Alice au pays des merveilles

Alice au pays des merveilles
Titre original:Alice au pays des merveilles
Réalisateur:Tim Burton
Sortie:Cinéma
Durée:109 minutes
Date:24 mars 2010
Note:
A désormais dix-neuf ans, Alice Kingsleigh ne rêve guère plus du pays des merveilles, qui avait hanté les nuits de son enfance. Ce n'est pas pour autant qu'elle a abandonné son grain de folie que feu son père lui a transmis. Alors que sa mère aimerait tant qu'elle épouse un homme riche pour la mettre à l'abri des soucis matériels, Alice se plaît à imaginer des choses complètement impossibles. Invitée au château de la famille Ascot, où le jeune Hamisch souhaite annoncer ses fiançailles avec elle, Alice se dérobe à la dernière minute pour suivre un curieux lapin blanc. Celui-ci l'emmène jusqu'à un terrier, au bout duquel Alice se retrouve au pays des merveilles. Depuis son dernier passage, qu'elle a toujours considéré comme un rêve, la méchante Reine Rouge a pris le pouvoir. C'est alors à Alice d'affronter le monstre Jabberwocky, avec l'aide de ses amis d'antan, le Chapelier Fou, Bonnet Blanc et Blanc Bonnet, le Chat du Cheshire, et tous les autres.

Critique de Tootpadu

Fort de sa réputation d'auteur, établie grâce à une flopée d'oeuvres majeures à la fin du siècle passé, et de son prestige international, reflété entre autres par sa sélection comme président du jury du prochain festival de Cannes, le réalisateur Tim Burton était peut-être un choix un peu trop opportuniste pour une nouvelle adaptation par Disney du célèbre conte de Lewis Carroll. Après leur dernière collaboration tumultueuse sur Ed Wood, une nouvelle réunion entre la maison de production au cahier de charges à destination d'un public familial et l'enfant terrible de Hollywood, féru d'une esthétique sombre, avait à la fois de quoi nous inquiéter et nous laisser anticiper cette adaptation somptueuse, dotée de la technologie de projection en trois dimensions dernier cri. Le résultat est pour le moins décevant, tant cette Alice au pays des merveilles est un film sans âme, dont la palette de couleurs lugubres n'arrive même pas à répéter l'effet d'un plaisir enfantin que son pendant plus sucré, Charlie et la chocolaterie, avait su nous procurer.
Toujours aussi peu adroit dans l'orchestration d'un flux narratif qui ferait plus que gratter la surface des enjeux de l'intrigue, comme dans le cas présent la peur de grandir et d'assumer les responsabilités qu'une vie d'adulte impose, Tim Burton ne s'avère en plus guère virtuose, lorsqu'il s'agit d'explorer le pays imaginaire d'un point de vue esthétique. L'emploi du cinéma en relief retombe ainsi le plus souvent au stade de l'artifice superflu, qui s'évertue à nous obstruer la vue, au lieu de nous en mettre plein les yeux et de créer une réalité parallèle aussi enivrante que la planète Pandora imaginée par James Cameron. Non seulement l'aspect technique de ce film laisse parfois sérieusement à désirer, notamment dans les mouvements saccadés de Stayne et de la plupart des animaux, mais en plus la laideur plastique de l'ensemble ne paraît pas poursuivre une ambition plus élevée que d'être juste désagréable à l'oeil. Il ne reste en effet pratiquement rien de la poésie subversive, qui avait rendu les premiers films de Tim Burton aussi irrésistibles.
La vacuité écrasante de ce film a apparemment comme seul objectif de montrer que le virtuose d'antan est désormais plus sensible à l'appel de l'argent et d'un divertissement entièrement aseptisé, que lorsqu'il osait tourner encore un hymne sublime au plus grand tâcheron du cinéma. A force de tourner des films froids, qui ne sont ni féeriques, ni cauchemardesques, Tim Burton risque bien de finir comme Ed Wood : convaincu de sa propre pertinence, mais déjà arrivé au bout du rouleau de son vocabulaire filmique. Si ce n'était pour le zeste d'esprit dérisoire qu'apporte le jeu de Johnny Depp, le plus gros succès commercial de Tim Burton outre-Atlantique n'aurait eu strictement aucun impact sur nous, ni en bien, ni en mal. Cela est évidemment la marque de fabrique des soi-disant divertissements familiaux estampillés Disney. De la part d'un visionnaire vieillissant comme Tim Burton, on s'attendait toutefois à mieux, même au bout d'une décennie dont les six films n'avaient déjà plus rien à voir avec les quelques coups de maître des années 1980 et '90.

Vu le 11 mai 2010, à l'UGC Ciné Cité Bercy, Salle 33, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Après le chef-d'œuvre de James Cameron Avatar, celui de Martin Scorsese Shutter Island, voici venu celui du réalisateur hors du commun Tim Burton : Alice au pays des merveilles.

Avatar a ouvert la voie au cinéma de l'aventure, en misant sur l'interconnexion entre le film projeté, les spectateurs, sur l'association 3D et Imax. Alice au pays des merveilles suit ses traces et nous invite non seulement à assister à un pur chef-d'œuvre du 7ème art, mais surtout à rentrer dans un univers construit de toutes pièces par Tim Burton. Ce dernier nous permet de retrouver notre innocence et notre enfance. Nous ne sommes pratiquement plus nous-mêmes, si nous oublions notre enfance. Comme James Cameron l’a fait pour Pandora, Tim Burton a élaboré son pays des merveilles. Un monde où les chapeliers sont fous (éblouissant Johnny Depp), et la chenille dotée de la même sagesse que Yoda, où les lapins parlent et sont soit en retard, soit complètement ravagés du ciboulot. Dans ce monde, où la reine de cœur fait régner la terreur, Alice, avec l'aide du chapelier fou et de ses amis, va sauver ce monde et affronter un puissant dragon. La force de ce film vient qu'en puisant sur les deux ouvrages narrant les déboires d’Alice, Tim Burton a su y mettre l'univers manichéen des contes de fées, en nous apportant le grain de folie qui le caractérise. Le film en IMAX et surtout en 3D est un pur enchantement et comme Alice, nous sommes littéralement envoûtés. Ce film, à l'imagination infinie, mérite différentes lectures pour saisir toute la minutie apportée à la création d'un univers magique à en perdre la tête.

Les moments dans lesquels intervient le lièvre fou toujours en retard et celui de mars sont de purs moments de cinéma, cultissimes. Ce film est un enchantement et surtout un hymne à la femme. Que Tim Burton fait de son épouse Helena Bonham Carter la reine de cœur n'est pas un pur hasard, car il en fait tout le contraire de ce qu'elle est réellement dans sa vie, soit sa muse. L'inspiration qu'elle apporte à Tim Burton lui permet de se dépasser dans son travail et rend encore plus brillante sa réalisation. Mia Wasikowska, qui interprète Alice, montre la vision que Tim Burton défend de la femme, caractérisée par une indépendance, des valeurs morales bien ancrées et une force de caractère.

Nous sentons bien que le réalisateur a pu s'entourer de personnes qui le comprennent, savent apprécier son génie et surtout ont pu nous livrer un film à différents degrés de lecture. Il s'adresse aussi bien aux enfants (monde magique) qu'aux adultes (monde de la réalité morne) et demande à ces derniers de rechercher en leur for intérieur les bribes de leur enfance, innocence perdue.

Ce film s'accompagne d'une bande originale envoûtante de Danny Elfman, prolongée par un excellent album permettant à des groupes pop de donner leur vision de ce monde. La chanson de Avril Lavigne qui clôt le film en est la parfaite démonstration.

Tim Burton, de film en film, s'impose comme l'un des plus brillants réalisateurs de notre siècle. Certains de ses films sont à moitié réussis (La Planète des singes) ou s'imposent comme des réussites totales (Batman le défi, , Edward aux mains d’argent, Mars Attacks !). A force de creuser dans son inconscient, nous savions qu'il allait nous présenter tôt ou tard le film intemporel et culte. C’est enfin chose faite avec Alice au pays des merveilles. Ce film est à ce jour non seulement son plus gros succès, devant Batman, mais aussi un succès critique, hormis pour quelques récalcitrants.

Après l'avoir vu, nous n'avons qu'une idée : le revoir encore et encore. L'avenir du cinéma est entre les mains de réalisateurs comme Tim Burton et James Cameron, de purs visionnaires.

Alice au pays des merveilles est le film à découvrir impérativement en format IMAX, sous peine de ne pas pouvoir l’apprécier totalement.

Vu le 24 mars 2010, au Gaumont Disney Village, Salle 11, en VF

Note de Mulder: