Summer wars

Summer wars
Titre original:Summer wars
Réalisateur:Mamoru Hosoda
Sortie:Cinéma
Durée:114 minutes
Date:09 juin 2010
Note:
Dans un futur proche, l'ensemble des activités humaines s'épanouit sur la plateforme virtuelle Oz. Dans le monde d'Oz, chaque internaute dispose d'un avatar personnalisé, à travers lequel il peut s'adonner à un grand nombre de tâches récréatives, administratives, et commerciales. Le lycéen Kenji Koiso effectue pendant les vacances d'été quelques travaux de maintenance sur le réseau d'Oz. Mais Natsuki Shinohara, la fille de ses rêves, lui propose un emploi bien plus alléchant : l'accompagner à la campagne pour l'assister dans les préparatifs pour le 90ème anniversaire de son arrière-grand-mère.

Critique de Tootpadu

La réalité virtuelle prend le dessus sur celle éprouvée depuis des siècles, à une vitesse que le cinéma a beaucoup de mal à relayer en temps réel. Alors que certains aspects du tout informatique ne sont pas forcément propices à une transposition filmique, la perception faussée du monde qui nous entoure a trouvé d'autres moyens pour envahir nos écrans, comme l'immersion dans des univers créés à partir d'un ordinateur, grâce au cinéma en relief investi actuellement d'un potentiel économique incomparable. Dans le fond cependant, le bouleversement social qui est en train de s'opérer simultanément aux avancées techniques a rencontré au mieux un relais dans des films aussi laborieux que 8th wonderland : théoriquement ambitieux dans la nouvelle définition des rapports humains, mais manifestement insuffisants d'un point de vue formel. Le cinéma d'animation, depuis toujours et par essence tributaire d'une représentation détournée de la réalité, semblait alors prédestiné à se pencher sur cette grande question existentielle que l'humanité se pose à l'aube de l'ère virtuelle, que nous vivons tous actuellement.
Le réalisateur japonais Mamoru Hosoda a relevé le défi haut la main, en nous concoctant un conte magnifique, qui tient à la fois compte des conséquences d'un investissement hâtif dans le virtuel et de tout ce qui rendait le monde vivable, avant même qu'il n'y ait eu d'ordinateur. A travers un récit vif et surprenant, qui ne s'attarde jamais longuement sur une des nombreuses pistes de réflexion qu'il nous propose, il dresse la carte de deux mondes parallèles, qui ne sont nullement condamnés à de la méfiance l'un envers l'autre. Cette dualité, entre le monde réel et le virtuel bien sûr, mais à plus forte raison encore entre les générations, les hommes et les femmes, les différents milieux sociaux et, comme dans tout bon antagonisme classique, entre les bons et les méchants, elle s'articule à travers une fluctuation entre deux vases communicants, qui est le signe indubitable d'une narration intelligente et lucide. Au risque de recourir à un cliché un peu sommaire, nous dirions que ce film d'animation est à l'image de la vie elle-même, c'est-à-dire imprévisible et constamment sur le qui-vive, dépourvu de certitudes établies par paresse intellectuelle, et obligé de s'adapter parfois à une allure vertigineuse aux changements de la donne vitale. En effet, la narration ne rechigne pas devant des alternances de rythme assez impressionnantes, qui sont accompagnées le plus souvent par un balancement entre les genres du film catastrophe le plus haletant et le moins grandiloquent possible, et du drame familial marqué par une authenticité et une effusion de solidarité sous la menace de l'extermination, qui n'ont à aucun moment recours au chantage sentimental.
En somme, Summer wars, sous ses airs de jeu virtuel sophistiqué, nous conte une formidable aventure humaine. Il parcourt avec une virtuosité narrative notable une multitude de thèmes (l'importance de la cohésion familiale, du respect des traditions et des anciens, ainsi que la nature toujours changeante des choses et le besoin de savoir improviser pour s'adapter à un statu quo en éternelle évolution), qui lui confère une richesse de fond, dont l'accessibilité et la valeur universelle sont tout simplement irrésistibles. Avec quelques affrontements visuellement impressionnants en prime, sans que l'esthétique globale du film ne privilégie pour autant une expression trop précieusement poétique, nous tenons là un des animes les plus enthousiasmants de ces dernières années !

Vu le 9 avril 2010, au Club Marbeuf, en VO

Note de Tootpadu: