
Titre original: | Passager (Le) |
Réalisateur: | Eric Caravaca |
Sortie: | Cinéma |
Durée: | 80 minutes |
Date: | 22 mars 2006 |
Note: | |
A la mort de son frère aîné Richard, Thomas retourne dans la ville de son enfance, au sud de la France. Alors qu'il a refait sa vie à Paris, Thomas ne sait pas comment clôturer cette page familiale qui comporte des souvenirs douloureux. Il s'installe alors à l'hôtel de l'ancienne copine de Richard, Jeanne, qui ignore le décès de l'amour de sa vie qu'elle n'a pas vu depuis des années. Thomas ne lui révèle pas non plus sa véritable identité, mais il reste quelques jours au cours desquels il devient l'ami de Lucas, le jeune filleul de Jeanne.
Critique de Tootpadu
Eric Caravaca nous avait subjugués avec son premier grand rôle au cinéma dans C'est quoi la vie ? de François Dupeyron, film pour lequel il avait justement obtenu le César du Meilleur espoir masculin. Depuis, nous suivons avec un certain intérêt la carrière de cet acteur qui alterne avec plus ou moins de bonheur les comédies et les drames. Son premier film en tant que réalisateur, il le commence très fort avec le gros plan fascinant sur le visage du protagoniste, apparemment agacé par le cri strident d'un bébé. Des coups d'éclat formels qui associent la poésie à une émotion plus viscérale, son film en est parsemé. Dans cette optique, nous pourrions également citer le défilement nocturne des voitures sur l'autoroute ou bien la capacité séduisante de filmer des décors balnéaires abandonnés d'un oeil neuf. L'aspect visuel du film réussit en effet à rendre la côté méditerranéenne morne et triste, au point de se croire au bord de la Manche, au lieu d'être dans le sud habituellement ensoleillé.
L'histoire du film profite évidemment de la grisaille ambiante, mais elle ne se laisse pas écraser par elle pour autant. Sa faiblesse relative se trouve plutôt dans un manque d'action et dans l'opacité du personnage principal, un individu aux actes parfois incompréhensibles qui sont trop chargés par le passé. En fait, la représentation de l'enfance de Thomas est sans doute la partie la moins réussie du film, tellement ces retours en arrière mentaux dénotent désagréablement dans le flux narratif de l'ensemble.
Être soi-même acteur ne signifie pas forcément de savoir diriger les acteurs. Heureusement, Eric Caravaca réussit de tirer le meilleur de ses comédiens, malgré un effacement presque préjudiciable de son propre personnage. La fragilité de Julie Depardieu, le charme irrésistible et rayonnant de Nathalie Richard sur scène, ainsi que la sagesse de Maurice Garrel et la fougue du jeune Vincent Rottiers font ainsi amplement oublier des soucis mineurs dans le rythme d'un premier film prometteur, quoique pas tout à fait abouti.
Vu le 13 mars 2006, au Club Marbeuf
Note de Tootpadu: