Tout va bien The Kids are all right

Tout va bien The Kids are all right
Titre original:Tout va bien The Kids are all right
Réalisateur:Lisa Cholodenko
Sortie:Cinéma
Durée:106 minutes
Date:06 octobre 2010
Note:
C’est le dernier été de Joni à la maison, avant qu’elle ne parte à l’université. Son frère cadet Laser aimerait tant faire la connaissance de leur père biologique, un donneur de sperme anonyme auquel ses mères Nic et Jules avaient fait appel respectivement dix-huit et seize ans plus tôt. Joni cède finalement face à l’insistance de son frère, même si elle craint que la rencontre avec leur père complique les derniers mois que la famille passe ensemble. Paul, un patron de restaurant à l’esprit indépendant, avait déjà tout oublié de son don. La première rencontre avec ses enfants lui fait cependant pousser des ailes paternelles. Celle avec Nic et Jules, davantage préoccupées par la démarche de leurs enfants adolescents, n’est que le début d’une saison riche en coups de cœur et en déceptions, qui ébranlera profondément l’équilibre de cette famille pas comme les autres.

Critique de Tootpadu

On ne remerciera jamais assez Lisa Cholodenko d’avoir franchi avec son quatrième film, sélectionné au festival de Deauville, un pas décisif dans l’évolution du cinéma gay et lesbien. A travers l’histoire d’une famille homo-parentale, la réalisatrice tient compte de la banalisation grandissante des couples de même sexe au cours de la décennie passée, tout au moins dans la plupart des civilisations occidentales. Ce n’est pourtant pas le côté progressiste et ouvert d’esprit de Tout va bien The Kids are allright, qui nous a subjugués en premier, mais le naturel avec lequel nous est conté ce drame familial qui ne dure qu’un été. L’absence d’une figure paternelle dans la vie des deux adolescents a certes son importance. Mais en même temps, l’intrigue du film aurait pu fonctionner presque aussi bien, si les parents de Joni et Laser avaient eu recours à l’insémination artificielle pour des raisons de fertilité. Les ressorts de la comédie aux accents dramatiques, à partir desquels le scénario de Cholodenko et Stuart Blumberg agence un récit hautement divertissant et émotionnellement engageant, n’exploite en effet à aucun moment l’homosexualité des deux mères à des fins bassement grossières.
Nous sommes donc très loin ici du portrait déplaisant d’un vieux couple gay sur le déclin dans L’Escalier de Stanley Donen. Le point de vue plus solidaire, mais toujours lourdement tragique du Secret de Brokeback Mountain de Ang Lee, fait tout autant défaut ici. Nic et Jules ne sont pas des « gouines » militantes, qui s’enfermeraient dans une vision homo-centriste du monde. Elles ne sont pas non plus les victimes consentantes d’une injustice sociale, prêtes à être sacrifiées sur l’autel de la bonne conscience hollywoodienne, où l’homosexualité est représentée le plus souvent sous l’aspect d’un choix de vie à la fois inéluctable et néfaste pour tous ceux qui osent défrayer l’ordre moral, basé sur une conception conservatrice de la famille. Si la nature du couple parental n’est jamais mise en cause ici – en dehors des périodes tempétueuses que chaque relation de longue durée traverse tôt ou tard –, elle ne constitue pas pour autant le centre nerveux du film. Ce dernier est avant tout une histoire très touchante sur la solidarité au sein d’une famille, peu importe sa composition. Que des traces subtiles du passage à l’âge adulte de Joni apparaissent en filigrane tout au long de l’intrigue ne fait que renforcer encore l’envergure universelle de l’histoire.
Pourtant, la réalisatrice ne cherche pas à contenter à tout prix les masses, de toute façon probablement guère intéressées par un film aussi doucement provocateur que celui-ci. La participation d’actrices reconnues (Annette Bening et Julianne Moore, toutes les deux magnifiques dans leur interprétation d’un couple de femmes qui s’aiment profondément, en dépit de l’usure du quotidien) et le choix d’un environnement social presque abusivement préservé ne doit pas faire oublier que le ton irrévérencieux de la narration célèbre sans la moindre inhibition un style de vie lesbien, avec tout ce que cela implique de signes d’affection explicites. Grâce à l’ironie redoutable du scénario, les séquences au potentiel vulgaire le plus élevé, qui tournent essentiellement autour d’un porno gay, préservent un naturel désarmant. La dimension humaine du film s’en trouve encore accrue, justement parce que les exploits sexuels de Nic et Jules reflètent sans gêne la difficulté de maintenir le désir et l’excitation sur un lapse de temps de plus de vingt ans.
En jouant à la fois sur les deux tableaux de la défense d’un carcan familial malgré tout classique et d’une relation homosexuelle dépeinte sans le moindre baratin complexé, Lisa Cholodenko nous offre le premier film américain grand public qui ne fait pas de l’amour entre deux hommes ou deux femmes tout un drame, mais qui ne se sent pas non plus obligé de le rendre suffisamment discret pour ne pas brusquer les mentalités les plus ignorantes. Comme tout grand film qui se respecte, sur la condition humaine dans ce qu’elle a de noble et de minable, Tout va bien The Kids are allright ne se permet pas de juger ses personnages. Il réussit plutôt à les rendre exemplaires par leur capacité de sortir plus sages des épreuves somme toute ordinaires auxquelles le scénario astucieux les soumet.

Vu le 19 août 2010, à la Salle UGC, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Cette année, le festival de Deauville a rendu hommage à une actrice qui s'est fait plutôt rare ces derniers temps, soit Annette Bening. Ce film-ci et Mother and child sont les deux films inédits et récents qui ont été proposés au public, lors de la rétrospective qui a eu lieu pendant tout le festival.

Ce film repose sur un couple de femmes lesbiennes (Annette Bening et Julianne Moore), qui ont eu deux enfants du même donneur de sperme, il y a dix-huit ans. Leur fille, qui est la plus âgée des enfants et majeure, contacte son véritable père et s'ensuivent des complications diverses. Au carrefour d'une comédie et d'un drame enjoué, ce film façonne une nouvelle vision de la famille monoparentale. Il permet surtout aux deux actrices principales d'interpréter des personnages forts et intéressants. Ce film traine certes par moments en longueur et les rebondissements ne sont pas tous très réussis. L'acteur principal, en passe d'interpréter le nouveau Hulk, donne ici vie à un restaurateur en quête d'une famille. Sa relation avec le personnage joué par Julianne Moore servirait en quelque sorte à rétablir le statut de la formule originelle d'une famille, en scindant cette famille non conforme à notre vision actuelle.

Ce film est surtout un film sur l'harmonie, sur l'amour de soi et de l'autre et surtout une preuve de plus que le cinéma actuel américain ne cesse jamais d'incorporer l'évolution de nos mœurs actuels.

Film à découvrir et qui, je l'espère, permettra à Annette Bening d'obtenir une nomination aux Oscars l’année prochaine.

Vu le 10 septembre 2010, au Morny, Salle 1, Deauville, en VO

Note de Mulder: