
Titre original: | World is big (The) |
Réalisateur: | Stephan Komandarev |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 110 minutes |
Date: | 09 juin 2010 |
Note: | |
Résidant en Allemagne depuis de nombreuses années, Alex est devenu amnésique suite à un grave accident de voiture, qui a coûté la vie à ses parents. Son grand-père Dan, le roi du backgammon dans le petit village bulgare d'où Alex est originaire, se rend alors au chevet de son petit fils pour l'aider à retrouver la mémoire. Grâce aux parties de jeu contre Dan et à un voyage en tandem dans le sens inverse de la fuite de ses parents au milieu des années 1980, Alex retrouve petit à petit les souvenirs de sa vie antérieure, qui peuvent être une source de joie ou de chagrin.
Critique de Tootpadu
Pour désigner son représentant dans la course à l'Oscar du Meilleur Film étranger, la Bulgarie, un pays pas vraiment notoire pour sa production filmique débordante en termes de qualité et de quantité, aurait en théorie eu le choix cette année entre le drame sans concessions Eastern plays - si exigeant qu'il n'a même pas encore trouvé de distributeur dans son pays d'origine - et ce film-ci, sensiblement plus consensuel. The World is big est le porteur exemplaire de tous les ingrédients susceptibles de subjuguer un public en quête de sentiments tout faits et d'une esthétique basée sur l'emphase, de rigueur pour évoquer les grands conflits de l'Histoire, en l'occurence ici les effets néfastes des dictatures socialistes pendant la Guerre froide. Le plébiscite du film de Stephan Komandarev, au détriment de celui de Kamen Kalev, s'est même soldé par une présélection parmi les neuf finalistes, qui n'a malgré tout pas débouché sur une nomination à l'Oscar. Toujours est-il que ce film correspond parfaitement à la recette d'un lauréat de festivals et d'autres récompenses, tant son propos ne cherche à offusquer personne. Le voyage mouvementé à travers l'Europe sur lequel son récit symétrique s'appuie est en effet le cas typique d'une production au goût de l'euro-pudding, tout juste assez savoureuse pour ne pas nous laisser entièrement indifférents.
Nous serions presque tentés de saluer la retenue toute relative avec laquelle le réalisateur Stephan Komandarev développe son histoire, si ce n'était pour la surcharge formelle atroce qui accompagne la prise de conscience finale d'Alex. L'intrusion avec fracas des ralentis et des retours en arrière rembobinés en guise de conclusion dénote dans le contexte d'une narration qui, jusque là, avait poursuivi sagement la mise en parallèle entre le passé et le présent. Le va-et-vient répétitif entre la convalescence d'Alex et le projet d'émigration clandestine de ses parents fournit effectivement le seul repère palpable au rythme d'une histoire sans entrain propre. A force de nous arracher d'un cadre temporel pour nous propulser dans l'autre, la narration plutôt approximative ne favorise nullement l'identification avec les personnages et leurs préoccupations à travers les générations.
Au lieu de créer en filigrane un aperçu révélateur sur l'évolution de la perception de l'espace européen, d'un point de vue géographique et culturel, le scénario repose trop largement sur des poncifs et des symboles sans élégance pour transmettre son message guère révolutionnaire. C'est donc au mieux la vague impression d'une solidité sans points d'attache qu'il nous inspire, renforcée encore par le jeu toujours aussi fiable, mais peu surprenant, de Miki Manojlovic dans le rôle du grand-père fédérateur.
Vu le 12 avril 2010, à la Salle Pathé Lincoln, en VO
Note de Tootpadu: