Je suis heureux que ma mère soit vivante

Titre original: | Je suis heureux que ma mère soit vivante |
Réalisateur: | Claude Miller, Nathan Miller |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 90 minutes |
Date: | 30 septembre 2009 |
Note: | |
A l'âge de cinq ans, Thomas a été abandonné avec son petit frère Patrick par sa mère Julie Martino, qui se sentait incapable d'élever correctement ses enfants. Les deux garçons ont été adoptés par le couple Jouvet. Dès le début de l'adolescence, Thomas devient irascible et se met à la recherche de sa mère biologique. Grâce à l'aide officieuse d'une fonctionnaire du bureau des origines, il la retrouve, mais n'ose pas la confronter. Une fois adulte, il retourne la voir, elle et son troisième fils.
Critique de Tootpadu
La première et la dernière partie de ce drame familial, que Claude Miller a réalisé avec son fils Nathan, ne sont pas à la hauteur de l'acte central. L'introduction dans la vie de Thomas se fait en effet d'une façon tellement ennuyeuse, avec des allers et des retours anémiques entre l'enfance et l'adolescence, que nous perdons tout espoir pour la suite. De même, la conclusion, après l'acte barbare qui traduit avant tout une impuissance incommensurable de la part de Thomas face à sa biographie rapiécée, n'arrive pas tout à fait à maintenir la tension dramatique, qui s'était accumulée jusque là.
L'intérêt que nous portons au destin de cet enfant traumatisé toute sa vie par l'abandon de sa mère, fait un bond considérable dès l'apparition définitive de l'acteur Vincent Rottiers dans l'intrigue.
Ce n'est pas que ses deux prédécesseurs dans le rôle principal étaient moins crédibles que lui. Mais la structure narrative vainement alambiquée du début laissait apparaître la rage de Thomas comme une névrose triviale. Dès le passage du relais, entre Rottiers et l'acteur de la période adolescente, qui se ressemblent par ailleurs d'une manière tout à fait bluffante, le récit gagne en vigueur et en authenticité.
La colère du fils rejeté s'est muée entre-temps en une curiosité un brin perfide. Le malaise qui naît de la première rencontre entre Julie et son fils adulte ne se dissipe jamais par la suite. Ni Thomas, ni sa mère ne paraissent savoir comment gérer cette situation délicate. Le protagoniste s'introduit dans la vie de sa mère biologique, sans que l'on sache si c'est pour se venger ou pour éviter à son jeune frère une répétition de son propre sort triste. La tension qui résulte de cette incertitude permanente, soutenue par une attitude plus conciliante de Thomas dans le cadre de sa famille adoptive, s'évapore hélas largement à la fin. Le lien qui unit le fils et sa mère malgré eux ne s'est pas rompu par l'acte criminel, mais il ne s'est nullement clarifié non plus.
Bien que Vincent Rottiers, déjà remarquable dans Le Passager d'Eric Caravaca, tienne la majorité du poids du film sur ses jeunes épaules, il est admirablement assisté par l'interprétation pas moins inquiétante de Sophie Cattani dans le rôle de la mère. Son jeu absorbe la rage du fils dans une sorte d'indifférence totale, qui laisse supposer des tourments émotionnels profondément enfouis.
Vu le 14 septembre 2009, au Metro
Note de Tootpadu: