Welcome to the Rileys

Welcome to the Rileys
Titre original:Welcome to the Rileys
Réalisateur:Jake Scott
Sortie:Cinéma
Durée:111 minutes
Date:10 novembre 2010
Note:
Depuis la mort de leur fille Emily dans un accident de voiture, la vie de couple des Rileys ne tient qu'à un fil. Alors que Lois ne quitte plus du tout la maison depuis des années, Doug a trouvé une consolation toute relative dans les bras de la serveuse Vivian. Quand celle-ci meurt soudainement d’une crise cardiaque, Doug est désemparé. Lors d’un voyage d’affaires à la Nouvelle Orléans, il fait par hasard la connaissance de Mallory, une stripteaseuse mineure qui habite dans un taudis. Doug se sent responsable de la jeune fille et s’installe chez elle. Il prévient Lois de la prolongation imprévue de son séjour, sans s’attendre à ce qu’elle prenne le volant pour la première fois depuis longtemps afin de le rejoindre.

Critique de Tootpadu

Kristen Stewart ne cesse de nous étonner pendant ce festival du cinéma américain de Deauville. A travers sa deuxième interprétation en autant de jours, elle se défait de sa réputation ennuyeuse d’une midinette immaculée dans la série de Twilight, pour nous surprendre avec son jeu encore plus convaincant ici que dans Les Runaways. Sa stripteaseuse recueillie contre son gré par un homme, qui ne sait pas trop ce qu’il veut faire de sa vie à cinquante ans passés, est avant tout intriguée et flattée par l’attention qu’on lui porte. Elle est par contre incapable de saisir la chance que Doug lui propose et d’en tirer réellement profit. Sa relation avec son père de substitution ne peut pas fonctionner au fond, parce qu’ils se voilent tous les deux la face sur le caractère incongru de leur rencontre. Doug apporte quelques améliorations cosmétiques au quotidien de Mallory, et en contrepartie celle-ci fait un effort sur son langage. Cet échange de bons procédés ne peut cependant apporter un changement sérieux dans la vie respective du bon Samaritain et de la pute, puisqu’ils n’exorcisent pas jusqu’au bout la cause de leur désarroi existentiel : le deuil de la fille disparue ou bien une vie condamnée d’avance à la précarité tout en bas de l’échelle sociale.
Celle qui voit ce conte de fées improbable d’un œil infiniment plus pragmatique, c’est contre toute attente Lois, la femme apparemment à côté de la plaque de Doug. Initialement juste bonne à apporter quelques diversions comiques à l’état dépressif de son mari, elle progresse petit à petit au cœur de ce film touchant. Une fois qu’elle s’est défaite de ses phobies socialement handicapantes, elle prend l’affaire en main avec un naturel et une détermination qui faisaient défaut à la démarche bien intentionnée, mais maladroite, de son mari. La solidité de son couple depuis près de trente ans repose essentiellement sur la complémentarité entre ces deux personnages d’une humanité bouleversante. Melissa Leo habite ce rôle avec une sincérité désarmante, voire stupéfiante. Elle tire certes beaucoup de la force de son personnage, qui vit une seconde jeunesse grâce au comportement imprévisible de son mari, de son rapport avec ce dernier, basé sur une confiance et une fidélité prêtes à tout pardonner. Mais c’est surtout dans les moments où elle se rend compte de sa propre utilité, lors de la drague innocente au café ou dans ces instants d’une intimité maternelle avec Mallory, que le jeu magnifique de Melissa Leo prend toute son ampleur.
Sans vraiment être à la hauteur de ce tour de force, la mise en scène de Jake Scott, fils de Ridley et neveu de Tony, se démarque suffisamment des influences familiales pour convaincre. Son deuxième film ne cherche jamais les solutions faciles pour contenter son public. En toute logique, il n’y a donc pas de fin heureuse au bout du chemin que Mallory, Doug, et plus tard Lois ont emprunté ensemble. Juste un film séduisant par son ton intimiste et la crédibilité de ses personnages.

Vu le 5 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Ce festival de Deauville nous a permis de redécouvrir Kristen Stewart à travers le cinéma indépendant. Après Les Runaways, inspiré d'un moment de la vie de la rockeuse Joan Jett, elle est de nouveau au centre d'un drame, Welcome to the Rileys.

Un père de famille, ayant perdu dans un accident sa fille, trouve du réconfort auprès de sa maîtresse, laquelle décède subitement. Son couple n'arrive plus à communiquer et un voyage professionnel lui permettra de changer d'air et de se rendre à la Nouvelle Orléans. Il rencontrera dans ce film une jeune stripteaseuse d'une vingtaine d'années qu'il prendra sous sa protection au point de s'installer dans son domicile. Sa femme, ne sortant plus de chez elle depuis la mort de sa fille, osera prendre le risque de rompre cette absence de communication avec l'extérieur pour retrouver son mari. Elle fera aussi la connaissance de cette jeune demoiselle, interprétée par Kristen Stewart. Le rôle du mari revient à James Gandolfini, que la série « Les Sopranos » a révélé au public.

Ce n'est pas un hasard que l'action se déroule à la Nouvelle Orléans. Comme cette ville de la Louisiane, en pleine reconstruction depuis sa destruction par l’ouragan Katrina, cette famille reconstituée va pouvoir reprendre espoir et goût à la vie par leur rencontre. La famille est de nouveau un havre de paix, où chaque partie a besoin de l'autre. Tel le ressac de la mer, ces trois personnages vont se heurter, s'aimer, se rejeter ou se rapprocher.

Aucune trouvaille scénaristique inédite ne permet cependant à ce film de sortir du lot. Reste une bonne interprétation et un univers suffisamment paisible pour que l'on puisse prendre du plaisir.

Vu le 5 septembre 2010, au C.I.D., Deauville, en VO

Note de Mulder: