Fils de l'homme (Les)

Fils de l'homme (Les)
Titre original:Fils de l'homme (Les)
Réalisateur:Alfonso Cuaron
Sortie:Cinéma
Durée:110 minutes
Date:18 octobre 2006
Note:
En novembre 2027, Baby Diego, à 20 ans la personne la plus jeune sur terre, meurt après une aggression par ses fans. Depuis vingt ans, l'humanité est en effet frappé par une stérilité absolue qui menera à l'extinction inéluctable de l'espèce. Tous les pays ont plus ou moins abdiqués face à cet avenir funeste, à l'exception du Royaume-Uni qui garde férocement ses côtes et qui procède à l'expulsion massive des immigrés clandestins. Theodore Faron s'est plus ou moins arrangé avec cette situation chaotique. Il ne fait point de zèle au bureau et se réfugie de temps en temps à la campagne chez son vieil ami Jasper. Un jour, il est enlevé par le groupe révolutionnaire "Les Poissons", dont la chef n'est autre que Julian, son ancienne copine de ses jours d'activiste révolus. Elle l'implore de faire passer une jeune femme à la côte pour rejoindre le bateau du "Projet Humanité".

Critique de Tootpadu

Et si un jour la chaîne de la vie s'arrêtait brusquement ... Si la préoccupation majeure de l'humanité n'était plus le réchauffement climatique, la prospérité et la lutte contre la faim, ou le maintien d'une paix précaire, mais tout simplement la survie de l'espèce ? L'idée est tellement énorme et inquiétante, mais pas tout à fait inimaginable, que ce film d'anticipation intense insiste fortement pour faire assimiler au spectateur cette donne existentielle inhabituelle. La plongée dans ce monde déréglé et déprimant deviendra alors profondément perturbante, si vous vous prenez au jeu de l'humanité condamné à disparaître. A la limite, le concept est tellement exploité jusque dans ses derniers retranchements qu'il appose son sceaux avec un peu trop de détermination sur l'ensemble du film.
Car à la base, Les Fils de l'homme est une chasse à l'homme haletante, associée au parcours d'un héros qui passe de l'indifférence à l'acharnement inconditionnel. Tous les détails, qui créent avec une minutie admirable un monde peut-être plus si loin du nôtre, participent ainsi à rendre la quête improbable de Theo plus crédible. Cette course contre la montre, qui se déchaîne dès que le décor apocalyptique est campé, surprend alors par son manque de pathos et le rapport particulier qu'elle entretient avec la banalité. Peut-être est-ce la mise en scène sans écart notable d'Alfonso Cuaron, ou bien le scénario qui dispose sans sourciller de quelques personnages clefs en cours de route, mais toujours est-il que le récit fait preuve d'une économie de moyens et d'une sobriété de ton enthousiasmants. Justement en se privant de toute jubilation ou de toute pause de recueillement durable, dans un univers qui incite pourtant fortement à l'apitoyement et au désespoir, le film avance à grands pas puissants. L'attitude désormais dégrisée et progressiste de Theo entretient en plus un rapport intéressant avec la nature pessimiste de son cheminement à travers les cadavres qui s'accumulent et la misère omniprésente.
Notre bonheur cinématographique serait donc complet face à ce conte sombre et sobre, si ce n'était pour la lueur d'espoir passagère et malheureusement régulière qui illumine le récit. Si nous sommes prêts à pardonner quelques facilités scénaristiques, qui contribuent cependant à l'aspect faussement banal du film, la note positive sur laquelle il se termine est déjà moins satisfaisante. Laisser planer le doute sur le bien-fondé de la course désespérée de Theo et de Kee aurait été un dénouement plus harmonieuse en vue de l'approche pessimiste, voire nihiliste, du reste du film.

Vu le 21 septembre 2006, à la Salle UIP, en VO

Note de Tootpadu: