Aigle de la Neuvième Légion (L')

Titre original: | Aigle de la Neuvième Légion (L') |
Réalisateur: | Kevin Macdonald |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 115 minutes |
Date: | 04 mai 2011 |
Note: | |
En l’an 220, le jeune centurion romain Marcus Flavius Aquila prend le commandement d’une garnison sur l’île britannique. Grâce à ses exploits, il espère rétablir l’honneur de sa famille, terni depuis que son père avait disparu vingt ans plus tôt avec la Neuvième Légion et son emblème : l’aigle impérial. Il réussit certes à repousser les attaquants indigènes, mais ses blessures subies pendant la bataille l’obligent à quitter l’armée romaine. Quand il apprend la rumeur selon laquelle l’aigle aurait été aperçu dans un temple païen dans le nord du pays, au delà du mur d’Hadrien, il prend la décision de pénétrer seul en territoire ennemi, afin de le ramener aux Romains. Il n’est accompagné que par son esclave Esca, à qui il avait sauvé la vie lors d’un combat de gladiateurs.
Critique de Tootpadu
Jusqu’à maintenant, le réalisateur écossais Kevin Macdonald a su se bâtir une réputation tout à fait estimable, grâce à ses documentaires passionnants et quelques films de fiction qui se mettaient entièrement au service de leur histoire, sans fioriture superflue. Après avoir fréquenté des genres aussi divers qu’un drame intimiste autour d’un dictateur africain ou un thriller médiatique avec la politique et la presse à scandale en ligne de mire, il flirte dans le cas présent avec une catégorie de films tellement désuète que ce jeune pilier du cinéma britannique a failli y laisser des plumes. L’épique Gladiator et le bruyant 300 mis à part, le péplum s’est montré aussi moribond au cours de la décennie passée qu’au fil des trente ans qui l’ont précédée. Alors qu’il serait plutôt aisé de trouver des points en commun entre la lutte pour un peu plus de liberté qui agite actuellement le monde arabe et un classique du genre comme Spartacus, ni les producteurs, ni le public ne paraissent éprouver un besoin pressant de le revisiter. Le taux faible en termes de pertinence de son histoire n’est toutefois pas le point qui pénalise le plus L’Aigle de la Neuvième Légion …
Marquant un départ sensible d’un point de vue esthétique par rapport à ses deux premiers films de fiction, sobres et conventionnels, Kevin Macdonald tente de s’improviser successivement en Ridley Scott et en Terrence Malick, avec un résultat final guère passionnant. Ainsi, la première partie du film ressemble un peu trop à un Gladiator du pauvre, avant que la palette stylistique ne bascule vers le domaine du Nouveau monde. Il n’y a évidemment rien de mal à vouloir s’inspirer de réalisateurs au vocabulaire filmique reconnaissable. Entre les mains de Kevin Macdonald, ce mélange ressemble hélas le plus souvent à un pastiche maladroit, voire prétentieux dans sa recherche des flous et des compositions de plans obstruées, au lieu de conférer un aspect poétique à la quête de l’honneur perdu de son protagoniste.
Le rôle central de Marcus Flavius Aquila n’est d’ailleurs point servi par l’interprétation de Channing Tatum. Ce dernier tente certes vaillamment d’insuffler un peu de charisme et de grandeur tragique à cet homme né sous le joug d’une disgrâce familiale, mais il se fait facilement déclasser par des rôles secondaires, comme celui de Jamie Bell et surtout celui d’un Tahar Rahim méconnaissable en prince de la tribu des Seal, dont les beaux yeux perçants expriment plus de rage et d’énergie barbare que toutes les bonnes intentions de ses deux adversaires réunis.
Vu le 15 mai 2011, à l’UGC Ciné Cité Bercy, Salle 32, en VO
Note de Tootpadu: