
Titre original: | Donnant donnant |
Réalisateur: | Isabelle Mergault |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 103 minutes |
Date: | 06 octobre 2010 |
Note: | |
Constant en a marre de pourrir en prison pour le meurtre d’un banquier, qui serait selon lui un accident, puisque le coup était parti tout seul. Admis à l’hôpital suite à une attaque cérébrale, il profite d’un moment d’inadvertance de son gardien pour s’enfuir. Désormais en cavale, il s’installe sur un bateau, où Silvia, la fille adoptive de la propriétaire, Jeanne, ne tarde pas à le trouver et à le confronter. Elle menace de le dénoncer à la police, si Constant ne l’aide pas à se débarrasser de Jeanne, profondément déprimée et sourde aux souhaits d’émancipation de Silvia, depuis la mort de son mari Paolo.
Critique de Tootpadu
Qu’est-ce que c’est drôle, un accident vasculaire cérébral ! Au moins aussi hilarant que la sclérose en plaques ou la maladie d’Alzheimer … En même temps, le cinéma français n’est plus à un écart du bon goût près, depuis que Bertrand Blier a ouvert les festivités de cette rentrée cinématographique avec Le Bruit des glaçons, sa comédie consternante sur le cancer. Dans son troisième film, la réalisatrice Isabelle Mergault persiste et signe sans plus de finesse dans la veine de l’humour bien gras et des blagues, qui ne faisaient déjà pas sourire quand on les voyait venir de loin, en moyenne cinq minutes avant qu’elles ne soient proférées platement.
Il y a bien quelques vestiges misérables d’une recherche minimale sur les accidents du langage, comme cet élève peu motivé de Silvia, qui aurait préféré apprendre du judo, sauf que sa mère a feint comprendre du piano. Hélas, ce n’est pas assez pour faire subsister une intrigue, qui commence très mal avec l’affrontement caricatural entre Constant et sa future ex-femme au parloir, et qui n’adopte jamais une vitesse de croisière satisfaisante par la suite. Telle la péniche sur laquelle l’évadé a trouvé refuge, Donnant donnant piétine dans une immobilité dramatique des plus frustrantes, qui ne se voit bousculée que par des revirements aberrants, en mesure d’accomplir l’impensable : rendre le scénario encore plus crétin qu’il ne l’a été précédemment.
La mise en scène d’Isabelle Mergault patauge logiquement sans la moindre ingéniosité narrative dans cette bouillie de mauvaises idées, pour laquelle elle ne peut s’en vouloir qu’à elle-même. La sauce des riverains bien ploucs, affublés d’un couple homo péniblement rétrograde, ne prend ainsi pas plus que celle des stratagèmes très mous que Silvia et Constant imaginent pour se défaire de la vilaine belle-mère. Ce n’est qu’à la toute fin du film que les masques des jeux de mots ringards et des péripéties artificielles ont le droit de tomber, pour laisser apparaître un soupçon de sincérité dans les rapports entre les personnages. C’est trop peu, trop tard, pour nous persuader de réviser notre avis défavorable à l’égard de ce film affligeant, d’autant plus que la réalisatrice ne se prive pas du poncif formel de l’arrêt sur image pour clore son film, à des années-lumière du naturel qui avait rendu si sympathique son coup d’essai, Je vous trouve très beau.
Vu le 23 septembre 2010, au Gaumont Marignan, Salle 1
Note de Tootpadu:
Critique de Mulder
Ce troisième film de Isabelle Mergault est une petite comédie romantique, mettant en scène une mère (Sabine Azéma), sa fille (Medeea Marinescu) et leur relation avec un prisonnier échappé d'un hôpital (Daniel Auteuil). Cette comédie vaudevillesque manque de corrosivité et de mordant pour se dissocier de ces comédies, qui se déversent sur nos grands écrans à un rythme régulier. Ce n'est pas la prestation guère mémorable de Daniel Auteuil qui apportera le moindre atout à ce film. Le fait que, suite à un accident vasculaire, il se met à confondre les mots est un effet de style certes sympathique, mais qui tourne vite à court, faute d'inventivité.
Le cinéma français continue ainsi à s'illustrer par des scénarios guère enjoués et fait que le spectateur a souvent l'impression de se retrouver face à un téléfilm, dont notre petite lucarne nous abreuve. Ce film ne déroge pas à la règle et sa sortie en salle semble uniquement due à la présence de Daniel Auteuil au sein de son casting. Certes, lorsque cet acteur est dirigé par un réalisateur ou une réalisatrice aguerri(e), il se révèle un excellent comédien, comme dans 36, Quai des orfèvres et Manon des sources. Mais dans le cas de ce film, sa prestation dessert plus sa carrière qu'elle ne la revitalise.
Après un excellent premier film (Je vous trouve très beau) et un second film catastrophique (Enfin veuve), Isabelle Mergault déçoit une nouvelle fois. Les adultes de plus de cinquante ans pourraient regarder ce film avec attention, alors que les autres risquent de s'ennuyer grave.
Il est énervant au possible de voir une telle énergie de talent tourner en rond et gâchée par la faute d’un scénario plombé.
Vu le 23 septembre 2010, au Gaumont Marignan, Salle 1
Note de Mulder: