Accident

Accident
Titre original:Accident
Réalisateur:Joseph Losey
Sortie:Cinéma
Durée:103 minutes
Date:07 juin 1967
Note:
Le professeur de philosophie Stephen est devenu l’ami de son étudiant William, un jeune aristocrate qui s’est épris d’une autre étudiante, l’Autrichienne Anna. Le couple est impliqué dans un accident près de la maison de campagne de Stephen. Après avoir sauvé Anna et avoir constaté le décès de William, le professeur se souvient des quelques semaines avant le drame : de sa propre attirance réprimée pour Anna, alors que sa femme attendait leur troisième enfant, et de celle de son confrère Charley, un ami de la famille en instance de divorce.

Critique de Tootpadu

L’influence de l’écrivain Harold Pinter, responsable du scénario de ce lauréat du Grand Prix du jury à Cannes en 1967 mais pas du roman duquel il est adapté, est plus sensible ici que celle du réalisateur Joseph Losey. Nous ne connaissons en effet pas suffisamment l’œuvre de ce dernier, un chroniqueur par intermittences de la perversion des classes aisées, pour lui attribuer un style personnel. Le ton suffocant qui pèse sur Accident rappelle celui de L’Anniversaire de William Friedkin, une autre dissection des rapports respectables en apparence seulement entre les membres d’un certain niveau social. Tout le récit tourne ici autour de l’obsession que pratiquement tous les personnages masculins éprouvent à l’égard d’Anna, un être énigmatique qui relève plus du fantasme ambulant que de la perfection faite femme.
A travers une structure narrative plutôt alambiquée qui consiste essentiellement en un long retour en arrière – et une forme filmique qui ne l’est pas moins, avec ses nombreux plans brefs d’animaux qui s’éclipsent heureusement au fur et à mesure que l’intrigue avance –, Joseph Losey procède avec une certaine élégance à l’analyse de ces pulsions inavouables qui martyrisent en premier lieu les deux professeurs plus tout jeunes. Pour Stephen et Charley, la belle étrangère est le symbole d’une volupté et d’une allégresse qu’ils ne connaissent plus auprès de leurs épouses, le premier à cause de la grossesse avancée de la sienne, le deuxième parce que son couple a dépassé depuis longtemps le point mort. L’assouvissement de leur désir ne leur apporte pourtant aucune satisfaction, puisque l’objet de leur convoitise se dérobe à leur emprise, grâce à la présence quasiment furtive de Jacqueline Sassard, une actrice que l’on n’a par ailleurs pratiquement plus vue depuis.
Le jeu de Dirk Bogarde est déjà sensiblement plus appliqué, puisqu’il fournit ici une autre interprétation magistrale de sa grande période tourmentée, qui avait commencé réellement quatre ans plus tôt avec The Servant et qui allait se poursuivre encore pendant une décennie, par le biais de ses collaborations avec Luchino Visconti, Liliana Cavani, et Rainer Werner Fassbinder. A noter enfin deux séquences assez particulières : celle des retrouvailles entre Stephen et sa maîtresse d’alors contées à travers une voix off à l’effet étonnamment réducteur, et celle du match traditionnel au château de la famille de William, où tous ces fils de bonne famille s’adonnent à un rite assez barbare.

Vu le 25 avril 2011, au Champo, Salle 2, en VO

Note de Tootpadu: