Jennifer's body

Jennifer's body
Titre original:Jennifer's body
Réalisateur:Karyn Kusama
Sortie:Cinéma
Durée:102 minutes
Date:21 octobre 2009
Note:
Anita Lesnicki et Jennifer Check sont les meilleures amies du monde depuis leur plus tendre enfance. Désormais au lycée, Anita sort sagement avec Chip, tandis que Jennifer se sert de son corps de rêve pour séduire tous les hommes éligibles de la petite ville de Devil's Kettle. Un soir, les deux copines vont au bar local pour écouter le groupe Low Shoulder. Jennifer ambitionne de coucher avec le chanteur Nikolai. Mais un incendie éclate pendant le concert et Jennifer et Anita arrivent tout juste à échapper aux flammes. Pendant qu'Anita est encore sous le choc, Jennifer se laisse embarquer dans le camion du groupe. A son retour de cette virée sulfureuse, elle a profondément changé et son appétit des garçons a pris une tournure plus sanguinaire.

Critique de Tootpadu

Il n'y a pas grand-chose à sauver dans ce croisement bancal entre The Faculty de Robert Rodriguez et Twilight Chapitre 1 Fascination de Catherine Hardwicke. Le seul aspect vaguement positif en est le point de vue que le scénario adopte presque sans discontinuer, à savoir celui d'Anita, le souffre-douleur moralement tiraillé de la pulpeuse et très fade Jennifer. Malgré un récit cadre inutilement alambiqué, la narration par ce personnage faussement secondaire permet d'apporter un regard légèrement décalé sur les agissements ennuyeux, car invariablement prévisibles, de sa copine sangsue.
La tentative principale de la scénariste Diablo Cody, d'insuffler ici le même esprit d'immaturité prétendument féminine que dans Juno de Jason Reitman, tombe par contre misérablement à plat. Le ton du film s'en ressent péniblement. Aucun thème en rapport avec l'adolescence - une période de la vie apparemment très chère à la scénariste, au point de constituer peut-être son fond de commerce exclusif - n'y trouve ainsi un traitement convaincant. Au fil d'un flot de répliques de plus en plus risibles et de revirements tout à fait maladroits et nullement innovants, l'intrigue s'essaie alors sans grand succès aux standards fatigués du genre, comme le premier rapport sexuel, les premières règles, ou bien la rivalité entre filles. Sans grande surprise, le côté fantastique de l'histoire sert au mieux comme prétexte paresseux pour exacerber encore un peu plus les ambiguïtés potentielles du conflit entre Jennifer et Anita, qui se voit forcément affublée du surnom Needy, aux connotations aussi subtiles qu'un cerf, qui mange les entrailles de la deuxième victime.
Mais le scénario n'est pas le seul à nous agacer par sa lourdeur et son manque d'esprit. La mise en scène de Karyn Kusama n'est pas en reste. Les effets de narration clinquants, comme les montages parallèles à la charge symbolique écrasante, ou la multiplication des artifices visuels entièrement gratuits, tel ce plan copié chez Brian De Palma, où Anita écoute la conversation des membres du groupe sur leurs desseins par rapport à Jennifer, nous sortent régulièrement d'une intrigue, qui a déjà le plus grand mal à rester un minimum cohérent sans ces intrusions grandiloquentes.
Enfin, pour revenir à la seule bonne surprise de Jennifer's body, Amanda Seyfried tire tant soit peu son épingle du jeu. Son personnage, indécis entre l'horreur face aux actes longtemps soupçonnés de son amie et la loyauté envers elle, est le seul avec un minimum de profondeur. Tout le contraire est vrai pour sa copine opportuniste Jennifer, jouée d'une façon complètement livide et sans le moindre intérêt par une Megan Fox, qui ne plaira qu'à ceux qui aiment les objets de leurs fantasmes aussi insipides et décervelés qu'une Barbie brune.

Vu le 28 septembre 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Tootpadu:

Critique de Mulder

Jennifer's body est le film que les spectateurs viendront voir pour le vrai premier rôle de Megan Fox, que l'on cantonnait pour le moment aux rôles de belle potiche, dans Transformers et sa suite, et grâce auquel ils repartiront avec le nom de Diablo Cody. Rien ne pouvait me préparer à un tel choc ! Je m'attendais tout juste à un film d'horreur dans la tradition de ceux avec lesquels New Line nous inondait dans les années 1990. Mais il faut bien reconnaître que ce film est la consécration de Diablo Cody, comme l'une des plus grandes scénaristes américaines !

J'ai ressenti la même osmose entre la réalisatrice Karyn Kusama (Girlfight et malheureusement Aeon Flux) et la scénariste. Cette osmose semble être identique entre les personnages de Needy et Jennifer, soit deux amies inséparables, qui vont dévoir s'affronter suite au changement de la dernière en succube.

Ce film prend son temps pour nous présenter ces deux personnages, leur monde, et leur classe. Puis, cette chronique se mue en film d'horreur, mais tout en gardant des dialogues ironiques sur notre culture musicale et cinématographique. La scénariste nous transmet ainsi à plusieurs reprises sa passion pour l'univers des comics - impossible de ne pas penser aux X-Men à travers différentes scènes - et se montre irrévérencieuse envers Hannah Montana et le Rocky horror picture show, qui n'est en rien un film de boxe!. De la même manière, Diablo Cody rend hommage aux classiques du genre, tel que Halloween (sa manière d'utiliser les portes et les plans d'une ville désertique) et bien entendu L'Exorciste (le sang gicle bien).

La réalisatrice et la scénariste nous livrent donc un film, qui utilise toutes les règles propres aux films d'horreur, mais qui sait les exploser une par une, pour nous livrer un résultat qui depasse le simple exercice de style.

Un atout important de ce film est l'utilisation des morceaux inédits, qui illustrent parfaitement certaines scènes. Theodore Shapiro et Stephen Barton, sous l'égide de Cody Banks, sont allé puiser parmi les groupes de rock indépendants de brillants morceaux. On retiendra ainsi les groupes comme Florence & The Machine et Cut id what we aim for.

Nous pourrons ainsi voir à travers ce film le passage de deux adolescentes à l'âge adulte. Le sang qui coule à plusieurs reprises est comparé aux premières règles. L'une, imprégnée par le mal perdra son innocence, l'autre deviendra une femme forte et, par ses pouvoirs acquis, pourra être comparée à Malicia des X-Men (voir son évasion de la prison). La réalisatrice gagne le pari de faire de Megan Fox une véritable actrice et permet à Amanda Seyfried de confirmer tout le bien que je pensais d'elle depuis Mama mia.

Si Jennifer's body était sorti en février, il aurait sans doute été sélectionné au Festival du cinéma fantastique de Gérardmer et aurait gagné sans aucun doute le Grand prix. Un tel film mérite les applaudissements des spectateurs pour ses nombreuses qualités (mise en scène, effets spéciaux, casting, et scénario).

J'attends avec impatience que cette réalisatrice et cette scénariste retravaillent ensemble pour nous livrer soit une suite à ce film, soit une nouvelle histoire.

Vu le 15 septembre 2009, au Club de l'Etoile, en VO

Note de Mulder: