
Titre original: | Légion L'Armée des anges |
Réalisateur: | Scott Stewart |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 100 minutes |
Date: | 24 mars 2010 |
Note: | |
A la station-service Paradise Falls, perdue au milieu de nulle part dans le désert, Jeep Hansen, le fils du propriétaire, veille avec un dévouement indéfectible sur la serveuse Charlie, enceinte de huit mois. La jeune femme ne lui rend pas son affection et le bébé n'est pas de lui, mais Jeep est convaincu qu'il est investi d'une mission sacrée pour la protéger. Un jour, une vieille dame se transforme sous les yeux hébétés du personnel et des autres clients, une famille tombée en panne et un père en instance de divorce, en une bête sanguinaire qui n'est pas de ce monde. L'heure du jugement dernier est arrivée. Jeep et ses proches ne peuvent alors compter que sur le mystérieux Michael pour les sauver.
Critique de Tootpadu
Pendant un bref instant, il paraît que la situation de départ classique de l'endroit isolé, assiégé par une horde de zombies ou d'autres créatures dégénérées, puisse sauver ce cauchemar filmique, bêtement messianique. Après la première impression catastrophique de l'arrivée risible de Michael sur Terre, le niveau de Légion L'Armée des anges augmente en effet suffisamment pour nous donner l'espoir de voir au moins un film de genre solide. L'équilibre crucial entre la frénésie des attaques et les périodes de calme entre les tempêtes est même respecté de façon acceptable pendant la première partie du film.
Ce qui suit est par contre infiniment plus débile et insultant envers notre intelligence et notre goût de cinéma. Pas assez des effusions interminables de sentiments entre les survivants de moins en moins nombreux, qui paralysent au fur et à mesure le rythme du film, il nous est carrément demandé de gober une prémisse absurde sans la moindre justification. Le symbole de l'enfant qui représente l'avenir de l'humanité toute entière est un ressort récurrent du genre, depuis Terminator de James Cameron jusqu'aux Fils de l'homme de Alfonso Cuaron. Ici, les scénaristes emploient cependant cette figure, sans daigner nous expliquer en quoi l'enfant de Charlie est si exceptionnel et digne d'être sauvé du fléau improbable des anges meurtriers. Du coup, le déroulement prévisible de l'intrigue se base sur une vacuité de sens, que le bagage idéologique douteux du film compense difficilement.
En effet, entre un racisme larvé qui dispose en priorité des personnages afro-américains et la profession primaire d'un christianisme caricatural, ce film navrant véhicule sans conviction des valeurs, qui auraient mérité un traitement largement plus approfondi. Inutile donc d'attendre la conclusion très bancale avec le départ vers la terre promise - un mythe américain qui sied par ailleurs bien au ton sans finesse du film -, pour se rendre compte que Légion L'Armée des anges n'est qu'un produit commercial idiot. Le seul enjeu y est de savoir si la mise en scène de Scott Stewart, un ancien créateur d'effets spéciaux, est en mesure de dépasser le crétinisme absolu du scénario. On serait tenté d'envisager un match nul. En dépit de défauts majeurs, le style du film a au moins la sagesse de rester à l'écart de tics formels qui plombent les films de genre de tâcherons encore plus pitoyables que Scott Stewart.
Vu le 4 mars 2010, au Club Marbeuf, en VO
Note de Tootpadu: