Conviction

Conviction
Titre original:Conviction
Réalisateur:Tony Goldwyn
Sortie:Cinéma
Durée:107 minutes
Date:16 mars 2011
Note:
Deux ans après avoir été arrêté une première fois pour un meurtre qu’il nie avoir commis, Kenny Waters est condamné en 1983 à la prison à perpétuité. Son cas paraît désespéré, après que tous les recours ont confirmé le verdict initial. Mais sa sœur Betty Anne refuse de baisser les bras. Suite à une tentative de suicide de son frère, elle décide de s’investir personnellement dans la défense de Kenny. Auparavant une simple mère de famille sans diplôme, elle reprend ses études dans le but de devenir avocate et de présenter de nouvelles preuves qui innocenteraient son frère.

Critique de Tootpadu

Depuis que Hilary Swank fait partie de l’aristocratie hollywoodienne, grâce à ses deux Oscars – quoique sans la filmographie requise pour justifier une telle réputation élogieuse –, l’actrice a essentiellement réduit sa carrière à des rôles de femmes fortes. Que ce soit dans Ecrire pour exister de Richard LaGravenese ou Amelia de Mira Nair, on ne la voit pratiquement plus que dans des histoires édifiantes, le plus souvent inspirées de la réalité pour asseoir encore un peu plus l’ambition de Hilary Swank d’être de toutes les causes pour lesquelles cela vaut la peine de se battre. Sa nouvelle interprétation ne fait point exception à la règle, puisque le destin d’une femme d’origine modeste qui s’investit corps et âme dans la lutte pour innocenter son frère se prêterait facilement à une mise en question bien intentionnée du système judiciaire américain, largement perfectible.
Heureusement, la mise en scène de Tony Goldwyn fait preuve d’une sobriété inébranlable pour conter le parcours exemplaire de cette femme déterminée. Le ton du film ne se laisse à aucun moment amadouer par les nombreux revers de la croisade de Betty Anne Waters pour céder à un déversement manipulateur de sentiments. Les défaites comme les victoires sont toutes logées à la même enseigne dans le contexte d’une narration, qui insiste plus sur la durée conséquente de l’engagement de la sœur d’un assassin présumé que sur des revirements miraculeux au pathos artificiel. La banalité ambiante sied parfaitement à Conviction, qui se permet certes quelques pirouettes scénaristiques au début pour souligner que ni Kenny, ni Betty Anne ne sont des saints. Mais sa résistance à toute emphase pesante va même jusqu’à exclure la conclusion tristement ironique de l’histoire réelle, qui a vu Kenny Waters succomber à un accident de la vie courante quelques mois seulement après sa libération.
D’une solidité sans reproche, ce film ne cherche point à révolutionner un genre, auquel il appartient, bien que très peu de ses séquences se passent devant un tribunal. Les interprétations sincères et la narration appliquée de Tony Goldwyn contribuent plutôt à rendre hommage sans fanfaronnade superflue à l’idéalisme têtu d’une femme ordinaire.

Vu le 9 mars 2011, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu: