorie depuis, c'est-à-dire depuis bientôt quarante ans ! Même si cette séquence gardera toujours sa place de digne précurseur des compétitions de vitesse, le film en lui-même recèle encore bien d'autres qualités.
D'un ton sobre et presque détendu, Bullitt est pour nous avant tout un récit intéressant sur le travail de la police. Il n'adopte point la démarche des thrillers d'investigation typiques de son époque, qui érigeaient en vedette les différentes astuces techniques des forces de l'ordre. En effet, il est étonnant à quel point l'absence de moyens de communication sophistiqués dénote et place le film dans une époque qui paraît oh si lointaine. Mais le film ne s'avance pas non plus trop dans le sens inverse : le spectacle héroïque qui dresse le policier solitaire comme exemple à suivre. Ce lieutenant Frank Bullitt, joué avec le recul propre à Steve McQueen, est en quelque sorte un ancêtre direct, moins tendancieux et violent, de Harry Callahan et dans une perspective plus large de tous ces flics dévoués et désabusés, jusqu'au Vincent Hanna dans Heat. En plus, comment ne pas rapprocher les finales des films de Michael Mann et de Peter Yates, qui associent magistralement la désolation d'une piste d'aéroport au désarroi d'un criminel traqué ?
Mais plus encore que ce rôle de précurseur indéniable, que le film assume sans la moindre prétention, ce sont les petites nuances qui assurent sans une insistance poussive la solidité de l'oeuvre. Comme ce dernier plan qui nous montre simplement l'arme de Bullitt posée sur une table, le symbole d'un travail dangereux et brutal, voire celui d'une société tout entière séparée en deux camps, celui des riches et celui de la pègre entre lesquels la police s'active tel un messager incommode.

Revu le 6 juillet 2006, au Balzac, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: