Heat

Heat
Titre original:Heat
Réalisateur:Michael Mann
Sortie:Cinéma
Durée:164 minutes
Date:21 février 1996
Note:
Le voleur chévronné Neil McCauley est à la tête d'une bande spécialisée dans les braquages à haut risque et au butin conséquent. Lors de l'attaque d'un fourgon blindé à Los Angeles, le commissaire Vincent Hanna, chef d'une brigade contre le grand banditisme, se met à ses trousses. Le jeu du chat et de la souris s'intensifie et l'étau autour de Neil se resserre après un cambriolage avorté et un dernier grand coup qui devrait mettre ses amis et lui-même à l'abri.

Critique de Tootpadu

Déjà un classique et une des oeuvres phares de la filmographie de son auteur, ce policier pas comme les autres impressionne toujours par sa précision proche de la perfection et par l'intérêt qu'il porte à tous ses personnages. Seulement ponctué par des scènes d'action tonitruantes et pour la plupart du temps centré sur le rapport entre les bandits, les flics et leur vie quotidienne, le film delaisse en effet tout moralisme pour montrer une image assez pessimiste et humaine de l'univers qu'il dépeint.
Tout n'est que désarroi et un bricolage désespéré pour maintenir un minimum de sentiment dans des relations minées par la distance et les tentations de l'argent. Mann laisse le temps à chacun de ses personnages de gagner en personnalité, d'aspirer au niveau de l'être humain dans toute son imperfection. De l'ex-détenu qui est tenté de quitter son emploi légal, mais abusif - un petit rôle auquel il manquerait toute profondeur dans un film moins consciencieux - aux deux combattants solitaires qui sacrifient tout à la recherche de la satisfaction professionnelle, peu importe qu'elle renforce ou enfreint la loi, il n'y a pas un seul rôle qui soit traité par dessus la jambe. Le duel psychologique entre McCauley et Hanna occupe véritablement le centre nerveux et émotionnel du film, avec une périphérie travaillée qui montre sans équivoque les conséquences directes et indirectes de leurs actes. De cette dualité naît une structure presque épique avec ses renvois et ses variations de thèmes semblables, un vaste tapis d'illusions et de déceptions qui ne peuvent mener qu'à une mort certaine, qu'elle soit physique ou émotionnelle.
La complexité des rapports évoqués tout au long du film, y compris leur subtilité qui fait passer un nombre élevé d'informations par le regard et les gestes, est exprimée de façon quasiment parfaite par une distribution hors pair. Des deux monstres sacrés, qui évoluent cependant chacun dans leur terrain avec deux rencontres savamment orchestrés dans un sens de séparation, jusqu'à des seconds rôles d'une force et d'une justesse remarquables, il n'y a pas une seule fausse note, pas un seul choix de casting perfectible.
De même, la réalisation, aidée par une photo et un montage impressionnants, crée un portrait d'une grande beauté et d'une froideur esthétique de Los Angeles. Tirant admirablement profit de l'architecture urbaine la plus fonctionnelle, Mann fait évoluer ses personnages dans un univers solitaire et sans coeur.
Enfin, les quelques scènes d'action à la bande son explosive et au montage efficace comblent notre admiration pour une oeuvre forte qui conjugue, comme pratiquement aucune autre au cours des années 1990, les sentiments contrariés et la suprématie de la précision au mépris de considérations plus humaines.

Revu le 3 août 2004, en DVD, en VO
Revu le 13 mai 2006, en DVD, en VO
Revu le 23 mai 2007, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: