
Titre original: | Repo men |
Réalisateur: | Miguel Sapochnik |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 111 minutes |
Date: | 14 juillet 2010 |
Note: | |
Remy est le meilleur des Repo men, les agents de recouvrement au service de la puissante Union, qui est spécialisée dans la vente d'organes artificiels à des prix exorbitants. Sans états d'âme, il découpe les mauvais payeurs pour leur arracher des cœurs, des poumons, des reins, ou des foies mécaniques. Sa femme Carol l'implore de changer de département, afin d'exercer un emploi moins barbare. Remy est sur le point de céder à sa demande, lorsqu'il tombe victime d'un défibrillateur défectueux, pendant ce qui était censé être sa dernière mission. Seule la greffe d'un cœur artificiel lui sauve la vie. Emotionnellement incapable de reprendre son travail, Remy ne tarde pas à être pris lui-même en chasse par ses anciens collègues.
Critique de Tootpadu
Le trou béant du déficit de la sécurité sociale se creuse un peu plus en profondeur chaque année. L’espérance de vie augmente continuellement. Et le progrès dans le domaine médical est directement proportionnel à l’explosion des coûts. En gros, le scénario de ce film de science-fiction pourrait devenir une réalité affreuse, bien plus tôt que l’on ne le croit : dès le moment où le principe moral de l’accès aux soins pour tous disparaîtra au profit d’une conception plus mercantile et nihiliste de la médecine, qui verra dépendre l’intervention miraculeuse non plus de sa faisabilité, mais de l’épaisseur du chéquier du patient. Nous n’en sommes pas encore là, heureusement, mais les signes annonciateurs de cette dégringolade irréversible de la dignité humaine sont néanmoins perceptibles.
Dans le contexte d’une telle barbarie à venir, le rôle d’un film comme Repo men n’est visiblement pas de donner du réconfort. Son ton se démarque au contraire par une noirceur pessimiste, qui se manifeste à travers une représentation crue de la violence, notamment dans les opérations à cœur ouvert, sans le moindre bénéfice thérapeutique. Même la quête du protagoniste ne se distingue pas par ses motivations valeureuses. Remy ne s’insurge contre le système que parce qu’il sait pertinemment quel sort inévitable l’attend. Sa course contre la montre et contre le mécanisme parfaitement huilé – et de toute évidence socialement accepté – de la récupération des organes trouve son origine dans l’urgence, au lieu de proposer une alternative viable au cynisme qui caractérise la civilisation aux forts accents apocalyptiques dépeinte sans fioritures ici. Le moteur de son action désespérée n’est point l’altruisme, mais une façon tordue de vouloir se racheter de ses fautes passées.
Le fond philosophique du premier film du réalisateur Miguel Sapochnik est plutôt bien garni pour ce genre de film d’habitude outrageusement stylisé, mais souvent creux en dehors de sa forme clinquante. On pourrait même y déceler un commentaire à peine larvé sur la propension des Américains à contracter un crédit pour tout et pour rien, ce comportement économique irresponsable qui a au moins partiellement déclenché la crise persistante actuelle. Dommage alors, que l’ambition morale et l’énergie du style n’arrivent jamais entièrement à faire bon ménage. Au lieu d’être un digne successeur de Minority report de Steven Spielberg, dont il reprend entre autres la prémisse du roi des chasseurs qui devient la plus infâme des proies et une séquence d’intervention chirurgicale joliment absurde, Repo men s’apparente plutôt à Equilibrium de Kurt Wimmer, un autre film d’anticipation aux lacunes narratives trop apparentes pour nous permettre d’adhérer complètement à son message assez sommaire. Le retournement final fait ainsi au mieux l’effet d’un écho sans conséquences graves ici, tel un coup de chapeau forcé aux récits imbriqués qui nous agacent de plus en plus. Car même la mise en scène vigoureuse ne réussit pas à cacher à long terme l’absence d’un véritable projet scénaristique, au delà de la description sans concession d’un univers crépusculaire.
Vu le 22 juillet 2010, au Publicis Cinémas, Salle 1, en VO
Note de Tootpadu: