Amistad

Amistad
Titre original:Amistad
Réalisateur:Steven Spielberg
Sortie:Cinéma
Durée:148 minutes
Date:25 février 1998
Note:
En 1839, une quarantaine d'esclaves africains prennent le contrôle du navire espagnol Amistad, qui doit les transporter en Amérique. Au bout de quelques semaines d'errance sur l'océan, l'Amistad échoue sur la côte du Connecticut. Les hommes et femmes africains sont alors incarcerés et une bataille judiciaire éclate pour déterminer à qui ils appartiennent. Deux abolitionnistes, aidés par un jeune avocat, prennent la défense des futurs esclaves, menés par l'imposant Cinque.

Critique de Tootpadu

En tant que maître incontesté du cinéma commercial hollywoodien, Steven Spielberg s'est aventuré de temps en temps dans le domaine plus controversé du drame social. Depuis La Couleur pourpre il y a vingt ans, il a délaissé les grands moyens des divertissements spectaculaires environ une demi-douzaine de fois, afin d'aborder deux sujets sérieux majeurs : le racisme et la persécution des juifs. Si ces oeuvres engagées ont atteint accessoirement le but d'oscariser le réalisateur trois fois jusqu'à présent, elles démontrent surtout à quel point Steven Spielberg est un virtuose du Septième art, qui sait mettre ses capacités techniques au service d'histoires émotionnellement fortes.
Ainsi, les premières images de ce conte épique sur la libération d'un groupe d'esclaves au milieu du XIXème siècle nous plongent dans un état d'esprit de panique, de persécution et de sauvagerie qui entretient un lien étroit avec Jurasic Park. Au cours du film, Spielberg va d'ailleurs garder une liberté de ton qui contrebalance magistralement le scénario à tendance statique. La suite des différents procès garantit plutôt une sensation de répétition lassante, à laquelle remédie cependant Spielberg avec une virtuosité visuelle impressionnante. A l'exception de l'exclamation de Cinque au milieu du film, qui s'avère curieusement inadéquate, le rythme du film est en effet ponctué par tant d'instants émotionnellement chargés que les quelques faiblesses scénaristiques s'éclipsent doucement. Mieux inspiré que dans la plupart de ses autres films, Spielberg réussit ici à percer un peu du mystère humain, de sa fragilité et de sa fugacité, mais aussi de sa force et de sa noblesse. De la même manière qu'il actionne des effets spéciaux immenses avec une aisance inouïe dans ses nombreux films d'aventure, il garde une intensité émotionnelle très juste, presque modeste, dans cette ode intelligente sur la liberté.
Et puis, Amistad est d'une beauté plastique renversante, l'accomplissement parfait du style contrasté de Janusz Kaminski. A chaque plan, ses jeux de lumière nous éblouissent, tout en restant fidèles aux objectifs narratifs du film. La même chose peut être dite de la bande originale d'un John Williams toujours aussi inspiré.
Enfin, ce film a révélé Djimon Hounsou au grand public, un acteur qui transmet énormément d'émotions, de joies et de tristesses, à travers un simple regard. Au sein d'une distribution aussi prestigieuse que solide, il personnifie l'enjeu de l'affaire avec une dignité crédible que l'on trouve beaucoup trop rarement au cinéma !

Revu le 18 août 2006, en DVD, en VO
Revu le 11 novembre 2009, en DVD, en VO

Note de Tootpadu: