Get low

Get low
Titre original:Get low
Réalisateur:Aaron Schneider
Sortie:Cinéma
Durée:99 minutes
Date:19 octobre 2011
Note:
Depuis quarante ans, Felix Bush vit comme un reclus dans la forêt, hostile à tout contact humain. Les rumeurs les plus folles courent à son sujet et les habitants du village le considèrent comme un monstre. Sentant la mort approcher, Felix sort de son mutisme. Il demande au pasteur de lui organiser de son vivant une messe funéraire. Buddy, le jeune commercial de l’entreprise locale de pompes funèbres assiste par hasard à cette scène grotesque. Il y reconnaît la chance inespérée de faire redémarrer les affaires de son patron Frank Quinn, qui ne tarde pas à proposer ses services au vieil ermite. Celui-ci souhaite inviter tous ceux qui ont une histoire à raconter sur lui à sa fête funéraire pour le moins inhabituelle.

Critique de Tootpadu

Une fois que chacun d’entre nous sera six pieds sous terre, ce ne seront pas vraiment nos actions et notre philosophie de vie qui détermineront notre impact sur le monde, mais le souvenir que nos proches et les gens que nous avons croisés pendant notre parcours vital en garderont, d’une façon dangereusement subjective et aléatoire. A moins de croire en la vie après la mort ou de laisser une trace matérielle pérenne derrière nous, qu’elle soit de l’ordre artistique, scientifique, politique, historique, ou par dessus tout filiale, nous et notre pauvre petite existence sur Terre disparaîtront à jamais, une fois que tous ceux que nous avons pu toucher directement de notre vivant seront décédés à leur tour. De cette pensée morbide, le premier film du réalisateur Aaron Schneider, oscarisé pour son court Two soldiers, ne s’en fait le chantre que partiellement. La requête insolite de Felix Bush est moins la dernière volonté d’un homme qui veut savoir in extremis comment les autres le voient, qu’un subterfuge tordu pour tirer un trait tardif sur la raison de son raisonnement, indiquée par une maison en feu tout au début du film, par ailleurs le même genre de symbole que Jake Scott avait employé au début de Welcome to the Rileys, vu à Deauville trois jours plus tôt.
Le moteur principal de l’avancement de l’intrigue de Get low est en effet l’incertitude sur les motivations du vieil homme. Une affaire juteuse pour se débarrasser de ses terres, la sortie volontaire de l’ombre pour renouveler l’amour de son amie de longue date Mattie, ou bien le stratagème machiavélique d’un solitaire que la population avait après tout raison de considérer comme un monstre ? Toutes les hypothèses sont permises pour expliquer la volonté incongrue du protagoniste. Que l’explication finale est alors plutôt convenue, après une attente si savamment orchestrée, constitue la faiblesse principale du scénario. Se plaindre de cette fin à peine décevante serait néanmoins exagéré, vu que l’interprétation de Robert Duvall montre des facettes d’une vulnérabilité insoupçonnée justement lors de son grand discours pour faire table rase.
C’est effectivement la qualité des interprétations qui est le point fort du film, Sissy Spacek et Bill Murray en tête, qui apportent une épaisseur à leurs seconds rôles, bien au-delà de leur emploi premier de simple révélateur des secrets de Felix Bush. Quant à Robert Duvall, il trouve ici, à près de 80 ans, un rôle très digne en guise de couronnement d’une carrière longue d’un demi-siècle. Son Felix Bush n’a peut-être pas l’étoffe d’accéder au rang de ses interprétations légendaires, mais il a l’avantage de dépeindre la vieillesse avec une nostalgie dépourvue du moindre défaitisme.

Vu le 8 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu: